La littérature béninoise ne conte plus désormais son histoire sans mettre en exemple le roman « Presqu’une vie » de l’écrivaine Carmen TOUDONOU, une journaliste écrivaine.
Un titre romanesque évocateur qui ouvre ses lignes par une mort c’est-à-dire le soir d’une vie, et ferme ses pages sur une mort également. Cette trame prise des deux extrêmes de l’œuvre nous plonge déjà dans la portée du titre « Presqu’une vie ». Mais ce titre trouve plus sa plénitude quand on aborde le fonds de cette histoire que nous narrataire, avions vécue avec la jeune fille narratrice, Cica grâce à la force des mots de Carmen. Ici, les émotions se vivent dans un village nommé  Obeylè où – les expressions employées par l’écrivaine nous en donnent confirmation – sont assises les valeurs endogènes et coutumières.  A Obeylè comme on peut bien l’imaginer, la culture scolaire ne doit en aucun cas s’opposer à la grande valeur culturelle et cultuelle de la Tradition. Ainsi, que Cica ait une brillante intelligence à l’école et qu’elle ait une facilité à aller en classe supérieure ; qu’elle soit parmi les meilleures filles et les plus belles, qu’elle soit à un pas de son baccalauréat, cela ne devrait nullement empêcher la réalisation des dires du Vodoun qui se choisit ses fidèles.

 

 

Voilà la trame de cette Presque vie : Cica ne passera en lieu et place de son baccalauréat qu’un rite à l’initiation au culte vodoun. Mais derrière ce changement de trajectoire du rêve de Cica, nous apprend Carmen, se cache les espoirs d’un certain bonheur.
Seul le lecteur persévérant découvrira en quoi consiste ce bonheur en guise de récompense à la fin de sa lecture.
Essentiellement, ce roman ressort une problématique abordée avec assez d’originalité quand on place le contexte de l’œuvre dans la littérature béninoise. L’auteure a su manier les différents thèmes souvent revenus dans les œuvres de la littérature africaine postindépendances : Tradition-Modernité, Conflit des générations, Choc entre culture endogène et scolaire, la marginalisation de la femme, etc.

 

De façon particulière, cette œuvre célèbre la femme et surtout la femme en milieu rural. Qu’on le veuille ou non, on y voit la victoire de la femme libérée, émancipée qui a son mot à dire dans les décisions de sa vie. C’est de cette victoire que Carmen triomphe en faisant mourir Sourou le père de Cica, symbole de dictature paternelle.
Ce roman laisse se dévorer grâce au style drainant et élastique de Carmen. Elle a le mérite de faire vivre au narrataire les images à travers ses descriptions et ses néologismes. In fine, « Presqu’une vie», 206 pages, publié aux éditions Plumes Soleil de Cotonou (Bénin) en 2014, reste dans notre mémoire de narrataire, une œuvre aux couleurs classiques et locales qui se réclament de l’Ex-Dahomey. Ne vous faites plus conter ce voyage livresque.

 

Fabroni Bill YOCLOUNON