Madjo savait ce qui l’attendait si jamais il ne revenait pas fêter cette année, la Noël avec sa famille. Depuis sept ans, sa situation au service ne lui permettait pas de voir sa famille pendant les fêtes de fin d’année. Il revenait de mission généralement le 7 janvier et avait deux semaines de vacances qu’elles passaient avec eux. Il n’avait même pas pu assister à la naissance de ses deux enfants, Paul et Clément. Sa femme avait menacé de le quitter, si pour cette septième fois, elle devrait fêter seule avec les enfants. Oui, Madjo savait ce qui l’attend, et il avait donc pris les taureaux par les cornes. C’est ainsi que depuis le mois de mars, il avait écrit à son patron que pour cette année, à partir de mi décembre jusqu’à mi janvier, il devrait prendre des vacances. Sa famille valait désormais plus que tout. Après la lettre déposée, son patron avait promis lui accorder ce qui avait été demandé. C’est dans cette joie extrême qu’il a vécu durant tout le temps de service. Il se contentait d’échéances téléphoniques, de mail, de vidéo et autres photos avec sa femme et ses enfants. Combien de fois n’a-t-il pas compté les jours qui selon lui, n’en finissaient point? Et cela, il ne pouvait pas les compter. Enfin, le 14 décembre. C’est dans la joie de retrouver bientôt les siens qu’il alla voir son patron pour confirmer ses congés le lendemain. Ce dernier lui annonça la bonne nouvelle.
Malgré tout ce qu’il avait dit, son dossier n’avait pas été retenu. Non, cette fois-ci encore, il n’aura ses congés que le 7 janvier. « D’autres avaient demandé avant vous », lui lançait en figure le directeur. Madjo essaya d’expliquer. Mais, la réponse fut catégorique. « Non, pas de congé ». Il se leva, sortir du bureau du directeur, le cœur en lambeaux. Il pensa à la promesse faite à sa famille, imagina la déception qu’il causerait à sa femme, à ses enfants, surtout son benjamin. Dans sa cabine, il pleurait amèrement et s’endormit. Le lendemain, le directeur alla voir Madjo pour lui présenter ses excuses et lui annoncer la bonne nouvelle: ses congés ne seront plus le 7 janvier comme prévu, mais plutôt le 6. C’était l’effort qu’il pouvait faire. Il ouvrit la porte, ne trouva pas Madjo, mais sur sa table, une lettre sur laquelle était écrit « À MONSIEUR LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ TROPIQUES-PETRO ».
Il l’ouvrit: c’était la lettre de démission de Madjo. Ils le cherchèrent partout sur le bateau, mais personne ne le vit. Madjo avait donc démissionné et était rentré pour fêter Noël avec sa famille. Il comprit que rien, même le travail, ne pouvait l’éloigner des siens. Rien ne vaut la famille.
Il passa de bons moments avec sa femme et ses enfants, moment de joie et de gaîté. Il comprit que Noël, c’est aussi les retrouvailles et la joie d’être ensemble.
Deux mois plus tard, une autre société où il était prestataire, l’embaucha définitivement.

Claude Kouassi OBOE