Category Archives: Nouvelles par épisode

Le jour où Bidouzo fut de tour pour assurer la dernière recréation de l’année, il s’était mis dans la tête de raconter l’histoire de l’Espion-rouge et de M. Dimitri. La dernière récréation de l’année était un grand évènement. C’était l’occasion pour tous les groupes d’espionnage de déballer le scoop de l’année sur nos professeurs ou sur un administratif. Bidouzo se targuait donc d’être le seul capable de compter cette histoire, lui, un espion rouge, parce qu’il était en effet le seul à porter une tenue bien repassée. Parce qu’il était le seul dans tout ce collège à mettre une montre bracelet Adidas-Gucci. Je lui opposai une farouche fin de non-recevoir. – Tu ne compteras pas cette histoire, lui lançai-je avec défi. Ces espions-rouges avaient fait trop de dégâts dans ce collège pour que je les laissasse se pâmer d’aise au récit de cette histoire. Lui, Bidouzo était le premier ex…

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Simin et Sènou retrouvaient leurs habitudes en ces lieux. Ils étaient tous deux adossés au mur de la clôture du cimetière et scrutaient le ciel. C’était le lendemain de la Toussaint. Deux heures du matin. Calme de cimetière. Les ombres erraient dans l’enclos à elles dédié. Le gardien des lieux, le vieux Yèdji entendit une discussion à glacer le froid. Il avait l’habitude de les entendre du haut de ses 70 ans. Voilà 40 ans qu’il travaillait en ces lieux. Il s’était tellement habitué à la ville des morts qu’il ne les quittait plus. Il vivait plus avec eux qu’avec tout autre être vivant. Il entendait souvent le marché s’animer. Il entendait les bonnes dames deviser sur leurs marchandises comme si elles étaient dans la vraie vie. Il recevait même la visite d’Afi qui lui demandait de l’épouser chaque nuit. Dès deux heures du matin, Yèdji guettait Afi qui venait…

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Missouwa, après le départ de ses hôtes, frissonnait et transpirait. Une odeur familière et insistante lui parvenait. Elle était perdue, désorientée. Plongée dans un état second, elle se déshabilla lentement. Dans des gestes lents et précis, elle offrit au miroir un corps parfait. Une croupe galbée qu’enveloppait son sous-vêtement. Elle se sentait vue. Regardée. Observée. Son miroir lui renvoyait une image où on l’admirait. Un regard pesant et froid flottait dans l’air. Elle avait subitement envie de revoir son mari. De le toucher, de lui parler. Depuis deux ans où il était parti, elle ne se faisait plus désirer. Elle fit de son corps un sanctuaire où rien ne le souillait, où rien ne perturbait cette âme qui la tenait. Missouwa hoquetait et pleurait maintenant. Le départ de Simin et Sènou l’avait profondément attristée. Elle aurait voulu les rattraper. Elle sentait un détachement évident entre elle et ces deux hommes.…

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Simin écarquilla de grands yeux ronds, promena un regard méchant dans tout le séjour et toucha son cousin avec de petites tapes : -Viens, on s’en va. Il se levait déjà de toute sa lourdeur pataude et prit le chemin de la sortie. Sènou le héla et l’apaisa : -Simin, calme-toi. Nous allons en parler. Il se retourna vigoureusement. -Parler de quoi ? cria Simin. Je te l’avais dit. Je t’avais dit que cette dame, aussi célèbre soit-elle, sélectionnait ses contrats. Il lança encore un regard de biais à l’appartement et sortit à grandes enjambées. Missouwa, imperturbable, ne pipait mot. Elle souhaitait qu’ils prennent départ pour se reposer car elle était vraiment à bout de toute force utile. Simin était un de ces hommes sur lesquels on ne compte pour rien. Son esprit était à l’image de son corps. Mal proportionné et mauvais. Bavard et sans retenue, il veut montrer une richesse qu’il…

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S’il y avait une chose que Missouwa peinait toujours à faire et refusait de s’y adonner, c’était de chanter à des cérémonies funéraires. Elle jugeait que par respect pour le défunt, point besoin d’éclats ni de fastes. Il fallait juste l’inhumer et prier pour le repos de son âme. Elle avait en aversion les démonstrations d’opulence, les dettes faramineuses engagées à cet effet pour satisfaire le goût jouissif des endeuillés qui très tôt, oubliaient les pérégrinations du disparu sur terre alors qu’il ne bénéficiait d’aucune générosité de leur part mais devait subir à sa mort un étalement théâtral de compassion et de réjouissances en son honneur. Pourtant Simin et Sènou étaient venus pour ça. Pour solliciter les talents de Missouwa pour les cérémonies de la défunte décédée depuis un mois. Ils étaient venus du pays voisin et souhaitaient une fin glorieuse pour leur parente. Dès leur entrée, Sènou fut frappé…

