C’est la première fois que je décide de lire un ouvrage en commençant par la fin. Ma lecture a été en décrescendo et j’accuse Carmen Toudonou pour me dédouaner car ces nouvelles sont indépendantes les unes des autres même si elles gardent un trait commun: l’irréel de la vie. Ainsi se dévoile le recueil d’histoires « Carmen Fifonsi Aboli(CFA) » commis par Carmen Fifamè Toudonou sous une écriture délicate et chaloupante teintée du sérieux que peut contenir tout humour caustique. Le recueil est paru aux Editions « Venus d’ébène » en Mai 2018 puis lancé le 21 Juillet de la même année. « Carmen Fifonsi Aboki« , dernière histoire de la liste qui prête son nom à l’ouvrage, raconte la ruse drôle de CFA élue miss MQO (Miss Quartier Owodé) par tous les hasards du monde. Elle fait payer à un innocent en quête de sensation ultime, dix mille francs CFA pour un peu de peau fanée dévoilée. Mais avant, il y a « Actualité du livre« . J’ai alors la nostalgie de ce forum whatsapp et, bien que la destinée m’ait donné l’honneur de l’observation sur cette nouvelle, je découvre une autre facette de cette aventure si bien décrite par Carmen. Un peu de mal qui ronge pour faire passer les heures, écritures et thème, puis c’était un rêve très original à H…que vous découvrirez après « Bintou ». Chaque récit comportant son lot de surprises et de suspenses, « Bintou » avait une part de silence que seule une plume pourrait décrire. L’histoire partait bien du carrefour Catchi à Porto-Novo, vécue par Chef Célè, ancien gendarme retraité, très polygame à une époque de sa vie et ami de Diallo. Il fut acteur de bien d’aventures ambiguës dont la plus sordide a été l’acte d’adultère suspectée par Diallo entre son épouse Bintou et son ami Chef Célè. Ce dernier sortit de Parakou et de cette histoire, le pied tailladé tout le reste de sa vie. La neuvième nouvelle « La morte de Joncquet » commence par la puanteur de la mort décrite par un cadavre vivant. Une femme séropositive se laissant mourir sur le trottoir en se remémorant les malheurs de sa vie. Tout y est tristesse et complainte. Ce qui n’entache aucune couleur chaleureuse qu’on lit à travers ce livre. Ainsi va « Notre père du Couffo » qui porte Joachim-Avocè, ancien prêtre du vodoun Koulicha, vers la croyance chrétienne où il fût entraîné par sa femme Anago. Une église tenue par un pasteur qui se noya dans l’océan pour accomplir un miracle divin. Des thématiques aussi actuelles que réelles s’entremêlent dans cette œuvre avec une prose suave ou déchaînée selon la gravité des faits. « Seule » déchirante et dédiée à elles, selon l’auteur, est une histoire d’une splendeur de souhaits évoqués, de désirs voilés. Il y a aussi eu « Sheraton-Abattoir » où le lyrisme qui fait la forme de ce récit ne voile pas le fond de la réalité des séducteurs-appâteurs de femmes naïves ou rêveuses à souhait mais qui échouaient à la rencontre d’une Olga au détour d’une rue un peu comme pour venger toutes les autres. Tout titre est une invite à lecture dans ce recueil un peu comme « L’amante machine » avec un Francis espiègle et déroutante et une Mireille audacieuse. Chaque plage loge un vrai océan et la nostalgie des origines baignait dans un univers de résignations mais surtout de positivités dans cette œuvre. « L’oiseau blanc » est une histoire de couple invraisemblable mais qui ne manque pas de réalisme. « Sept jours et sept nuits » est une lettre écrite par une femme et adressée à sa sœur de l’intérieur d’un asile psychiatrique pour lui décrire sa réalité de vie: une femme humiliée et malheureuse dans un mariage contrefait comme en vit plus d’une femme de nos jours et en silence. Elle parle de sa folie quasi-inventée et de ses sept jours et sept nuits, signes de sa renaissance. La précédente nouvelle à celle-ci, « Mémoires d’ivrognerie« , est un vrai document sur les réalités éthyliques sous nos cieux. En témoigne, la première phrase de la nouvelle en page 33 « Je picole tous les soirs chez Iya« . La première nouvelle de ce recueil « La grande bleue » raconte le parcours de Sabine qui vivait des amours volages jusqu’à l’arrivée de Luc. Tout en rebondissements, « La grande bleue » est très illustratrice de « Carmen Fifonsi Aboki (CFA)« , le premier recueil de nouvelles de Carmen Fifamè Toudonou.

L’œuvre est actuelle de par ses thématiques, et envoûtante grâce à la dextérité avec laquelle l’auteure les a traitées. Dès que vous allez en librairie, n’hésitez pas à demander « Carmen Fifonsi Aboki (CFA) ».

Myrtille Akofa HAHO

  1. Carmen m’a fait l’illustre honneur de goûter à ses pages avant la parution. Je vous assure que c’est un pur régal. Un délice qui laisse sur la langue le goût de la première mangue de la saison.

  2. Merci Kof pour cette formidable lecture. J’espère que ce recueil plaira aux autres lecteurs autant qu’il t’a plu. Car une si belle chronique ne peut pas être signée d’une chroniqueuse qui a détesté l’oeuvre.
    Carmen😘

  3. Bravo à toi ma chère Carmen pour l’écriture et merci à kof pour cette formidable lecture qui mapporte l’eau à la bouche

  4. La coalition et la cohabitation de deux écrivaines forcément entrainent forcément dans un univers où réalités et fictions offrent un cocktail d’un goût transcendant….
    Brûler quelques cfa pour s’offrir une cfa bien sur pieds, cela vaut la peine de prendre son pied sur des nouvelles brillament ici résumeés……