X Y (2/5)

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M.Y : Ce que tu dis là, on appelle ça de l’intimidation. Tu exhibes ton CV pour me désorienter et me faire perdre mes arguments. Ma devise est simple et tu la connais : Meunier et fier. J’en suis fier parce que je suis intelligent. Au cas contraire, je n’aurais jamais su comment t’avoir dans ma chambre comme épouse. Je suis aussi courageux car j’ai eu la force de tenter ma chance en te faisant une drague que n’aurait jamais pu faire un jeune homme aussi intellectuel qu’il fût en ce temps-là. Je défie quiconque. Je t’ai courtisée de la plus belle des manières dans ma meunerie.

Mme X : On appelle ça de l’estime de soi et de l’orgueil. Qui te dit que personne ne m’avait servi une meilleure drague que toi ? Toi qui étais décoré de farine de maïs jusqu’à la tête ?

M.Y : Et pourtant tu as pu kiffer. Personne ne t’aurait courtisée comme moi ! Je le réaffirme. J’étais beau et très galant même en tant que meunier.

Mme X : Heureusement que tu as mis le verbe à l’imparfait, tu étais, tu ne l’es plus.

M.Y : On appelle ça de l’attaque à ma personne. Tu m’injuries pour m’affaiblir mais je suis assez intelligent. Et tu sais très bien que si je ne t’avais rapidement pas doté et volé en accordailles avec toi, tu serais encore là à tourner autour de ma meunerie en train de chercher un potentiel prétendant que tu ne trouverais guère. Je suis le libérateur et le christ de ton cœur : tu devrais me louer avec des cantiques d’action de grâce chaque matin au lever et chaque soir au coucher. Ce serait une bonne prière de ta part. Mais je t’en épargne parce que je connais la miséricorde. Tu n’as pas besoin de me dire merci.

Mme X : Tu sais ? Chacun de nous a ses forces et ses temps forts. Ce matin, tu as la bouche très inspirée et semblable à l’arrière d’une poule. Tu en profites pour me bombarder de tes horreurs tout juste parce que la nuit d’hier, mon corps ne s’est pas porté favorable à tes désirs quotidiens. Demain ce sera peut-être mon tour. Non, ce soir est tout proche, ce sera sûrement mon tour d’être inspirée. Tu vas beaucoup ramper, je t’avertis.

M.Y : On appelle ça de la fuite du contexte de débat. Tu fuis le débat et c’est un hors-sujet, madame l’élite.

Mme X : Ton inspiration me séduit toujours. Mais tu dois peut-être te rendre à l’évidence que je suis le pilier de ce foyer. L’électricité, c’est moi ! L’eau, c’est moi ! La nourriture, c’est moi ! Les fournitures et les besoins des enfants, c’est encore moi ! Tu as été capable de me courtiser jusqu’à me marier mais tu n’as jamais été capable de me nourrir, de te nourrir ni de nourrir tes trois enfants. Tu n’as fait que ramener de ton pauvre boulot de la farine de maïs volée dans les kilogrammes des clients. Tu pèches et tu nous as fait longtemps participer à ton péché de vol.

M.Y : Et maintenant je désire corriger mes torts et me repentir de tous ces péchés en te libérant. Tu peux sortir de ma maison parce que tu ne m’as apporté aucun grain de bonheur dans ma vie de mari. Je ne veux plus vous faire participer à mes péchés, ni toi, ni tes enfants. Sortez !

Mme X : Tu mourras de faim et de manque de plaisir. Tu es un frère en humanité et Dieu nous demande de nous aimer les uns et les autres. Pour cet amour, nous resterons ici pour te nourrir.

M.Y : Quelle nourriture, bon sang ?! Avec de l’eau chaude sucrée et coloriée chaque matin, du riz trop compact après la cuisson et inondé de sauce manche longue à midi, de la pâte avec de grosses boules le soir, c’est cela que tu appelles nourriture ? Non c’est pour ce mensonge que j’exige encore ta sortie de cette maison sans préavis….

A suivre.

Fabrony Bill YOCLOUNON

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