Ce n’est qu’un roman, mais plusieurs fois je me suis demandée. « Et si c’était vrai ? » Encore une histoire d’amour me diriez-vous ? Croyez-moi, cela en vaut la peine.

L’amour ? Qu’est-ce que l’amour ? Évident, palpable, réel, irréel. Il vous inspire quelques fois de beaux mots. Quand arrive la saison des maux, vous voudrez dire tout haut ce que vous ressentez. Mais le verbe se fait cher, pour ne hanter que votre esprit. Dans le silence de votre âme, vous peignez vos désespoirs sans pouvoir le décrire. Pour guérir, chacun se trouve des moyens…

« Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie ! L’amour c’est l’immortalité ! » Page 69 Gérard de Nerval. Qu’en est-il, lorsqu’on est mal accompagné ? L’auteure nous peint l’histoire d’une adolescente bien qu’intelligente au lycée et malgré sa passion pour les mathématiques, n’a pu déduire  l’équation infernale dans laquelle elle se trouvait. Elle était amoureuse et très aveugle pour voir.

Cyrielle vouait un amour pur à Wilfried ADOU, un jeune homme de 26 ans, ami à son frère et à sa famille. L’amour avait des raisons de naitre dans ces deux cœurs. L’âge ne facilitait pas cette passion. Cyrielle en avait 15. Elle savait reconnaitre ce sentiment pour l’avoir plusieurs fois lu. Ce n’était pas ce qu’elle ressentait pour Gaston-Fernand. Elle n’aimait que son Willy.

Celui-ci, le lui retournait comme il se devait. Mais attention à ne pas s’exposer pour ne pas être jugé. Que ne ferait-elle pas pour entendre ces « je t’aime » ou « candy neige » ? À contrecœur, elle restait dans l’anonymat.

  • Willy, cela fait sept mois que nous sommes ensemble. La clandestinité commence par me peser.
  • Il faut que notre amour reste secret. Il est répréhensible. En le dévoilant, nous ferons de lui, un amour impossible. » Page 84

Comme dans certaines histoires d’amour, la manipulation a pris les règnes. Et bien plus tard, le moment dont elle a tant rêvé fut son cauchemar. Elle découvre que son Willy n’était qu’un vilain loup qui a joué avec son innocence. Son « homme » prétend qu’elle est obsédée. En plus, il a toujours eu sa fiancée. Comment obtenir justice ? Que dire sans preuve ? C’est invraisemblable. Wilfried l’a plongée dans un abime. Pourra-t-elle en sortir ?

Tristesse au paradis est un roman de 260 pages. À l’entame de chaque chapitre, soit 25, une citation  d’un auteur, en relation avec le contexte nous est proposée. Elle vous laisse deviner la suite et résume la situation à découvrir. Ces citations vous accrochent. Vous avez du plaisir à lire. Le roman est assez structuré, avec des rebondissements. Vous êtes captivé par cette délicatesse dans le choix des mots. Par ces douces poésies et ces moments de doute, de jalousie que traverse notre charmante adolescente. Notre roman ne se révèle pas, il se découvre ligne après ligne. Avec des personnages exceptionnels comme : Nancy, Tricia, Thesye, Wilfried ADOU, Calvin, Raphaëlle, Gaston-Fernand, Matthew.

Les contours de l’amour ont été explorés : la première rencontre, le regard, la beauté, le don de soi, le premier baiser, la romance, les promenades, les cadeaux, les disputes, la trahison, la manipulation.etc. Nous avons été conduits dans le paradis de la romance pour redescendre en chute libre avec une grande tristesse. L’amour n’a pas triomphé, comme on l’aurait souhaité. Mais vous savez qu’il perd très peu dans ce jeu, où seul, il maitrise les règles. Le style est assez simple avec un français courant. Vous avez l’impression de vivre une histoire vraie : le réalisme.

Il y a quelques coquilles qui seront certainement revues. Certes, c’est une belle création Tristesse au Paradis, je note peu de « phrases fortes » pouvant servir de citations.

Ici encore la responsabilité des parents est interpellée. Les parents se désengagent. C’est un fait. Ils vivent avec leurs enfants sans les connaitre. Chers parents, c’est l’heure de transcender les tabous, pour sauvegarder le peu de dignité qu’il y a encore en ce monde. Tous les adultes ne sont pas responsables. Pour l’avenir de vos enfants, vous devez veiller à bien choisir votre entourage. L’école ne peut plus vous apporter son aide. Elle a le dos au mur.

Chaque enseignant voudrait prendre soin de sa famille. Si vous ne prenez pas soin de la vôtre, personne ne le fera pour vous. Qui voudrait croupir en prison par amour pour un être humain ? À moins d’être Jésus !  Chacun s’occupera de ses oignons. Prenez vos enfants en charge, car les rues se remplissent.

« Attention, les enfants, danger ». L’adolescent nous raille de farces. Il faut redoubler de vigilance pour ne pas tomber dans ces pièges. Vous en garderez des souvenirs amers comme Maimouna d’Abdoulaye Sadji. Vous en sortirez peut-être après de longues années de dépression comme Cyrielle.

Le désir n’est pas l’amour. « Deux moins un, en amour, c’est égal à zéro. » Hervé Bazin Page 55. Grâce Minlibé est une auteure Ivoirienne.  Tristesse au paradis est son premier roman paru aux éditions Vallesse, publié en 2017. C’est ce chef-d’œuvre qui fait objet de cette présente chronique. C’est d’ailleurs ce roman qui lui a permis de remporter plusieurs prix dont Horizon 2018. Grâce au prix Littérature et musique organisé par les éditions Souffle court, elle devient en 2015, coauteur du recueil de nouvelles « Une nuit avec Barker ». Elle a également à son actif un recueil de poèmes « Chimères de verre » publié aux éditions Edilivre en décembre 2014. Sur son site « Les notes de Grâce M. », elle écrit « Je lis, j’écris et je n’oublie pas de vivre !!! » La vie de notre auteure se résumerait en cette phrase toute simple.

Jeune, ce livre est pour toi. Revenons à la lecture. Elle sauve des vies.

« Qu’es-tu donc, toi qui m’aimes ? Le miroir où je me regarde ou l’abîme où je me perds ? » Page 49, Gustave Thibon.

 

  Léa OVIDIO de SOUZA