Category Archives: Nouvelles par épisode

Cotonou. Six heures. La lueur matinale quoique hésitante, discutait déjà les derniers coins à l’obscurité de la nuit précédente. Cette aube-là, la brise matutinale n’avait pas réussi à brasser la température interne dans la chambrette du jeune homme. « “Chaudification“ naturelle » depuis la nuit. Avec les 39°C en aoutage à Cotonou et environs, eh bien,  c’est la preuve qu’il fait bon vivre dans les mégalopoles. Regard brusque jeté à l’horloge, bondissement-ressort du lit, entrée flip dans la salle de bain, toilette de soldat faite à la hâte. Une fois que la serviette ait absorbé la dernière pépite d’eau sur son corps, le jeune homme se vêtit avec une prestance professionnelle. Débardeur enfoncé dans le sous-pantalon. Ceinture passée dans chacune les courroies du pantalon qu’il enfila  en laissant la braguette ouverte. Il faut attendre que la belle chemise blanche-neige repassée et tri-passée la veille, fût enfoncée dans le pantalon noir pour tirer…

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Le téléphone sonna de nouveau: – Oui ma fille, j’ai fait la fièvre comme je te disais. A votre départ, la pluie est tombée, ma toiture a cédé et j’ai été sérieusement arrosée. Je croyais que la mort allait me visiter aussitôt, tellement j’étais fatiguée. Mais comme je te le disais, euh, le chaton est très friand du poisson. Dédévi, ma bru vient de me dire qu’au moment où elle emballait vos colis pour le retour, elle avait pensé que le chaton faisait aussi parti des objets que vous deviez emporter. Elle m’avait suggéré de vous donner un chaton en signe de gratitude, car sans ton aide, je n’aurais pas acheté la chatte qui vient de mettre bas, et les souris auraient eu le dessus sur moi.   – oh, fit ma mère. – Et donc, sans avoir mon avis, elle a mis le chaton dans votre malle arrière. Ce…

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Mon père ne répondit mot. Il était éberlué, dépassé devant les propos de sa femme. Et pour la première fois, je voyais pleurer mon papa qui me dit: « Sois sans crainte, mon fils« . Moi aussi je me mis à pleurer les entrailles qui m’ont mis au monde, puisqu’au dire de celle qui, jusqu’à cette heure était ma mère, il se révélait avec fracas qu’elle n’avait jamais conçu. Peut-être que lui non plus n’était pas mon père. Une barrière de solitude érigée subitement sur la méfiance et la déception s’érigea entre nous. Je revis mes années passées auprès d’eux, toutes ces joies dont ils m’ont enivré, tout cet amour dont ils m’ont couvert. Oh, mon Dieu! Quel coup de tonnerre dans le ciel serein de ma quiétude auprès des Koklossou où était enterré le cordon ombilical de ma vie!   Quels déchirements! Quelles déchirures ! Je ne savais plus où j’étais. Mes…

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Elle tourna dos à papa et prit sa Bible. Des psaumes pleuvaient sur le chaton qui s’entortillait comme un serpent. Il était quatre heures du matin. Maman appela le curé, le Père Tonnerre. Celui-ci, de l’autre bout du fil, prescrivait des passages à réciter et des prières de feu à déverser à flot sur la bête. Lui-même, de loin, participait au combat spirituel dans cette famille qu’il connaissait bien et accompagnait depuis fort longtemps. Il demanda à maman de lui ramener le chaton à l’aube, en veillant à ce que aucun de ses poils ne s’échappe. Autrement, l’animal se reconstituerait ailleurs, en ne laissant dans la pièce que son enveloppe charnelle. Tandis que papa essayait de raisonner maman et que maman s’évertuait à catéchiser papa, moi je maudissais le ciel pour cette nuit sorcière. Fallait-il vraiment que ce bazar se produisît à quelques heures de ma composition? Et ce maudit…

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Je revois Ewlizo qui priait et suppliait Dieu, avec force et conviction, les yeux fermés, les bras levés et le corps tout en transe. Elle déroula d’un trait le chapelet des noms de Dieu contenus dans la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse. Elle en emprunta même au Coran. Elle criait le nom de Dieu « tout pissant », lui demandant de faire descendre de son trône, le feu destructeur. Mieux, elle implorait Dieu de daigner envoyer son Archange Michel mener le combat à nos côtés. Je voyais papa perplexe, les yeux lourds de sommeil. Je me demandais s’il croyait vraiment en ce qui se passait, car à vrai dire, maman faisait de grands gestes, se contorsionnait, transpirait, remuait la tête, balançait les bras, débitait des flots de paroles fumantes. Maman ouvrit au hasard une page de la Bible. Elle la lut à haute voix, nous demandant de répéter après elle, chaque…

