Chronique sur Ecrin d’ivresse

Chronique sur Ecrin d’ivresse

Quand la muse des mots possède, l’inspiration accouche et esquive les pas de danse de ses transes. Avec l’écriture, l’on ne craint jamais les ratures successives qui mènent dans l’arène de la littérature.

Ceci n’est pas de la poésie mais juste les ivresses d’une inspiration qui commence à être trop débordante après la lecture de ce recueil de poèmes qui fait ici l’objet de cette chronique. Nous aurions voulu que cette chronique soit écrite en vers comme « Ecrin d’ivresse » ce recueil aux gentils poèmes des deux écrivains béninois Lhys Dègla et Edison Adjovi. Mais nous avons compris avec ces deux écrivains que les vers se trouvent mieux dans les mots choisis que dans les règles classiques de la poésie. Pour mieux choisir nos mots nous dirons qu’« Ecrin d’ivresse » est un recueil tout original aussi bien dans son écriture que dans son ossature. Nous remarquons d’abord le travail de forme accompli par les Editions Plurielles de Cotonou-Bénin où  le recueil est paru en Avril 2017. Non seulement ce recueil est co-écrit, il est préfacé par deux écrivains béninois, Carmen Toudonou et Habib Dakpogan.

Pour 160 pages, les trente (30) poèmes s’étendent sur trois parties dont la première (Alliathif) est dans un dialogue de vers entre les deux auteurs, la deuxième (Parchemin soufflé) écrite par Edison et la troisième (Auréole et pétales) portant la maternité de Lhys. Cette richesse de la forme, comme nous pouvons nous y attendre a déteint sur celle du fonds.

« Ecrin d’ivresse » est le fruit d’une duo, d’une symbiose d’inspirations harmonisées par le souffle de la poésie. La beauté s’est longtemps célébrée dans les textes produits par ces esprits de poètes aux plumes alertes, vives, charmeuses et surtout libres. Edison et Lhys ont laissé marcher sur l’eau leur inspiration en démystifiant le mythe selon lequel la poésie serait un genre trop contraignant qui fait appel aux tournures alambiquées, au respect de normes classiques et à l’usage de mots rares – souvent inaccessibles au lectorat. Si Edison sait comment courtiser l’inspiration de Lhys, cette dernière a la science de bien apprivoiser et entretenir la muse du premier pour que le lecteur ait droit au mariage d’un couple d’inspirations. Un mariage célébré avec amour puisque c’est de cela qu’il s’agit.

L’amour est un réservoir, un coffret, un écrin où s’amalgament, mieux se fermentent les joies et les tristesses, les plaisirs et les déplaisirs, les rires et les pleurs, les sourires et les larmes, les extrêmes positif et négatif pour faire naître ce que les deux auteurs appellent “Ivresse“. « Ecrin d’ivresse » ressort donc les couleurs très diversifiées de l’amour, ce thème éternel qui malgré son ivresse se fait contenir dans un écrin. De cette imagination poétique, nous retenons que l’amour sera toujours sacré et précieux malgré les faux pas de ses danses parfois décadentes. Lhys a su danser avec sa prolixité et Edison a su l’accompagner par sa verve de slameur.

Ce bal dansant n’a pas connu que des pas de danse sensuelle. Nous avons aussi eu droit à d’autres thématiques et champs lexicaux. Cela prouve combien la poésie ne porte pas que des marques de l’amour. La poésie est un genre tout entier avec lequel les écrivains peuvent se dire et faire passer leur message.

Au demeurant, « Ecrin d’ivresse » apporte de la nouveauté à la poésie béninoise, africaine et à la littérature. Nouveauté qu’il faille découvrir et redécouvrir, lire et relire pour souffler avec les cadences et décadences de ce mot immortel, « AMOUR ». Nous osons croire que les ivresses de l’amour ne saoulent pas.

Car l’amour naît dans l’âme et renaît comme une flamme grâce à une seule arme qui reste et demeure encore l’amour.

 

Fabroni Bill YOCLOUNON

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