« Impudiques » de Éliane Chegnimonhan: comme nos  »Bouts de bois de vice ».

« Impudiques » de Éliane Chegnimonhan: comme nos  »Bouts de bois de vice ».

Éliane Chegnimonhan l’aura sans doute compris: nous ne pouvons compter nos péchés, ni peser la noirceur du coeur de l’Homme, ni définir tous ses vices. Et ça, elle a bien su le prouver dans son oeuvre au menu du jour. « Impudiques« , est un recueil édité en 2016 aux Éditions Edilivre en France. Ce recueil contient des récits relatés sous formes de témoignages. Cinq récits, 146 pages et Éliane Chégnimonhan nous plonge dans la grande marrée opaque de nos vies, sans nous avertir de la chute dangereuse vers la boue. La fameuse boue, propre travail de l’Homme, dans lequel nous nous empêtrons, résultats de nos actions, nos attitudes, nos vérités, nos ombres, nos croyances. On lit Impudiques et on a l’impression de découvrir la vraie vie. Une peur au ventre qui nous saisit, oui, parce que l’auteure n’a pas mâché ses mots, elle a su écrire les bassesses de cette société se cachant derrière un écran de mensonges infinis. On renvoie l’image, de l’homme parfait, de la femme forte et ou comblée, de la famille parfaite et quoi d’autres encore. D’autres cèdent, d’autres luttent, d’autres encore sont indécis. Avec,  »Le cahier intime de ma mère », nous rencontrons Cica, fille unique qui est désormais orpheline de père et de mère. Sa mère, la seule parente qui lui restait après la mort de son père, vient d’être enterrée, enlevée par les affres du cancer. La jeune femme, haut de ses vingts ans, déboussolée, triste et esseulée, devra non seulement faire face à son deuil, à ses peurs mais aussi aux révélations mystérieuses que sa défunte mère lui laisse découvrir au travers d’un journal intime écrit de son vivant. Sur le lit, Cica, ira de sentiments en sentiments, voyant défiler devant elle, peinte sur des pages blanches, la vie de sa mère. Et dès le premier chapitre, ce qu’elle y découvre la laisse sans mots. Et nous avons de l’autre côté avec  »Le lourd secret de la famille Ayéchoro », une famille, riche, opulente, respectée , c’est bien l’image que projette la famille Ayéchoro dans la société. Et pourtant, quand le miroir se brise, l’image change. Un jeu dangereux entre père et fille, se joue dans l’ombre depuis des années et vient basculer l’univers féérique familiale. Le secret s’enfle, grossit et éclate. Grossesse mystérieuse, secret, douleurs, folie, suicide. Les répercussions n’en seront que grandes et inimaginables. Le soir, la famille est brisée, morcelée comme si elle n’avait jamais existé. Nous n’avons pas le temps de reprendre notre souffle que déjà une autre histoire commence :« L’histoire que je vous raconte est perçue pour ceux qui habitent dans la ville dont je suis originaire comme une légende, modernité aidant, une erreur ! » Voilà, vous avez lu le récit de « L’iroko de Bambouka« , car cette phrase à elle seule résume tout. Ce récit nous ouvre une porte sans y laisser infiltrer un rayon de lumière sur les mystères de la tradition. À la fin de la lecture, nous restons toujours sur cette faim.. Celle là, qui nous amène à vouloir creuser et savoir. Modernité, religion, ou tradition… le doute réside encore. Dans un texte simple, l’auteure résume en quelques scènes l’intifada de nos traditions, nos religions, nos cultures… des questions d’un passé, d’un présent, d’un futur, que nous continuons toujours de chercher à comprendre. Et ce fut au tour de « Zoul, le prix du choix » et « Un couple presque parfait », qui nous exposent le plan du cœur de l’Homme et de ses noirs démons. Le prix de l’amour payé cher, le visage amer de la jalousie, le côté sombre et inquiétant. L’homme qui souffre et subit à cause de l’homme. Des récits percutants, sensibles, vrais et uniques. Et maintenant cher lecteur, dis moi comment te sens tu ? Mal, ou peiné, ou plein de rage, ou perturbé. Tu vois, il arrive toujours un moment, ce moment dans nos vies, où nous nous sentons un peu impudique comme nos bouts de bois de vices.

Annette BONOU

Annette Bonou. Rédactrice Web.

4 comments

Oh my book, j’ai envie de dire…merci pour ces mots posés sur vos Mo (Data). Je vous suis suis reconnaissante chère chroniqueuse et Merci à Abbé Destin (mon talentueux ami lointain) pour cette chérie sur le gâteau. 😇😉

Oh je ne l’ai pas encore lu, mais cette chronique littérature de l’œuvre me donne de l’eau à la bouche. Déjà. Oui. Oui.

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