Aucune solution ne sera de trop pour vaincre la déchéance morale de la société contemporaine. La dernière trouvaille de l’auteur Francel Sèna Loko – ancien séminariste et sociétaire de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) – est la réexposition des fables de Jean de la Fontaine sur l’étendard de la cour commune des terriens pour sonner le glas de la dépravation des mœurs. Le titre, « Fables immortelles, morales de vie« , donnant légèrement l’allure du nom d’un recueil de contes est on ne peut plus évocateur. Aussi, le goût raffiné de l’éditeur se remarque aisément au regard des belles illustrations à l’intérieur comme à l’extérieur de ce bouquin d’une soixantaine de pages que devrait offrir tout parent consciencieux à ses rejetons afin que le drapeau de la morale flotte à nouveau dans les foyers. Le méticuleux travail que nous offre Francel Sèna Loko à travers son essai, est consacré à l’étude de onze fables de l’intemporel Jean de La Fontaine. L’objectif est simple : nous servir une interprétation des réalités abordées dans les textes choisis pour une réappropriation plus approfondie de leur contenu. En effet, la préoccupation de La Fontaine n’a jamais été de s’illustrer simplement tel le généreux donneur de paroles aux animaux et même aux végétaux – Cf. le conte « Le chêne et le Roseau » à la page 23 de l’ouvrage – mais d’établir une passerelle entre les rôles qu’il attribue à ces êtres (à l’origine dépourvus du langage humain) et le quotidien des hommes remplis de défauts. Francel Sèna Loko s’est donc appliqué dans un casting littéraire pour sélectionner les fables les plus satiriques afin de fouetter la morale de ses lecteurs qui le temps d’une lecture se croiraient en pleine récitation de conte aux cours primaires mais cette fois-ci avec un maître peu ordinaire : le jeune écrivain Francel Sèna Loko. Il se donne comme devoir d’achever le travail des instituteurs en nous réexpliquant profondément quelques fables de La Fontaine. Découvrons ensemble : l’apologie du travail qu’illustre la fable « La Cigale et la Fourmi » n’est que la première leçon à tirer de l’échange de ces deux animaux. Au delà, l’auteur Francel Sèna Loko nous réserve une question bien curieuse à la page 28 de son ouvrage : <<…faut-il être comme la fourmi, économe, FROIDE et ÉGOÏSTE ou mieux vaut-il être telle la cigale, insouciante, …>>. C’est dire que la qualité de travailleuse qu’on prêterait à raison à la fourmi ne lui permet aucunement de monter sur ses grands airs devant la « paresseuse » cigale qui aura eu le mérite de distiller quand même de la bonne musique à ceux qui lui auraient prêtée oreilles attentives durant tout l’été. Nous avons tout le temps loué l’intelligence du renard dans la fable « Le corbeau et le Renard » où ce dernier usa de malice pour récupérer le fromage de l’oiseau au prix de quelque flatterie. Francel Sèna Loko s’écarte de cette pensée commune et écrit à la page 32 de son essai : << La Fontaine ne veut surtout pas valoriser la friponnerie du renard qui est récompensée mais condamner la vantardise du corbeau qui a prêté une oreille complaisante aux éloges exagérés du renard>>. L’autre fable intitulée « Le lion et le moucheron » située à la page 47 du livre finira bientôt de nous convaincre de la subtilité des productions textuelles de La Fontaine que Francel Sèna Loko miroite en diaporama dans son livre. Ici, nous cesserons définitivement de penser que les personnes de notre environnement que nous devons le plus craindre ne sont forcément pas les individus les plus menaçants. La preuve : un simple moucheron va tourner en déroute le tout puissant roi lion et l’amènera à trépas. Or, cet animal défunt jurerait s’il était encore vivant que cette bestiole est incapable de lui faire le moindre mal. <<Les adversaires qui semblent inoffensifs sont les plus dangereux>> conclura notre jeune auteur. Toutes choses qui redonnent un caractère immortel aux fables de la Fontaine au regard de l’époque de leur écriture et l’actualité des thèmes qu’elles abordent. D’où, le titre « Fables immortelles, Morales de vie ». Un ouvrage dont le lancement est prévu pour le samedi 06 juillet 2019 au CAEB Abomey.

Chédrack DEGBE