« Munyal, les larmes de la patience » de Djaïli Amadou Amal : Je suis une fille pour mon plus grand malheur… »
Aujourd’hui j’ai décidé de nous emmener vers le sahel avec Djaïli Amadou Amal une romancière Camerounaise. Munyal, les larmes de la patience, c’est la voix de trois femmes : Ramla, Hindou, Saphira qui nous conte leur histoire depuis ce jour où le soleil se lève comme tous les autres jours. La société définissait la place de chacun. C’était ainsi, ça ne pouvait être autrement… Dans un coin d’une chambre, des yeux tristes épiaient les moindres gestes d’une jeune fille nue qui ne semblait pas voir le monde qui l’entourait. Elle était là calme, répétant encore et encore des paroles inaudibles dont elle seule détenait le sens. Elle ne semblait pas entendre les voix qui sortaient des quatre hauts parleurs qu’on avait installés aux quatre coins de la concession, la voix d’un grand musulman à ce qu’il parait et qui pouvait permettre de conjurer le mauvais sort jeté à la jeune fille…
« Transformée » de Annie-Josiane SESSOU : ou « Décocher des coups de poing dans le ventre de Dieu »
Nous ne formions qu’un. Ce n’était pas toi et moi ou moi et toi, c’était Nous. Sans crier gare, un jour tu t’es mis à me faire mal. J’ai pleuré, demandé ce qui n’allait pas et implorer ton pardon. Or tu as fait fi de mes larmes. Ce soir s’il te plaît fais-moi une faveur. Je veux dormir avec toi. Ne laisses pas un pan de pyjama m’incommoder, ne laisses pas mon bras hors du lit, empêche moi de tomber. Reviens et faisons à nouveau un. Reviens mon corps. ( Annie-Josiane SESSOU, Transformée, Éditions La plume d’or, 2018, P19.) Des mots simples et profonds écrits à l’endroit d’un seul et unique être: son corps. Un compagnon de vie, pour la vie et dont l’abandon laisse triste, mais surtout transformée. Si je devais donner un titre à ce pan de texte empreint d’amour, de surprise, de résignation, de prières, j’aurais proposé sans…
« Sincères condoléances » ou l’art de faire son deuil au moyen du sexe et de l’alcool
Il est une réalité indéniable : tous les hommes sont mortels et tous mourront qu’ils le veuillent ou non. Mais la grande question qui se pose est de savoir comment les hommes se comportent face à la mort. Comment vivent-ils ces moments tragiques de séparation où la vie devient insipide et l’existence vide de sens? Comment traversent-ils ces épreuves qui leur tombent dessus comme un cou de massue leur imposant un nouveau style de vie où parfois ils devront tout reprendre ou se réadapter à une nouvelle vie? Eplorée, Gisèle Ayaba TOTIN décide d’empoigner sa plume pour transcender cette douloureuse épreuve. Elle perd un être cher, et pour faire son deuil, elle écrit un livre; « Sincères condoléances« . Qui est cette auteure? Que peut-on retenir de son livre? L’Auteur De nationalité Franco-béninoise et passionnée des Lettres, GisèleAyaba TOTIN est née en 1978 à Toulouse de Zéphirin Comlan TOTIN et de Thérèse…
« Allah n’est pas obligé » Rire pour ne pas mourir de chagrin
Introduction L’œuvre dont je voudrais vous parler aujourd’hui, vous l’avez peut-être déjà lu une ou plus d’une fois. Peut-être en avez-vous entendu parler. Peut-être que c’est la première fois que vous la connaissance de « Allah n’est pas obligé« . De toutes les façons, dès que vous aborderez ce roman, vous serez quelque peu surpris voire bouleversé par son titre : « Allah n’est pas obligé« . Pourquoi Allah n’est donc-t-il pas obligé ? Qu’est-ce qu’il n’est pas obligé de faire ? De quoi veut-on bien parler dans ce bouquin ? Puis à la lecture de ce titre enveloppé de mystère, vous ferez la rencontre glaçante d’un bambin, personnage principal de son univers qu’il narre à l’aide d’une armée de dictionnaires. Vous découvriez aussi dans ce livre des situations de souffrances atroces de la vie, des situations qui désolent et qui chagrinent, mais puisque Allah n’est pas obligé de toujours intervenir face aux lamentations des…
« Le monde des assoiffés », Laurent SOTCHOEDO : Entre la femme et le pouvoir
En guise d’introduction Le pouvoir et l’amour peuvent, en fonction des circonstances et des sujets, se transformer en une soif lancinante et aberrante pour finalement devenir une entité destructive : l’amour du pouvoir. Mais il n’y a pas que l’amour du pouvoir seul qui détruit, le pouvoir de l’amour peut être dans certaines mesures destructives. L’écrivain se fait le devoir ici de conduire le lecteur à un voyage inouï. Ce voyage conduit le lecteur aux tréfonds du pouvoir et de l’amour. La plume étincelante de l’écrivain béninois, Laurent SOTCHOEDO nous convie à cette randonnée livresque. L’œuvre Après plus de trente ans de règne, le peuple demande à son souverain de se retirer des affaires de l’Etat. Habituellement, ils fondèrent leur argumentaire autour des problèmes d’ordre économique et social. Mais cette fois ci, ce fut un autre son de cloche ; l’état de santé défaillant du président était sur le tapis. Voilà bien…
« Le discours d’un affamé » Edgar Okiki Zinsou
