La souffrance est inhérente à la vie humaine. Tout n’est donc pas que joie et sourire. D’aucuns pensent que c’est pour éprouver notre foi et vigueur. D’autres parlent du coup du destin. Toutefois, chacun a sa manière de vivre ses douleurs. Certains le font par le chant, d’autres par l’écriture. Le produit de TANGAH Abdoul-Hamed s’inscrit dans le dernier lot. À travers son tout premier roman intitulé « Pris au Piège » et paru aux Editions Plurielles, TANGAH nous emmène dans son giron intime où tout n’est que douleur. Que les âmes sensibles s’arment de torchon avant d’approcher ces 120 pages de grandes émotions écrites par Abdoul-Hamel. Très tôt orphelin de père, Innocent a grandi auprès de sa mère. Cette dernière n’a jamais manqué de satisfaire quotidiennement à ses besoins. Ce qui, en dépit de tout, faisait de lui un enfant épanoui. Inscrit à l’école à six ans, Innocent faisait « preuve d’une intelligence prodigieuse », p.22. Il était toujours parmi les meilleurs de sa classe. Ce fut dans cette atmosphère qu’il obtint brillamment son Certificat d’Études Primaires (CEP) à douze ans. Une période qui marquait cependant le début d’une vie mélancolique. En effet, Innocent n’avait jamais connu les membres de sa famille paternelle, jusqu’au jour où sa mère lui fit découvrir une lettre de la part de son oncle habitant à Cotonou. Ce dernier demandiat que le petit Innocent le rejoigne. Mais Innocent ne voulait pas abandonner sa pauvre mère. Toutefois, sur l’insistance de cette dernère : « C’est une question de famille. Je sais que cela est dur pour toi à supporter. C’est pareil pour moi. Mais tu dois partir. Mon fils, va. Tu dois connaitre les tiens » p 31. Innocent quitta avec amertume Kêmon, son village natal situé à trois cent kilomètres de Cotonou pour rejoindre son oncle. Ce dernier, Greffier au Palais de justice à Cotonou, était père d’une famille de deux enfants et propriétaire d’une belle villa à Sikècodji. Monsieur MALLI vivait dans l’opulence la plus extrême. Innocent, dès la première semaine fut bien accueilli. « Les préjugés, la haine et l’antipathie que je nourrissais vis à vis de cet oncle se dissipèrent très vite. » p43. Mais la semaine suivante:  « J’ai compris que c’était juste pour se conformer à une norme coutumière qu’il m’avait invité à Cotonou. Par pur devoir. Véritable hypocrisie. Cette gentillesse qu’ils avaient affichée n’était qu’une façade. Tout commençait à changer. Moi qui croyais être parmi les miens. Désillusion. » p.45. Le pauvre enfant manifesta le désir de revenir au bercail, mais l’oncle s’y opposa. Il commença la classe de 6ème comme un de ses cousins. A la fin de l’année, il passa en classe supérieure et son cousin reprenait. La jalousie s’installa. Le jeune homme se sentait menacé. Ses conditions de vie au quotidien devenaient précaires. Que faire à 13 ans, seul dans ces conditions et dans une ville comme Cotonou ? S’évader ? Mais serait-ce la meilleure solution ? Quelle sera la réaction de sa mère agonisante quand l’oncle au coeur de pierre lui annoncera la mort d’Innocent ? Parler de la mort d’un être cher à quelqu’un qui est sur le point de mourir.

Dans ce livre, TANGAH Abdoul-Hamed montre jusqu’où la jalousie humaine peut conduire.  L’auteur semble tordre le cou à cette pensée qui dit qu’on n’est pas méchant volontairement. Il démontre qu’une simple vétille peut rendre l’homme plus féroce que le lion. Vous lisez le livre et vous vous irritez face aux supplices du jeune Innocent. L’émotion vous inonde et les larmes vous prient de les laisser innonder votre visage. L’auteur, à travers un style très élégant, est resté sérieux et fixé sur son objectif.  Déclencher l’émotion. Mais il n’a pas manqué de faire ressortir la vie sentimentale du jeune Innocent qui, malgré sa condition de vie au cours de son aventure a connu une petite histoire d’amour des plus épiques. Ce qu’on pourrait reprocher à l’auteur, c’est de ne ajouter, ne serait-ce qu’un peu d’humour à ces 120 pages remplies de fiel. Même si on n’ignore pas que de nombreux jeunes, à l’instar d’Innocent, vivent ces situations dans nos villes et contrées. L’auteur a prouvé son génie en réussissant à atteindre son objectif et de raconter l’histoire à travers le jeune Innocent agonisant sur le lit d’hôpital et qui se confiait à son docteur.  « Pris au piège », une histoire émotive et émouvante, une histoire vraie et qui déroule chaque jour devant nous. A la fin de ce livre, voici la question qui m’a fait soupirer: « La vie n’est-elle donc qu’une suite de pièges ? » Je serai heureuse de savoir quels sont vos sentiments à la fin de ce livre. Prenez-le et lisez-le: ce n’est que 120 pages de lecture. 

Sibelle DJIHOUAN

Étudiante en 3ème année d’histoire-géographie à l’Ecole  Normale Supérieure de Porto-Novo