Il est décidément intarissable. Sa plume alerte et efficacement bavarde n’en finit pas de nous régaler. Après La flamme du mensonge et Revers à rebours, Hector Djomaki nous offre un nouveau joyau: « Ce jour où j’ai failli« . Qui se cache derrière de « Je » ? On vous le souffle. Il s’agit d’une femme. Encore elles ! Quand femme veut, elle peut ; non elle a déjà. La vie leur en a donné les armes. Un sourire, un battement de cils et vous rampez à ses pieds, prêt à satisfaire le dernier de ses caprices. La nature a été débonnaire envers Atchèbi. « Arborant fièrement ses vingt-six bougies, Atchèbi était d’une taille moyenne, svelte, souple, avec une allure féline. L’incroyable beauté de son visage affirmait tout son charme». (Pp 9.10) La beauté à l’état pur, la beauté comme on en rêve, le genre de beauté qui fait baver et perdre toute contenance. Qui peut lui dire non ? Qui peut résister à autant de charme ? Ce n’est pas Assea, ce n’est pas Finangnon, ce n’est certainement pas Gandaho. Tout grand patron qu’il est, il n’a pu résister. Elle sait les mener par le bout du nez, elle sait les manipuler. Son hypocrisie, son espièglerie et toute sa malice de femme matérialiste l’y aident. Mais tout a un prix n’est-ce pas ? Atchèbi a failli. Elle en a payé le prix. Elle va se repentir de ses infidélités, de son trop gros appétit pour le matériel et de tous les crimes dans lesquels ses mains ont trempé. Le prix est énorme. Elle s’est retrouvée écrasée sous son poids colossal. S’en relèvera-t-elle ? Mais quel a été le pas qu’il ne fallait pas franchir?
L’œuvre parue en Mars 2018 aux Éditions Savanes est un procès, un haro tonné contre les femmes manipulatrices, une mise en garde sur les conséquences de leurs turpitudes. Hector Djomaki crie son ras-le-bol. Il flagelle et éduque. Il sert un plat de prise de conscience et de sagesse. La table est dressée pour qui veut se détourner des sentiers sinueux du fourvoiement. Ça et là il sème quelques réflexions et des analyses sur des faits de société et d’actualité. La politique est indexée, la situation précaire des jeunes, leur soubresauts face au chômage, la corruption ambiante, la trahison et beaucoup d’autres vices et irrégularités sont pointés du doigt s. Le style est léger, fluide et digeste. Pas de place aux fioritures dans ce livre, pas de place aux tournures alambiquées et soporifiques. On ne reprochera pas à l’auteur son adresse et sa sobriété. L’œuvre se lit facilement, peut-être trop d’ailleurs. À peine la commence-t-on qu’on a déjà finie. On aurait aimé plus d’actions, plus de folies; on aurait aimé que les rebondissements fussent plus nombreux et plus pimentés. Mais à défaut du mieux, on se contente de ce qu’on a. 125 pages à lire absolument. « Ce jour où j’ai failli« , long récit qui se lit d’un trait.

Gilles Junior GBETO