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Je fis un tour rapide dans ma douche. J’y abandonnai mes chaussures et changeai mes vêtements que je jetai à la poubelle après m’être rincé le corps à la sauvette. Je rasai les murs. Les hiboux continuaient de chanter. Je voyais le vigile zébrer l’espace de la lumière de sa torche. La proviseure, épuisée, devait être chez elle, à ruminer sa rage. Je continuai d’avancer, en rasant les murs. Soudain un cri strident s’éleva en-dessous de moi ; je venais de piétiner une musaraigne. Je bondis et atterris sur un morceau de fer qui ouvrit mes blessures. Je ne pouvais crier. Mon cœur faillit s’immobiliser dans ma poitrine, tant vive était ma douleur. J’avais les jambes tétanisées. Je me relevai tout de même, non sans peine. Arrivée près de la porte de notre dortoir, je tendis le cou. Je ne vis aucune présence suspecte. Les chiens n’aboyaient plus. Je montai les escaliers et ouvris la porte, tout doucement. Je n’avais plus ma lampe torche. Du dehors, la lune éclairait plus ou moins le dortoir, par les fenêtres édentées. Je n’avais pas baissé le rideau. Je m’assis sur mon lit. Je cherchai mon coussin. Ma main heurta une matière plus solide que le coussin. Je voulais en savoir davantage. J’évitai d’allumer de peur de réveiller Maïmouna, très sensible à la lumière quand elle dort. J’ouvris la fenêtre. La lumière de la lune entrait à flots dans le dortoir. J’étais partagée entre la consternation et le découragement : la proviseure était là sur mon lit, calme et impassible. Elle me chuchota :

– Je voulais juste être sûre que je ne m’étais pas trompée de personne, il y a quelques instants, de l’autre côté de la clôture. Maintenant j’en ai le cœur net. Tu peux te coucher. Il n’y a aucun problème. Demain, tu me rejoins dans mon bureau, juste pour un petit tête-à-tête.

A ces mots, elle se leva et sortit du dortoir.

Le lendemain, je n’allai pas au cours. Le haut conseil de discipline m’attendait. Dès que j’entrai dans la salle, je fus prise d’un vertige accompagné d’une envie de vomir. Tous les visages étaient fermés. La proviseure présidait là séance. Après avoir exposé le motif du conseil extraordinaire, elle me donna la parole.

– Je vous salue, chers professeurs. Je vous présente toutes mes excuses pour avoir mal agi.

– Si au moins, c’était une métisse, je comprendrais. Coupa le Directeur des Etudes, avant d’ajouter : « Toutes ces souffrances juste pour une camerounaise !! Oh Dieu ».

– C’est vrai que l’amour rend aveugle, sourd et muet, renchérit notre professeur de Biologie, mais, franchement, je ne pense pas pourvoir souffrir autant pour une camerounaise.

– Que vas-tu faire avec une camerounaise, toi qui es une femme ? reprit le Directeur des Etudes. Crois-tu que c’est tout ce que vous voyez faire que vous devez faire ? Toi une fille intelligente comme ça, c’est à une fille que tu trouves à t’attacher. Franchement.

Pendant ce temps, le Surveillant Général prenait rageusement note. Je savais que la température allait monter dans la salle, à le voir griffonner avec autant d’entrain. Il me demanda :

– Qu’y a-t-il entre toi et la Camerounaise, cette dame calme, vertueuse et si chaste ?

– Je l’aime. On s’aime. répondis-je, sans sourciller.

– Et tu n’as pas mal à la langue en te dévergondant ainsi, Désirée ? Donc ainsi, tu oses sortir avec une personne du même sexe que toi ! Quelle dévergondée tu fais-là? Espèce d’ordure humaine! Tu fais honte à tout le monde. Dire qu’il y a quand même des hommes dans ce lycée!

– …

– Je croyais que je te posais une question.

– ….

– Tu ne réponds donc rien ?

– Je vous ai dit la vérité.-

– A cette allure, chers collègues, on ne tirera rien de cette écervelée qui est dérangée tant dans sa tête que dans son corps. Nous allons délibérer.

La proviseure me fit signe de sortir. Quand elle me rappela, c’était pour me remettre la lettre que ma mère m’a lue ce matin. Elle m’avait dit clairement que ma place n’était plus dans ce lycée, et qu’elle me donnait juste la matinée pour « vider les lieux ». Je venais d’être renvoyée. En rangeant mes affaires, je me remémorais les dernières paroles de la proviseure :

– La raison est juste que tu as pris un risque d’aller la voir, jusque là-bas, nuitamment. Tu aurais pu te faire agresser ou mordre par un serpent ; en plus tu as enfreint le règlement intérieur. Et s’il t’arrivait malheur, cela pourrait salir la notoriété du lycée et mette à mal l’autorité de la proviseure que je suis. Si quelque chose de mal t’arrivait, tes parents pourraient m’intenter un procès et me taxer d’irresponsable.

 

A suivre…

 

Destin Mahulolo

  1. histoire qui attire au fil des lignes.
    a quand la fin?
    va t elle retrouver sa camerounaise pour une histoire d’amour qui frise le dévergondage?
    va t elle renoncer à cet amour pour revenir à de bon sens suivant sa culture, celle africaine et Béninoise?
    autant de questionnement qui attisent notre curiosité et donne la soif de vite vs lire.

  2. J’ai failli abandonné la lecture quand j’ai su qu’elle était aussi une fille comme sa camerounaise mais la beauté de la plume m’a maintenu. J’espère qu’elle reviendra à la raison