Les passants du Québec et les autres nouvelles.

 Les œuvres poussent comme des fleurs. Le lectorat se fait rare. Les écrivains sont loin de perdre espoir. Les délices de la lecture restent inégalables. Nous avons décidé de ne point nous en passer et de vous en offrir en biscottes. Nos auteurs savent être tendres dans l’écriture avec un fond réel sur le monde. Parfois ils alimentent notre imagination toujours pour la bonne cause. L’humain en général. Pour vous, nous nous sommes intéressés à la nouvelle Les passants du Québec et les autres nouvelles de Nathasha Pemba.

Nathasha Pemba est écrivaine originaire de Pointe Noire en République du Congo. Elle vit à Québec. Elle a étudié les sciences politiques, la philosophie sociale et politique. Bloggeuse culturelle, elle est également formatrice au centre de Formation et de Coopération Internationale (CFCI) en Ontario où elle dispense des cours de leadership, de confiance en soi. Elle participe à plusieurs ouvrages collectifs tels que : la philosophie du développement publié en 2020. Elle est auteure des passants du Québec et autres nouvelles. Son tout dernier livre Franchissements a été publié le 20 novembre 2020.

Les passants du Québec et les autres nouvelles est un recueil de six (06) réparties sur 118 pages : « Les passants du Québec » (pp 7 à 35) ; Le bonhomme de neige (pp 37 à 59) ; Exotismes (pp 61 à 76) ; Le sublime est-il forcément le désirable ? (pp 77 à 87) ; Il faut de tout pour faire un monde (pp 89 à 100) ; Tyrannies (101 à 118) »

Les histoires se déroulent au Québec et se rapportent au Québec. Nathasha Pemba nous vend sa culture sans que nous n’ayons le temps de marchander, et ceci à travers chaque ligne, chaque page, chaque auteur qu’elle cite, des auteurs de la littérature Québécoise en passant par ses artistes chanteurs. Rien qu’à la lecture de son œuvre, elle vous donne envie de séjourner là-bas, de marcher dans la rue Remparts ou encore dans la rue Saint-Jean. Au dernier verset de Les passants du Québec on peut lire la note personnelle de l’auteure où elle exprime ce qui l’a motivé à écrire cette nouvelle qui n’est rien d’autre que d’exposer toute la richesse culturelle que renferme le Québec. Elle a si bien parlé du Québec qu’on ne douterait pas de sa nationalité même si elle est également congolaise.

Au-delà de la culture, les passants du Québec et les autres nouvelles est une nouvelle spéciale à cause de sa touche philosophique et de toute la simplicité dont elle regorge, une simplicité qu’on ne rencontre pas, dans la plupart des œuvres philosophiques. D’ailleurs dans la nouvelle 4 intitulé Le sublime est-il forcément le désirable ? Elle y définit la simplicité dont elle a su fait usage dans son œuvre pour lui donner toute cette beauté. La simplicité« … c’est ce qui n’est pas complexe. Pas d’ambiguïté. Une aisance toute naturelle qui s’impose par sa qualité […] Quand on est simple, le vrai et le bien s’imposent à nous. Les gens viennent vers nous. Notre simplicité les attire et les met en confiance. » Page 80. Elle profite ainsi de son style simple pour faire passer son message en abordant les thèmes sensibles et d’actualité comme le féminisme en passant par l’homosexualité, l’internet qu’elle qualifie d’ailleurs de « sixième continent »page 92, de la liberté, qui se veut le thème fondamental autour duquel gravite tous les autres thèmes, de l’histoire avec quelques mots sur l’esclavage sans oublier bien évidemment l’amour. L’humain comme en philosophie demeure le sujet d’expérimentation si on en abuse. Dans sa toute première nouvelle Les passants du Québec elle aborde déjà le féminisme. On lit à la page 17 : « J’ai toujours préféré le féminisme light et inclusif au féminisme radical, rebelle et tranchant. » Elle s’explique : « En réalité, ma peur de l’égalitarisme des sexes c’est qu’il nous fasse oublier l’existence des différences. Et qu’au lieu de créer une égalité réelle on soit obligée de vivre une espèce de séparatisme humain. Je suis féministe, peut-être parce que je suis femme, mais pas une féministe doctrinaire. Il n’y a pas de certitude radicale. Mais cela ne m’empêche pas de m’engager pour que les femmes soient reconnues à leur juste valeur. ». Même si au début on se perd entre les lignes ne saisissant pas le thème qui se développe. L’amour ou le travail ? D’ailleurs cette phrase des premières lignes capte assez notre attention : « Le paradoxe de l’oisiveté stipule que tout humain est un amoureux de l’oisiveté, car par nature il est partisan du moindre effort, mais que singulièrement lorsqu’on vit en société, il faut aller au-delà de cette nature. »Page7. Cette société ne doit non plus nous empêcher de vivre en toute liberté notre « liberté », de voyager, de refuser d’enseigner en France pour immigrer Londres contre le gré de sa femme malgré que « les femmes s’imposent de manière naturelle et inspirent le respect » page 71 ou qu’elle soit « la case de l’humanité et la gardienne de la tradition. La vie dépend, en partie d’elle. Elle est tisseuse d’espérance. » ou encore de se rendre au Québec pour se trouver de petits jobs comme Fidèle dans la nouvelle 3 Exotisme.

