Category Archives: Nouvelles par épisode

Ce matin, maman est allée me voir dans ma chambre. Elle sait que j’ai en horreur cette vilaine manie de papoter au lever du jour. Quand j’ai entendu taper, je m’étais déjà emportée avant de l’entendre m’appeler par mon petit nom : Désirée. J’ai un faible pour ce nom. Un grand faible. Et quand c’est ma mère qui l’utilise pour m’appeler, je l’aime davantage. Pourtant, je ne voulais pas ouvrir, je ne voulais même pas entendre les toc-tocs répétés qui faisaient geindre ma porte, et dont l’écho se répandait dans ma chambre, m’empêchant de continuer mon sommeil. Comment peut-elle ignorer, M’man, que je suis fatiguée, après une soirée si chargée ? Boissons. Danses. Ripailles. Beuveries. Mais qu’y pouvais-je ? C’était quand même ma mère. Je me suis étirée trois fois, égratignant mes doigts contre le mur. D’ailleurs, il me faut changer de position à ce dernier. Je sortis ouvrir. Un sourire ensoleillé m’accueillit.…

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Nous sommes devenus de très grands amis. Et trois années plus tard, nous réussîmes à notre bac. Je fis des études juridiques alors que Rachelle devint médecin. Nous formions une famille qui fut soutenue par nos parents respectifs. Notre vie était une des meilleures, nous ne manquions de rien. Mais quelques années plus tard, je perdis mon boulot, au point où plus personne voulut de moi. Je ne savais pas que je ne devais pas appliquer la rigueur de la loi, le mis en cause était un parent du Ministre de la Défense. Avec mes relations, je ne réussis néanmoins pas à trouver une issue à ma situation. Mais cela ne dura que le temps d’un éclair. J’étais descendu au cachot du chômage. Seule Rachelle nourrissait la famille. Elle se démenait pour que nous subvenions à nos besoins quotidiens. C’était une réalité que mon égo d’homme n’acceptait pas trop, ni…

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Durant deux semaines, j’évitai de parler de ce sujet. Les jours passèrent, les semaines passèrent, et un jour, sans me le demander, elle vint chez moi à la maison. Enfin, chez nous, c’est-à-dire, chez mes parents. Je ne savais pas comment elle a fait, mais un mercredi soir, ma mère m’annonça que j’avais une visite. Grande fut ma surprise de voir Rachelle. Qui suis-je pour que la plus belle du lycée vienne me voir à la maison ? Je la reçus, et dans nos discussions, il ressortait qu’elle était d’accord pour qu’on sorte ensemble. Houm! sortir ensemble. Pour aller où?  voulais-je lui demander. Mais ma gorge s’irrita et une toux violente mit fin aux assauts de cette phrase qui ne sortira jamais. Et pourtant, il aurait fallu que… En tout cas, c’est vrai que nous partagions beaucoup de choses en commun : football, musique, films et séries, haine des sciences physiques et…

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C’était ma première fois. Le cours avait commencé avant que je ne rentre en classe. J’ai dû chercher des excuses imaginaires auprès du Proviseur. Mais comme je faisais partie de l’équipe de football du lycée, je n’avais pas été puni. Mais j’avais été sérieusement verbalisé. En classe, le professeur me réprimanda et m’avertit qu’il ne tolérerait plus de retard. Je ravalai ma fierté et comme un margouillat mouillé, je hochai la tête en signe d’approbation. Durant tout ce cours, je ne m’étais pas du tout concentré. Je me trouvai étrange, d’être près et si loin de cette belle créature assise à mes côtés, une créature inaccessible mais qui m’assommait volontairement ou inconsciemment de milliers de maux, les maux les plus affreux qui puissent exister au ciel, sur terre et aux enfers. J’étais comme dans des nuages, qui, sous peu, allaient s’amonceler pour laisser place à un grand orage. Je le…

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Les trois jours qui ont suivi, je refis la même chose. Même résultat. J’abandonnai donc cette course poursuite, à la recherche d’un grain de mil au bord de la mer. Et pourtant, je n’ai cessé de penser à elle, à cette belle inconnue, au visage d’ange. A la fin de l’année, j’obtins mon Brevet d’Etude du Premier Cycle et j’entrai au lycée. Le premier jour de la rentrée, comme cela se fait chez nous, beaucoup d’élèves ne vont pas à l’école, laissant à ceux qui vont le sale boulot de nettoyer les salles. C’est le jour aussi où les parents d’élèves viennent avec leurs enfants pour les inscriptions. Cela dure d’ailleurs parfois deux à trois semaines. Je faisais partie de ces nouveaux élèves pressés d’en découdre avec le second cycle. Nous y sommes allés tôt le matin, avions nettoyé nos classes et places. Je m’étais assis au beau milieu de…

