Bonjour, chers amis. Aujourd’hui je veux vous faire découvrir un de mes préférés recueils de poèmes. Je partage avec vous ma passion pour la poésie car elle sait refaire et revivre nos sens quand le monde dans lequel nous vivons nous asphyxie. La poésie, vous le savez bien, nous donne un souffle nouveau, un espoir nouveau, un courage plus ferme pour appréhender la vie. Elle nous aide à chanter et à panser nos peines tout en fredonnant des airs de paix, de bonheur, de patriotisme, de culture. C’est dans cette optique que s’inscrit « Souffle équatorial ». Publié aux Editions Dacres en 2019, ce recueil de poèmes réunit, autour de cinquante poèmes en prose, neuf plumes de la littérature gabonaise : Peter Stephen Assaghle, Le Presque Grand Bounguili, BenicienBouschedy, Larry Essouma, Cheryl Itanda, Astrid Lengala, Muets-Destinée Mboga, Staël Maviogha et Naëlle Sandra Nanda.

Chaque texte poétique contenu dans ce recueil vous transporte sur les terres riches du Gabon en particulier et de l’Afrique en général. « Souffle équatorial » est divisé en cinq parties : Splendeurs équatoriales, Vents d’espérance, Liqueurs équatoriales, Chemins des chimères, Hérauts d’avenir. Ce recueil est une véritable ode à la joliesse de nos terres qui se fanent à cause des peines qu’elle subit. On y lit la magnificence en dépit des souffrances présentes que les poètes pansent avec les mots afin d’éradiquer tous les maux existants, et de redorer le blason de l’Afrique et du monde.

« Souffle équatorial » est une rafale d’eau qui nous frappe et vivifie nos visages, nos gorges. C’est un recueil de poèmes tissés d’euphémismes, de métaphores, d’ironies et d’oxymores. La lecture de ces textes vous transportera sur les rives de l’Ogooué[1], sur les terres ancestrales des peuples africains, sur les traces intrinsèques de Mama Africa, berceau de l’humanité.

J’aime ce livre au point où j’en ai effectué trois lectures. Oui, je l’ai lu trois fois. Trois fois je m’y suis plongée. Trois fois je m’y suis laissée transporter pour mieux en ressentir la fragrance. Chaque lecture a été vécue comme une expérience particulière, une réconciliation avec ma terre natale, un retour au pays natal, un voyage initiatique dans les entrailles de cette portion du continent africain, le Gabon de toutes les convoitises et de tous les paradoxes. L’entame de ce recueil s’ouvre avec un poème qui a su me tenir en haleine et qui s’est incrusté en moi : « Gabon mon pays ». C’est un poème qui débute de manière passionnante et m’a donné envie de continuer la lecture. Ce que j’ai trouvé d’intriguant mais qui est paradoxalement assez original, c’est de lire un poème qui magnifie, loue et exalte de manière positive un milieu et à la suite lire un poème amer, acre qui caricature le mal-être de l’Afrique et du monde. Un moment, le lecteur devient exécrable comme celui qui écrit le poème, puis on relâche la corde qui semblait l’étrangler en lui offrant un poème plus souple. Les poèmes sont bien élaborés dans des tons  parfois burlesques, pathétiques, satiriques mais le lyrisme reste ce qui prime sur tous les textes.

« Souffle équatorial » est empreint d’une profonde musicalité, d’un indéniable lyrisme et d’un réel sens du rythme. En jouant avec les mots, les poètes critiquent brillamment notre monde et ses travers, notre monde qui se délite, se fissure peu à peu.

Ils interrogent le monde d’aujourd’hui et celui d’hier à travers des vagues de souvenirs. Ils tentent d’amener leur lecteur à prendre conscience du monde dans lequel il vit.

Je suis sortie de la lecture de recueil avec deux sentiments. Le premier est un sentiment de joie, de fierté mais aussi d’espérance en un avenir meilleur, car si les poètes ont pu se mettre ensemble pour penser les maux de notre terre, c’est le signe qu’il est bien possible que nous nous mettions tous ensemble au travail pour panser les maux qui nous minent. Le deuxième sentiment est celui de l’urgence d’une prise de conscience du monde dans lequel nous vivons, monde de plus en plus malade et en perte de repères. Loin d’être pessimiste cependant, je retiens, après avoir lu « Souffle équatorial », que cette partie de l’Afrique, appelée Afrique Equatoriale, a son mot à dire dans la construction de ce continent. Les richesses ne manquent pas. Les hommes et les femmes qu’il faut, font peut-être défaut. Cette terre symbolisée sur la première de couverture du livre par une charmante femme qui porte une grosse calebasse contenant les maux qui la minent et la dominent de tout leur poids. Que vienne le souffle du renouveau pour que d’une prise de conscience individuelle et collective, nous nous relevions de nos chutes. Ce livre, je l’ai aimé pour son caractère engagé et son souffle engageant. Je vous le recommande vivement. Qui s’y plonge n’en ressort pas indemne. Essayez le coup, et racontez-moi votre expérience. Je vous retrouve mardi prochain pour un nouveau partage

L’orchidée Moulengui

[1] Un fleuve du Gabon.