-Oui, je le veux aussi. Mais…

– S’il te plaît, dis simplement « oui » et garde ton « mais » pour une autre fois. Je suis trop heureux de t’entendre dire « oui » pour te laisser dire encore « mais ». On verra le reste après. J’ai trop attendu cet instant.

Le reste de la soirée se passa très bien au point de finir dans le lit de Atamin-Vivi. Une fois à la maison, le professeur la prit dans ses bras, l’embrassa. Les ébats commencèrent au salon, passant par les couloirs pour s’achever dans la chambre principale. Elle le laissa se serrer contre elle. D’ailleurs, pourquoi allait-elle douter de quelque chose ? Ne venait-il pas de lui avouer publiquement le désir de faire d’elle une femme au foyer ? Pouvait-elle rêver mieux ? Atamin-vivi, continuait de l’embrasser et de lui faire des câlins. Il voulait passer aux choses sérieuses quand, Alida se redressa brusquement

– Ne bousculons pas les choses. Laissons-les arriver d’elles-mêmes. On vient à peine de se lier d’amitié vraiment. Et puis, il se fait tard et je dois rentrer.

– Non! Pas ça Alida. Pas ça. Voyons! Mais tu n’es plus une mineure.

– Certes. Mais être majeure ne signifie pas que je suis indépendante. Je ne saurais présenter un homme aux miens en portant déjà dans mes entrailles un enfant de ce dernier. La vie se disloque, mais la famille demeure ce qu’elle est. Elle doit garder ses lettres de noblesse. Une fille qui se respecte n’informe pas ses parents de sa grossesse avant de leur présenter le père de son futur enfant. C’est une honte, une infamie. Mes parents ne méritent pas cette honte.

– Donc, tu reportes à plus tard le moment de porter un enfant de moi!

– Tu as bien compris. En plus je n’ai aucune garantie qu’après m’avoir engrossée, tu ne fuiras pas toi aussi comme le font tes camarades lâches, irresponsables et ignobles. Si je me laisse faire, je sortirai d’ici enceinte. Je ne peux rien te cacher. Et je ne suis pas prête à infliger une telle peine aux miens. Je t’aime, tu ne saurais en douter. Mais il faut respecter l’étape de l’amitié, les fiançailles, la dot puis le mariage. Après seulement, viendra la grossesse.

– C’est ça le problème avec vous les jeunes intellectuelles qui continuent encore de téter aux mamelles de la tradition. Vous avez toujours des idées biscornues, rétrogrades, tordues et retorses. Mais, à vrai dire, tu montes toutes ces histoires pour me rejeter et attiédir mon ardeur. D’ailleurs, tout a déjà refroidi. Tu as réussi. Et j’en conclus que je te déplais, que mon physique t’effraie et que tu as peur des regards des autres quand ils nous verront ensemble. Avoue-le, Alida!

 

-Excuse-moi, je n’ai pas envie que notre première vraie rencontre se termine comme une réunion entre les Chefs d’Etats Israélien et Palestinien. D’ailleurs, il faut que je rentre, car je n’ai pas demandé la permission de passer la nuit dehors.  J’espère que tu ne m’en voudras pas.

Cela dit, elle lui décocha un baiser brûlant et sauta du lit. Atatmin-Vivi fit de même et lui barra la route.

– Je verrai par où tu sortiras ce soir. Le chemin pour rentrer chez toi passe par moi.

Il changea de mine. Ses yeux devinrent rouges et sur son corps, se dressèrent des nerfs gros comme des lianes. Alida comprit que ça allait chauffer.

 

 

Claude Kouassi OBOE