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Kouhounou, 23h59mn. Le temps était mauvais. De gros nuages S’amoncelaient dans le ciel de ce quartier populeux de Cotonou. Les dernières filles de joies avaient rangé leurs étalages de « pain de chaque nuit« . Les trottoirs se désemplissaient. La chaussée ne tarda pas à se faire déserte. Les Zémidjans se firent rares. La météo avait annoncé une grosse pluie. Dans les vons, les baraques avaient fermé au grand mécontentement des viveurs et surtout des viveuses, « les gos choco« , qui jetaient sans pitié leur dévolu sur les porte-monnaie des mecs branchés et ceux débranchés aussi. Mais, « Chez Dadjè » le Sodabi baptisé « Axwévi ou Zota » scellait encore l’amitié entre quelques infortunés malmenés par la précarité ambiante. Ils venaient noyer leurs soucis et complaintes dans l’alcool et, par la même occasion, se chauffaient les boyaux avant le grand froid qui, peu à peu, étendait son voile sur le quartier. Dans la rue de Hagbè…

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Gbèvivi paraissait plus nerveux que jamais. Il ne voulait pas que pendant l’exercice de son rôle de chef traditionnel, l’on gardât qu’un chant de coq avait provoqué un événement inexplicable. Il avait l’air préoccupé et fit part de son inquiétude à Fignonhou qui tombait de sommeil. Il marchait malgré lui et répondait par de brefs « hum » comme s’il suivait vraiment. Gbèvivi se dirigeait déjà vers la maison du muezzin, le très respecté El-Hadj Moussa Waidi. Gbèvivi ne s’attarda pas aux formules d’usage et enchaîna : -Aladji, vous savez bien qu’un coq qui chante est reconnu de tous comme un porteur de malheur et vous en avez entendu un cette nuit. Je suis venu vous demander de me donner le coq pour que je procède aux cérémonies prescrites en pareille situation. Aladji acquiesçait chacune des paroles de son interlocuteur et finir par dire : -Je comprends bien et j’ai aussi entendu le coq chanteur…

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-Fignonhou, es-tu en éveil ? Ouvre- moi. Fignonhou lui répondit par l’affirmatif et ouvrit. Sans préambule, Gbèvivi enchaîna : -Tu sais bien qu’un coq qui chante la nuit doit être tué sinon, malheur à tout le village. Tu as entendu comme moi le chant de ton coq. Où le caches-tu ? -Un coq ? répondit Fignonhou. J’ai bien entendu un cocorico au loin mais ça ne venait pas de mon poulailler. Mon unique coq, trop vieux d »ailleurs, est mort il y a quatre jours et mon poulailler est maintenant sans mâle chanteur. -Ne me tourne pas en ridicule, Fignonhou. Je peux devenir vert sans autre forme de procès.  Avec un poulailler pareil tu ne diras pas que tu ne disposais que d’un seul coq, celui qui est mort. Il doit y en avoir un second. Gbèvivi marmonnait des mots en coin de lèvres sous formes d’incantations tout en faisant le tour de la concession…

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Mon nom est Bécé. Je vis depuis quelques années à Gbato non loin du fleuve Tossissa. A ma naissance, la crue du fleuve a emporté mes frères et sœurs et je me suis réfugiée au sommet de la colline pour avoir la vie sauve. J’admire chaque matin les oiseaux migrateurs dans leurs courses périodiques, les mouettes paradant sur le fleuve et des tourterelles piaillant dans les arbres. Un tapis d’herbes vertes poussait à perte de vue derrière Osso la colline. Sur les plateaux de terrains, étaient cultivés des champs de maïs et d’haricot ainsi que du manioc et du taro. Le soleil avec sa forme oblong offrait force et vigueur pour la besogne quotidienne des paysans. J’observais souvent les femmes nubiles et joyeuses laver leur linge au bord du fleuve. Tout ceci illustrait mon quotidien et me rendait insouciant. Pour me nourrir, point besoin de me gêner. Les lieux humides,…

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La douleur la paralysait, néanmoins elle ne voulait croire ce qu’elle entendait. Que devait-elle faire ? S’avouer vaincue par la vie ? Elle s’assit par terre, dévastée par la méchanceté des hommes, la trahison de tous et même le mépris de sa propre mère.     Dans cet océan de désespoir et de tristesse, son esprit s’éclaira soudain. Elle sut tout d’un coup ce qu’elle avait à faire. Elle sortit d’un pas ferme et assuré de la concession. Elle ne fit pas attention aux regards méprisants qu’elle rencontrait. Elle était à présent non loin de la plage. Elle se dirigea vers une zone toujours quasi déserte. Puisque le monde ne voulait plus d’elle, que faisait-elle encore sur cette terre peuplée de méchants et d’hypocrites? Elle identifia un arbre aux branches bien fermes. De son foulard elle fabriqua un anneau. Elle découvrit un morceau de brique qu’elle transporta sous l’arbre. Elle s’y hissa…

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