En fait, la liberté ne doit en aucun cas se « marchander » Page 65. Comme vivre son homosexualité en toute liberté sans contrainte sans se fier aux regards des autres, de ceux de sa famille ou des fidèles de l’église dont on est pasteur. Il ne faut surtout pas se laisser conditionner par le regard des autres, ou de se préoccuper de sa réputation. « Chacun de nous est singulier et il est important que l’on respecte cette singularité. ». Page 111 nouvelle 6 intitulée Tyrannies. Car « il faut de tout pour faire un monde ». Un monde comme sur Facebook, un « sixième continent » nouvelle 5. De plus « la beauté de la diversité est dans la singularité ». Le monde virtuel nous donne des ailes, se faire passer pour une autre personne pour espionner nos proches « pouvoir mentir. Pouvoir diriger. Pouvoir d’abuser »page 92.

Mais « ce qui compte finalement c’est d’aimer » malgré tout, que cela soit un cancer comme dans la nouvelle 2, Le Bonhomme de neige, une COVID-19 ou toute autre maladie. Seul l’amour propulse ; de mettre de l’ordre dans son esprit car « l’ordre tonifie l’esprit. Si tu mets de l’ordre dans ta vie, tu sauras mettre Dieu à sa place. Tu mettras chaque personne à sa place. Tu mettras de l’ordre dans ta tête. » Ce n’est que comme cela que tu acquerras une bonne autodiscipline pour bien te conduire.

Une soif de liberté se dégage de l’œuvre. L’auteur semble nous exposer la relation de l’homme au monde, mieux le rapport société-humain. L’individu est obligé de se battre pour vivre dans une société où il a du mal à se faire une place. Il ne vit plus pour lui, il vit pour l’autre. La société, celle l’a même qui doit nous procurer la paix s’est transformée en juge. Elle devient la source de tous les maux. L’un domine sur l’autre. Pour créer l’harmonie dont elle a besoin, elle doit laisser la liberté à l’individu. C’est l’individu qui fait la société. Cette liberté commence à l’intérieur pour déteindre sur l’extérieur. Pour une paix durable, la société doit honorer l’individu.  L’individu n’aura pas à se soucier du regard des autres. Il pourra ainsi s’épanouir, la société également.

Les passants du Québec et les autres nouvelles est une nouvelle philosophique.  Elle est pleine de sens, incite à la réflexion et à de nouvelles questions. Les notions philosophiques sont présentes. Je pense que cette nouvelle ferait bien un ouvrage d’accompagnement et d’enseignement pour les classes de seconde littéraire. Il pourra faciliter l’initiation des apprenants à la réflexion philosophique, à la pensée critique. C’est une nouvelle simple et facile d’accès. Vous n’avez besoin d’être philosophe pour comprendre. C’est ce qui fait la particularité de l’œuvre. Le lexique est fluide. Néanmoins le début n’est pas pour autant accrochant avec le style anaphore utilisé. Il faut persévérer dans la lecture. Votre patience va payer. Vous ne regrettez pas. Les bonnes choses prennent du temps dit-on !

            Léa OVIDIO de SOUZA