Canal de transmission de messages et de sensations, le livre est un instrument très important pour qui veut garder et sauvegarder la mémoire personnelle et/ou collective. Et voguant sur les vagues d’une vie aux émotions variantes, les écrivains comme Flore HAZOUME, se font un plaisir à pagayer dans le torrent « doux-amer » de leur existence. Nous proposons ici une petite incursion dans la réalité livresque de l’auteur à travers son livre « JE TE LE DEVAIS BIEN » Lorsqu’en 2012, Flore HAZOUME, la petite fille du célèbre écrivain béninois Paul HAZOUME, décida de faire paraître son ouvrage, elle prit un aller-simple pour un retour dans son enfance: « JE TE LE DEVAIS BIEN… » est un roman-récit serti des « souvenirs doux-amers » de sa mère, le tout émaillé de ses appréciations de petite fille innocente et naïve.

 

 

« JE TE LE DEVAIS BIEN » fait cas des souvenirs d’enfance de la narratrice. À travers les yeux et la mémoire de sa mère, elle retranscrit le parcours difficile de sa famille, séparée dans un premier temps d’un père persécuté et exilé par les forces politiques en action dans le Congo d’antan. Cette situation désastreuse en faisant état d’un exode difficile, fut suivie d’une séparation de ce dernier d’avec la tête natale pour accoster dans une patrie nouvelle ayant des us et coutumes différents. Ainsi, séparée de son mari pour des raisons politiques, la mère de notre narratrice-auteur se retrouva seule avec quatre enfants à charge, dans un pays où la pression politique faisait rage. Ici, le lecteur peut aisément réaliser les tourments d’une femme seule, d’une mère seule qui finira par se décider pour l’option « PARTIR ». La narratrice, qui alterne son personnage d’enfant, met en relief le départ de sa mère et ses frères et elle vers la France où ils devront vivre sous la protection d’un père aimant et attentionné mais souvent absent. Plusieurs épreuves meubleront leur existence nouvelle et impacteront surtout leur mère qui, en plus douleur de la séparation d’avec sa terre natale finira par vivre celle d’avec son mari. Et comme on peut le constater, le récit des souvenirs de sa mère renvoie facilement le lecteur vers plusieurs thématiques propres à la condition humaine et surtout féminine. Ainsi, dans un premier temps, le thème de l’exode, en lien étroit avec ceux de la séparation et de la souffrance, apparait au lecteur comme la porte d’entrée dans l’univers de l’œuvre. Ensuite, le lecteur est invité à remarquer la place et la valeur qu’accorde l’auteure à « la femme et à ses sacrifices quotidiens ». Il faut l’avouer, ce qui est intéressant dans le livre, c’est la fière chandelle que l’auteure tire aux femmes pour leur bravoure, leur ténacité, leur courage…

 

 

 

La force, le courage, la persévérance, voilà autant de thématiques intrinsèquement collées aux femmes. À travers le personnage de la sœur-amie de la mère, l’enfant-narratrice et « auteure » fait remarquer la force intérieure des femmes dans l’ouvrage ; force qui a fait même plier le président. Et même si cette condition des femmes dans l’ouvrage semble être faite de bravoure, la souffrance et la douleur font aussi partie de leur quotidien. L’héroïne et récipiendaire de cet hommage littéraire appartient aussi à cette catégorie de femmes fortes que l’auteur tente de magnifier. Après l’exode sur une terre qu’elle ne maîtrisait point, elle a dû s’armer de courage. Cette force et cette ténacité lui ont permis de surmonter le clivage linguistique et les problèmes familiaux ; tout ceci avec un mari presque tout le temps absent mais attentionné. Mais il est important de noter la reconnaissance de l’auteur à l’endroit de son père qui, malgré ses occupations secrètes, faisait l’effort « d’être là ». Flore HAZOUME fait cependant usage d’un style assez particulier qui fait projeter l’image des souvenirs de sa mère. Comme un projecteur braqué sur une surface plane et blanche, la mère fait office de support. Et le montage parfait qui est fait entre la narratrice-enfant et la mère, devient la source à laquelle l’inspiration, les souvenirs sont puisés. Ayant farfouillé dans la mémoire de sa génitrice, elle en fait ressortir les joies, les peurs et les peines de cette dernière. Mère-héroïne à qui elle rend cet hommage. « JE TE LE DEVAIS BIEN… », paru aux éditions « Les Classiques ivoiriens » en 2012 est un ouvrage qui se présente comme l’acquittement d’une dette ; avec ses 142 pages.

On pourra se quitter avec cette citation du livre, espérant que chacun lira cette belle oeuvre avec joie :

 « Après avoir délégué la surveillance des plus petits à sa grande fille, la mère s’allongea sur le lit. Elle ferma les yeux. Elle avait du mal à calmer le rythme saccadé de son cœur . Une angoisse oppressait son être. Ce n’était pas forcément la rencontre avec des mondes inconnus, avec cet avenir incertain qui brisait son cœur. Ce qui lui semblait insoutenable, révoltant et qui lui faisait battre la chamade, c’était l’irruption d’un monde extérieur dans sa vie, l’intrusion de la violence des hommes et de leur politique dans sa vie. Elle a rencontré un homme. Elle l’a aimé. Il l’a aimée également et elle l’a suivi. » ( P.39 )

 

 

 

 

  1. J’invite les lecteurs à vite en procurer ce roman plein d’enseignement et de leçons. De plus, il aiderait aussi pour la culture générale