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Je m’appelle Décadjèvi. J’ai aujourd’hui 45 ans. Mon père, un vrai pauvre au sens plein du terme, a dit que suis né un peu avant la dernière invasion des criquets migrateurs, qui a plongé les miens dans la misère jusqu’à ce jour. Mais ma mère, une habituée aux douleurs et souffrances, soutient que c’est un peu après que les hommes aux cheveux de barbes de maïs ont éventré les forêts de nos régions en posant les rails, causant la désolation dans notre village puisque ces forêts étaient pour la plupart des lieux sacrés où on avait enterré les anciens du clan des mangeurs de margouillats dont je suis issu. De toute façon, je réalise que je suis né en temps de malheur. Les événements de la vie ne surviennent pas comme nous l’avons prévu; c’est mon grand-père qui disait cela en rotant bruyamment après son plat de haricot. Moi je…

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Nous étions à présent dans la grande période des mutations. Les intellos du CCSM ne dormaient à présent que d’un seul œil. Le vent de ces mutations soufflait où il voulait et dans le sens de vos désirs, il vous comblait ou vous décevait. Le parterre d’enseignants aux grosses lunettes fièrement juchées sur le bout du nez le savait fort bien. Ils savaient également que pour se tailler la meilleure part du partage, il faudrait avoir le doigté habile, le geste qu’il faut. Nous savions qui pouvait faire quoi à qui et qui pouvait enquiquiner qui sans représailles. Mais ce que moi je ne savais pas, c’était  quel élève du CCSM pouvait endêver M. Dimitri. Bon je dis cela dans l’espoir que vous puissiez avoir le fin mot de cette frasque. Il ne faudrait pas que je vous livre tous mes pions. Et le temps aussi me presse. Bientôt l’heure…

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-Je disais qu’un Bantoue c’est un homme au cœur noir et à la peau noire. Longtemps on a cru qu’ils étaient des noirs mais ce sont des blancs comme M. Dimitri. Dire de quelqu’un qu’il est blanc, c’est affirmer en langage codé qu’il est un peu dérangé dans son être. Et cela, personne n’ignorait que M. Dimitri le savait aussi. Un grand remue-ménage secoua la salle. M. Dimitri réussit non sans peine à réinstaurer le calme. -Déculotte ta pensée mais va à l’essentiel, ordonna le professeur. Cesse de nous distraire avec de tels boniments. -Tout l’essentiel à savoir sur le Bantoue que vous êtes réside dans ce que je viens de dire Monsieur. Monsieur Dimitri prit ses affaires et sortit de la classe pendant que les partisans de l’Espion-Rouge le huaient ouvertement. Une chose est quand même étonnante, quand les loups garous veulent s’y mettre, les loups eux doivent permettre…

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16 février. Voici quatre jours maintenant depuis notre dernier cours de philosophie. Personne ne sut ce qui s’était réellement passé entre L’Espion-Rouge et M. Dimitri. Le drame tomba dans le secret des dieux. 07h00 cours de philosophie. Il nous faudra encore faire surgir de l’étonnement une certaine philosophie Africaine. Bien que cette partie ne soit pas dans le programme du secondaire, M. Dimitri décida de survoler les choses pour nous en parler. Le commentaire de texte du jour suscitait l’intérêt de tous. Il fallait voir la météo des visages lorsque le texte fut mis à notre disposition. La philosophie Bantoue, de Placide Tempels. Un passage provoquait particulièrement l’indignation de tous. Il était inconcevable que les occidentaux prétendissent être les seuls en mesure de nous parler d’une philosophie Africaine. -Aujourd’hui nous allons parler de cette ethnie Bantoue, déclara M. Dimitri. J’étais assis au fond de la salle. Tout au fond contre le…

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« Authentique histoire du philosophe Dimitri, parce qu’il faut le notifier, c’était un philosophe. » Tous me regardaient avec ce regard qu’une totale curiosité confère. Je poursuivis… Elle était là, interdite devant ce spectacle désolant qui s’offrait à elle. L’effroi provoqué par ce dernier dénuda ses pores à tel enseigne qu’on pourrait se donner le loisir de les compter. Ruth paniquait. L’auteur de ses déboires était à présent à genou, bras en croix les yeux levés vers son interlocutrice. De l’extérieur je suivais la scène, ahuris et blême. Dimitri était le trublion de trop pour la quiétude de la jeune Ruth. Eminent professeur de philosophie, la quarantaine révolue, il était le maitre de sa matière. Avec lui c’était le magister dixit- le maitre a dit. Monsieur Dimitri imposait le respect et l’admiration, perché du haut de ses un mètre quatre-vingts. Mais le voilà qui se débarrassait de son manteau de magister.  Il…

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