L’une des absurdités qui ébranle les valeurs humaines et qui est le prototype de l’espèce humaine est la ségrégation raciale. Cette gangrène infecte la sociabilité des hommes en traversant des générations sur des générations. Et pour rouspéter contre ce mal, beaucoup d’écrivains ont usé de leur plume telle une épée afin de détruire les bases de ce système rétrograde. C’est dans cet optique que l’écrivain Edgar Okiki ZINSOU se lance à travers son premier roman « Le discours d’un affamé ». « Ventre affamé n’a point d’oreille » dit-on. Mais, ce « Ventre affamé » a-t-il une bouche jusqu’à ce qu’il puisse parler et faire un discours ? Allons ensemble à la découverte de cette oeuvre. 1- Biobibliographie de l’auteur Né en 1957, Edgar Okiki ZINSOU est originaire de Ouidah, Bénin. Entré au Collège Père Aupiais de Cotonou en 1970, il y fait ses premières armes dans la poésie. Devenu étudiant, il s’essaie à d’autres genres…
« Les appels du Vodún » Olympe Bhêly-Quenum
INTRODUCTION Olympe Bhêly-Quenum est un écrivain que l’on ne présente plus. De par ses écrits, de par son style et sa thématique, il a toujours montré son attachement à sa terre, à ses origines, à sa culture. De nature jaloux de son héritage culturel tel un digne descendant de Vodúnsi, Olympe Bhêly-Quenum commence à sourire à la vie un 20 Septembre 1928 à Ouidah, ville coloniale, et en même temps creuset du Vodún ; une telle situation spatio-temporelle de ses origines n’ayant pas manqué d’influencer son style littéraire et ses prises de position. Né avant les indépendances en Afrique et ayant vécu l’époque coloniale, il a toujours su user de ces atouts non négligeables pour défendre sa culture, ses origines, et faire une guerre pacifique tant au colonialisme qu’au néocolonialisme puis aux différents maux qui minent la terre noire. Ainsi, comme nous ne manquons pas de le mentionner ici sur Biscottes…
« Les pleurs du sable » Martial ADJÉ
<< La démocratie est un luxe pour les pays africains>> disait l’ancien Président français Jacques Chirac. Un luxe si cher à se payer qu’au lendemain des indépendances, les pays africains plongèrent dans les travers de l’autoritarisme avec à leur tête, pour certains, des dirigeants dictateurs et tyranniques. Les dérives de ces régimes, tel un tsunami, ravagent tout le système étatique et plonge les pays dans le désespoir. Une situation pareille dans un pays imaginaire est exposée dans l’oeuvre « Les pleurs du sable« de Martial ADJÉ, écrivain béninois qui en est à son premier roman. Rappelons que Martial ADJE est aussi auteur d’un recueil de nouvelles intitulé « Je vous offre mes testicules« . Mais quels mystères recouvre son roman « Les pleurs du sable »? Découvrons ensemble ce roman au titre accrochant. Résumé « Les pleurs du sable » nous retrace la mésaventure de Michel qui a eu le malheur de s’opposer au régime qui était en place dans…
« Xala » d’Ousmane Sembène ou La révolte des spoliés
Introduction La période post indépendance est davantage marquée par un désir d’acquisition des parcelles de pouvoir par les nouveaux dirigeants et élites africains. Ayant longtemps critiqué la politique de domination occidentale, la nouvelle élite considérée comme fils authentiques du terroir semblait donner de l’espoir dans l’avenir tant défendu et rêvé des peuples africains. Toutefois, la gestion de ces dirigeants africains, loin de favoriser l’émergence politique et économique de leurs pays était plutôt orientée dans des politiques de gestion individuelle et égoïste. L’œuvre littéraire « Xala » du grand sénégalais Ousmane Sembène entend revisiter les premières heures de la gestion des nations africaines et les nombreuses désillusions du peuple occasionnées par ses propres dirigeants. Ce livre nous entraîne dans un long voyage où la gabegie financière, la corruption, la polygamie, l’injustice semblent cohabiter aisément dans une société où les riches deviennent de plus en plus riches au détriment des indigents. La vengeance des…
« Huis Clos » de Jean-Paul Sartre
Pour une mise en route Né à Paris en 1905, il est l’auteur de romans : « La Nausée », « L’Age de la raison », « Le Sursis », « La mort dans l’âme » ; et de nouvelles : « Le Mur » ; d’une autobiographie : « Les Mots » ; d’essais philosophiques : « L’Être et le néant », « L’Idiot de la famille » ; de théâtres : « Les Mouches », « Huis clos », « Les Mains sales », « Le diable et le Bon Dieu », « La P… respectueuse », « Les Séquestrés d’Altona ». Avec l’une de ces dernières, il a retenu notre attention et sidéré notre élan toujours curieux à la chose littéraire. Nous le découvrons ici, plus amplement dans son théâtre « Huis clos » paru sous les éditions Gagliardi en 1947, qui n’est qu’une pure relique de l’originalité de celui-là même qui se laisse aisément dévisager : Jean-Paul SARTRE. Il n’inspire pas en effet, que nos visions philosophiques, mais aussi et surtout notre intérêt dans le champ renouvelé de la littérature classique. « Huis clos », puisqu’il faut le…