Deux courants de pensée se disputent l’univers de ce livre : l’optimisme voltairien et l’absurde camusien. Et l’auteur, Hector DJOMAKI, flirtant avec le manichéisme, sans y tomber, et c’est là son réalisme, dresse des personnages contrastés mais qui se rejoignent au fond : ils sont à la fois anges et démons, bourreaux et victimes, et même s’ils ne sont pas toujours responsables du mal qu’ils subissent, ils ne le sont pas moins du malheur de l’autre. Nous avons ici un livre profond et bien écrit mais dangereusement haletant, désarçonnant et crû. Je voudrais, avant tout propos, déconseiller « Revers à rebours » aux cardiaques et aux âmes sensibles. Conseil d’ami. Par contre, s’il en est qui aiment les sensations fortes, ils peuvent s’y aventurer, mais sans oublier d’avoir une bouteille d’eau à côté. L’œuvre s’ouvre sur un chaos… Aux divers carrefours de ce livre, s’imbriquent des vies, se nouent et se dénouent des intrigues pour relancer le suspense et accélérer le rythme cardiaque du lecteur. D’un coup de foudre, alors que Céline était allée consulter Wilson, un médecin, naîtra l’amour d’un soir dont le fruit sera Lys qui, tout comme sa mère, à la faveur d’un amour-plaisir d’un éclair, verra sa vie catapultée dans les rets d’un avenir vaporeux quand elle apprendra que celui qu’elle appelait jusque-là « papa » ne l’était pas réellement. L’auteur de la grossesse, après cet acte disparaît sans trace. Céline se voit remplacée par Elisabeth auprès de Sébastien, richissime homme d’affaires, corrompu et corrupteur né, véreux et dangereux, qui l’avait épousée. Mises à la rue, Céline et Lys doivent maintenant faire face à la dure réalité de la vie. La mère retourne en campagne et se fait embaucher par Monsieur Alexandre, et la fille et sa grossesse rejoignent une amie, Sandrine, dans la pauvre demeure de cette dernière. Sandrine foule aux pieds sa propre dignité, pour venir en aide à son amie, en allant jusqu’à se prostituer. Mais avec qui ?….. Un beau matin, alors que Lys semblait s’habituer à cette modeste condition auprès de Sandra, survint un orage : la sœur de cette dernière la chasse par vengeance car jadis, la même Lys l’avait persécutée quand elle était employée chez Sébastien. Pour une deuxième fois, la voilà dans la rue. Elisabeth, la nouvelle reine du royaume de Sébastien, y trône avec son fils Ivanus, un toquet abonné à la drogue et au viol. Céline veut se venger de Sébastien. Elle tombe sur un avocat, Giovanni, le fils de Monsieur Alexandre, qui l’aide. Ce Giovani, entre temps, a renié son père qu’il accuse d’avoir tué sa mère. La proximité créant les sentiments, Céline et Giovanni tombent amoureux et filent le parfait amour jusqu’au jour où Céline rencontre le Docteur Wilson, qui se trouve être le parrain de Giovanni. Elle est partagée entre son amant qui l’aime et qu’elle aime et le père de sa fille qui l’aime encore et qui a passé sa vie à la chercher. Mich, artiste peintre par passion et boxeur par profession, un ange dans un corps d’homme, héberge Lys et sa grossesse et il en tombe amoureux. Alors que tout se passe très bien entre les deux tourtereaux, de grandes révélations sur l’identité réelle de Lys se font jour : « L’enfant a besoin d’une famille, et la femme, de se reproduire dans un foyer dont elle devient le point focal. » (P146). Mich a beau aimer Lys et sa grossesse, l’enfant ne sera jamais de son sang. Contre toute attente, l’auteur de la grossesse réapparait et promet de prendre soin de la mère et du bébé. Mais qui est-il en réalité ? L’assassin de son père ? Ou le complice de Sébastien qui s’est promis de tuer Elisabeth, sa femme, qui le trompe avec Keny, son chauffeur? La mère et la fille se trouvent chacune entre deux amours et doivent en choisir un nécessairement. Sébastien, déchu et ruiné, lui et ses ambitions politiques, devenu la risée de tous, pour laver son honneur, opte pour le meurtre. Il s’associe à Ivanus, le fils d’Elisabeth. Dans ce micmac, alors que tous sont au chevet de Wilson, le bébé de Lys disparaît. Le seul trésor que la vie lui laisse comme lot de consolation disparaît. Fatalité ! Est-elle condamnée à errer comme sa mère sans jamais voir la fin de ses misères ? Et pourquoi tout doit s’effriter entre les mains de Lys et sa mère dont le destin semble lié avec la déchéance et le malheur ? Lys retrouvera-t-elle son enfant et vivra-t-elle longtemps avec son papa ? Tout comme sa mère, quel homme choisira-t-elle à la fin ? Giovanni pardonnera-t-il à son père ? Qu’adviendra-t-il de Sébastien ; Elisabeth, Keny et Ivan ? On ne saurait répondre à ces questions qui font l’essence du livre sans « Revers à rebours » paru aux Editions Savane en 2018 à Cotonou. C’est une œuvre que tout amoureux des belles lettres et du suspense doit lire.
Destin AKPO
Je salive déjà rien qu’à ce retour de lecture. Il est à combien ce livre?