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Missouwa, femme africaine Au regard de jais Le soleil pâlit à chacune de ses apparitions pour lui faire honneur Cou strié, doté d’un collier naturel qui nourrit l’envie chez ses semblables La terre fière, de porter une telle merveille remplit son sein de chacun de ses pas Silhouette sculptée, elle est frisson qui nourrit l’homme découvrant son existence et en fait sienne La lune chuchote aux conteurs que quand Missouwa passe le matin, elle ne peut résister à ses déhanchements qui font de son postérieur tout un art qui ne prend fin qu’à la tombée du jour. Elle aurait hérité du nom des treize fesses, en souvenir des treize collines de sa région natale qui, jalouses de tant de beauté, firent un rang régulier pour aller mourir dans une grotte. Telle était Missouwa, source intarissable de prestance et de joie de vivre. Les éléments de la nature se sont prêté…

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Dans un dernier geste de désespoir, elle saisit entre ses dents aussi fermement que possible, la joue gauche de Sounoukpo. La douleur fut si terrible qu’il dut desserrer son étreinte. Libérée de son agresseur, Fènou sortit de la chambre à toute vitesse, dévala les escaliers en un éclair et fut hors de la maison. Elle haletait. Mais elle remerciait le Seigneur d’avoir donné à ses dents la puissance des crocs du guépard, ce qui lui permit de sauvegarder sa dignité. Sur le chemin du retour à la maison, elle se culpabilisa un peu. A cause d’elle, ils se retrouveraient tous, sa famille et elle, sans toit. Elle n’avait juste qu’à se livrer et tous leurs problèmes feraient désormais partie du passé. Mais elle avait promis sa virginité à son Yèï quand ils se marieront. Et elle comptait bien respecter sa promesse. Quand elle rentra, elle constata à sa grande surprise…

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Il retira de son tiroir une grosse liasse de billets, en compta soixante mille et lestendit à Fènou. Quand la main de cette dernière fut près des siennes, Sounoukpo l’empoigna vigoureusement. Que fais-tu ? Tu me fais mal ? Protesta énergiquement Fènou. Excuse-moi, Fènou. S’efforça de dire Sounoukpo. Tu sais bien que depuis toujours, j’ai toujours voulu t’avoir dans mon lit. Je veux vraiment t’aider mais ne penses-tu pas qu’il serait normal que tu me donnes ton corps de rêve en retour. Tu es malade. J’ai été idiote de te croire. Pour une fois, je t’ai vu comme un agneau mais tu me dissimulais l’horrible loup que tu as toujours été. Tu ne verrais jamais, ne serait-ce que les bretelles de mon soutien-gorge. Tu me dégoutes. Je m’en vais. Le sang de Sounoukpo ne fit qu’un tour. Il l’agrippa de toutes ses forces et tenta de la déshabiller. Fènou était prise au…

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En ces temps-là, quand entre deux voyages entre Pékin et Dubaï, Sounoukpo croisait son père à la maison, ce dernier se contentait toujours de lui lancer la même phrase « Alors jeune homme, tu t’en sors ? Bosse bien hein. Tu vois tout ce qu’on dépense pour toi ? C’est pour te mettre dans les meilleures conditions. Donc ne me déçois pas. » Deux semaines pouvaient alors passer avant qu’il ne le recroise et aie droit à ce sermon négligé. Pour attirer l’attention des siens, dans sa petite tête, il se mit à imaginer tout un tas de stratagèmes. Ses premiers souffre-douleurs furent les geeks de sa classe. C’étaient des gamins plutôt brillants mais qui restaient à l’écart du groupe, préférant squatter le laboratoire informatique et la bibliothèque. Sounoukpo profitait de la moindre occasion pour les passer à tabac, aidé des cancres de la classe. Les convocations successives du Surveillant Général adressées…

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Sounoukpo sortit la tête basse des locaux de la Direction. Mais comment pouvait-on demander le diplôme du BAC pour juste écarquiller les yeux sur de pauvres femmes et empocher leurs maigres bénéfices de la journée? C’est un boulot pour lequel point n’était besoin d’être « intello », se lamentait-il. Même Aladji qui parle, le diplôme qu’il a, c’est la licence professionnelle de vente de mouton. Mais loin de blâmer Aladji, Sounoukpo s’en voulait à lui-même. Il se rappela les dix années qu’il passa au collège. Mais dont il sortit sans aucun diplôme. Ces pitreries de jeunesse l’avaient rattrapé. Le poids des regrets alourdit ses pas. Il s’assit à même le sol, sous un arbre et là il pleura chaudement. Lui, Sounoukpo, le play-boy, le dandy de l’époque, le « show gars »…. Pour trouver la cause de sa chute, il fallait remonter vingt ans en arrière. Sounoukpo venait fraîchement d’avoir son CEP. Son père…

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