« Demain n’est pas un nouveau jour 2 », Léa de SOUZA OVIDIO

« Demain n’est pas un nouveau jour 2 », Léa de SOUZA OVIDIO

… C’est ainsi qu’il me demanda de l’aider à investir si je l’aimais vraiment comme je le prétendais. Il me suffisait de l’accompagner chez son oncle radin pour lui soutirer de l’argent pour des documents en fac. Il n’hésitera pas s’il nous voyait ensemble et pour lui prouver mon amour et mon courage, comme mission, j’entrerais dans la turne de la femme de son oncle et m’emparer de tous ces bijoux de valeur.

2è partie:

Ce que je fis sur le coup sans remord mais avec amour. Ne sois pas étonné de constater des principes de bases malgré l’éducation reçue de nos parents, brisés par ta chère soeur par amour. L’amour m’a donné des ailes et j’ai volé sans complaisance.

Les semaines qui ont suivi, mon tendre amant n’avait plus de temps pour moi, il devrait se consacrer à son nouveau job à longueur de journée et cela avec mon ordinateur portatif comme si c’était son droit. Il ne se souciait pas de mes exposés, de ce que je peux faire avec mon ordinateur. A peine il me téléphonait, il me disait que je le déconcentrais, alors il me tenait éloigner. Je gardais mes distances comme il l’exigeait pour ne pas recevoir des paires de gifles.

Et oui ! Cela arrivait souvent, à chaque fois qu’il perdait, qu’il devrait à nouveau voler pour se mettre dans la course, toutes les fois où il n’a pas su miser juste. Toutes ces fois ta sœur était battue et même si mon amour grandissait à chaque paire de gifles, j’ai eu la force de claquer la porte.

Je peux te dire que je suis la cause de ce braquage dont il est mort. Il voulait miser plus grand pour me faire regretter mon choix, mais mon frère, je puis te dire que je ne regrette rien à part sa mémoire.

  • Qu’il repose en paix !
  • Le brillant garçon de notre bande d’intello est mort.
  • Et les autres ?
  • Ah les autres ! Perla traine désormais dans les bars et restaurant pour harper un nouveau client, de quoi se nourrir et se vêtir. Elle m’a dit qu’elle est à la recherche d’un fonds de commerce et qu’après ça, elle arrêterait. Elle compte vendre des mèches m’a-t-elle dit et qu’elle nommerait sa boutique PerlaShop. Ses parents se sont désengagés depuis l’obtention de sa licence en psychologie. Elle n’est pas seule dans cette situation, les parents de Fal également, ils lui envoient souvent les factures d’eau et d’électricité à payer. Hier au cours de l’inhumation d’Atchorvivi, il m’a fait savoir que sa sœur poireaute dans la maison de leur père parce qu’il est incapable de solder ses frais de scolarité ; et ce n’est pas tout, il a mis enceinte une camarade d’amphi. Il voulait que je lui emprunte quelques sous de ma bourse sans savoir qu’Atchorvivi en avait usé à sa guise. Je ne refusais rien à mon amour, tu sais comme moi que nous l’avons toujours aidé depuis la mort de son père et l’abandon de sa mère. La mort dans l’âme, je n’ai pu rien faire pour lui.

Faly pourrait l’aider si elle était encore au pays. De nous tous, je crois qu’elle a eu le meilleur partage, elle vit aux Etats-Unis. J’envisage aussi m’y rendre, j’attends juste qu’une bourse me soit offerte, dans le cas contraire, je ne reculerai devant rien, absolument rien, j’irai par tous les moyens, en pirogue, en bateau ou en avion.  J’irai à cause de vous.

L’Etat nous méprise, nous jeunes, et moi, je ne peux plus supporter cet état de chose. On est mieux chez soi certes mais nul n’est prophète chez lui. Je vais proposer ailleurs mes talents et je suis sûre que j’en sortirais gagnante. Je vais immortaliser le nom de notre famille.

J’oubliais même Ida, qui se la joue madame Pasteur. On s’est rencontré hier également. Elle est enragée contre notre système éducatif.  Si j’avais su, dit-elle « ce que c’était la vie après le baccalauréat, j’aurais soutiré des sous de ma scolarité pour une formation professionnelle afin d’économiser pour mon avenir. J’aurais aimé qu’on m’apprenne la gestion financière. J’ai l’impression d’avoir gaspillé dix ans de ma vie, dix ans pour finir sans rien. Mais je rends grâce à Dieu, il m’a sauvée grâce à cet homme, un homme formidable, mon mari. Avec lui, j’ai eu ma révélation : celle d’initier les jeunes à l’entrepreneuriat et à la gestion financière. »

Ah mon frère, la galère ne nous inspire pas de la même manière.  Si sa mission peut délivrer les jeunes de la misère, moi je ne suis pas contre. J’ai été deux fois dans leur église pour en être délivrée mais je n’avais pas de quête à offrir. Le Pasteur, son mari, un ancien camarade d’amphi m’a donc renvoyée. C’était un péché inacceptable.  Je ne vais plus à l’église Oyé, ma garde-robe est vide et je ne dispose pas de quête.

En plus, bientôt je partirai, je m’en fous de ce que ce pays deviendra, je reviendrai vous chercher. Oyé, voilà ce qu’il en est de notre club d’étude de l’époque.

-Allô dada, je n’arrive pas à croire mais pourtant tes photos disent tout le contraire !

– Mon frère derrière chaque photo se cache un ventre creux, une personne qui s’ennuie à mourir sans sous. Je sais tout ce que t’imagine après le baccalauréat, une vie où tu trouves toute la liberté dont nos parents nous ont toujours privée, une vie où tu pourras coucher à longueur de journée avec toutes ces filles aux quelles, où tu ne cesses de mentir. Si j’ai mon forfait appel pour t’expliquer tout ceci, c’est ma façon de te souhaiter bonne chance pour ton examen, le baccalauréat. J’espère que tu ne laisseras pas père t’imposer une filière, et que tu feras un meilleur choix d’avenir. Ne fais pas attention à mon expression que tu trouves certainement très familière, j’ai eu le temps de changer aussi.

Sache mon frère que l’Université n’est pas un luxe et ………..

-Allô, Allô, Allô (Vous n’avez plus suffisamment de crédit pour effectuer votre appel…) .

Léa de SOUZA OVIDIO

Etudiante en 4ème année de Philosophie à l’ENS

 

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