« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », écrivait Lamartine. La mort d’un être cher reste donc un moment douloureux dans la vie de chaque homme. Parfois, l’on n’arrive pas à surmonter cette perte et on tombe dans les vices, s’ls ne font font pas recours au suicide. Mais pour les durs, il faut vivre, quitte à endurer tout pour l’être perdu. Et pour s’en sortir, ils s’en remettent à leur plume et à la muse. C’est le cas de Gisèle TOTIN, écrivaine franco-béninoise qui, à travers « Sincères Condoléances » partage son expérience de la mort et du vide qu’elle crée. « Sincères Condoléances » est un recueil de quatre nouvelles paru aux éditions La Doxa en Avril 2016, qui à partir de huit voix désepsérées,  aborde des thèmes relatifs à la vie, à l’amour et notamment à la mort qui nous bouleverse tous à un moment de notre parcours terrestre.

La première nouvelle « Par Amour » nous relate l’histoire de Josepha et de Sorel. Ces deux personnages ont chacun perdu leur mère à quelques jours d’intervalles. Fille unique de sa mère, Josepha n’a pu surmonter le décès de sa génitrice. Elle tombe alors dans une grande dépression. Pour atténuer sa douleur, elle trouve un subterfuge dans une aventure extraconjugale avec Mike qu’elle rencontra au cours d’une balade. Quant à Sorel, il trouva refuge dans l’alcool. Sa compagne Natacha n’a pas su lui apporter tout le soutien dont il avait besoin dans cette douloureuse épreuve. Le sexe et la boisson peuvent-ils atténuer les souffrances de la perte d’un être cher ? Même s’il y a des afflictions qu’on n’arrive pas à cerner avant de les avoir soi-même éprouvées ? La vie a de ces desseins qu’on n’arrive toujours pas à comprendre. Mais quelles attitudes adopter lorsque la mort vient faucher un être cher ? Sexe ? Boissons ? En tout cas, la rencontre de Sorel et de sa sœur avec Josepha au funérarium lors du décès de leurs mères leur a permis de resserrer leur lien…

La deuxième nouvelle intitulée « Mamange », peint un tableau tout aussi sombre que la première nouvelle. Elle nous présente le triste destin de Julisha, une jeune dame qui a perdu son bébé au cinquième mois de la grossesse et de Benjamin dont l’ex compagne Fanya s’est suicidé. Benjamin se retrouve alors confronté à la charge de ses jumelles de 10ans. Chacun des deux (Julisha et Benjamin) essaient à sa manière de faire son deuil même si pour Julisha le traumatisme de la perte de son bébé tant désiré perdure. Par ailleurs, la perte d’un être cher nous fait prendre conscience que la vie est bien courte et qu’il faut aller de l’avant. C’est ce qu’a compris Benjamin qui a entretenu une relation avec Julisha ignorant la souffrance de cette dernière. Cette aventure sans lendemain a permis à Julisha d’oublier un peu ses peines et de reprendre goût à la vie.

La troisième nouvelle, « Femme » est tout aussi dramatique que la précédente. On y découvre la souffrance aussi bien physique que psychologique vécu par Kara cette jeune femme vivant en France ayant perdu son fils Kemi âgé de 4ans. Celui-ci se noya dans une piscine au cours d’une fête à laquelle son père Marco l’amena alors qu’ils étaient en vacance à Cotonou au Bénin. Que faire face à un tel drame ? Se renfermer sur soi-même ? Où faire face à son destin ? Kara dans sa peine a fait l’option d’aller de l’avant. Face à certaines situations de la vie, en l’occurrence face à la mort, il suffit juste d’une présence, d’un sourire et de beaucoup de silence pour compatir à la douleur qu’éprouve un endeuillé. C’est ce qu’a compris Houeffa qui a fait preuve de beaucoup d’attention envers Kara sa meilleure amie au cours de cette douloureuse épreuve de deuil de son fils. Les deux meilleures amies ont entrepris une aventure à la découverte du nord Bénin afin d’oublier un temps soit peu leur douleur.

La dernière nouvelle nous plonge dans l’univers des veuves. A travers « Veuves » l’auteure peint les souffrances et les vicissitudes que vivent les veuves à la mort de leurs époux. En effet, Laure (une française) épouse de Noukpo (originaire du Bénin) est devenue veuve très jeune suite au décès de son époux en plein match de football. Désormais seule à s’occuper de ses deux fils, elle est sans cesse menacée par sa belle famille suite à son refus de rapatrier le corps de son défunt époux. Dans cette épreuves douloureuse, elle a eu tout le soutien de sa nouvelle voisine Flavie (originaire du Togo) elle-même veuve. Flavie s’est vue retirer tous ses enfants à la mort de son époux par sa belle famille pour permettre à ses enfants de grandir dans de bonnes conditions. Quant à Laure, avec l’aide et le soutien de son amie, elle s’est habituée à sa nouvelle vie de veuve tout en étant une mère aimante et protectrice pour ses deux fils.

Dans un style simple et accessible à tous, Gisèle TOTIN peint dans « Sincères Condoléances » des réalités toujours d’actualité dans nos cultures. Ce livre est un excellent compagnon aux heures de deuil.

Louis BADA