La Femme au portefeuille, GastonZOSSOU

La Femme au portefeuille, GastonZOSSOU

 Heureuse lecture que nous a value ce voyage entre les lignes de l’œuvre d’une figure de proue de la littérature béninoise de cette ère. Gaston ZOSSOU est l’auteur de cette œuvre romanesque aboutie publiée à Hémisphères Editions, Paris 2017, et qui a pour titre investigateur : « La femme au portefeuille« . Le titre et la femme gardant un portefeuille à la première de couverture nous ont dérangé dans notre curiosité au point de nous amener à scruter au fond des mots et dénicher finalement ce qui se cache dans ce portefeuille de femme. Les premiers mots, « Ramath avait à peine douze ans qu’elle avait l’intime conviction que son petit corps de fillette était différent d’elle-même. » n’ont fait que nous aider à caresser de pelle la surface du sol dont il faut trouver le fond en creusant un trou pour aboutir à une heureuse fin dans notre investigation. Néanmoins un flou a été très tôt dissipé avec l’évocation du prénom de Ramath qui faisait trembler déjà à douze ans, son maître d’attirance et de charme malgré l’insignifiance de sa stature corporelle à cet âge. Mais en réalité, ce maître n’était qu’un prophète, un précurseur de toutes les victimes mâles qui se sacrifieront ou se feront sacrifier sur l’autel de la célèbre architecture qu’est devenue plus tard Ramath. Un corps de rêve. Un corps de dérive, ou chavireront bien des consciences. Certes, sa grand-mère avait comme découvert que son corps serait un musée touristique et fort de cela, elle l’avait mise en garde de ne dépasser le seuil de 41 visiteurs. Cette mise en garde de la part d’une bouche qui pue la tradition, n’était vraiment pas comprise par le jeune âge de Ramath qui pourtant grandit en études et en responsabilités.

Très tôt, la jeune et belle fille gravit des échelons dans sa vie estudiantine, s’ensuivit une promotion professionnelle favorisée par l’humus que constituait son charme irrésistible qu’elle offrait à qui lui chantait. Elle avait pourtant douté du vivant de sa grand-mère de ce qu’elle ne trouvait pas comment elle atteindrait le seuil de 41 hommes dans sa vie. Mais « C’est le premier pas qui pourrait être un geste conscient, la suite est une longue glissade sur la glaire de l’habitude… La répétition, dans le cours du temps, émousse la faute, et la conscience s’accommode de toutes les transgressions. » ( p17 ) avait-elle oublié. Paradant d’une e branche de succès à une autre, Ramath augmentait le chiffre des hommes dont elle faisait trébucher l’esprit. Le portefeuille de Ramath s’enrichissait d’autant d’hommes que de nouveaux postes in crescendo. Elle se délectait des plaisirs de portefeuilles ministériels pour enfin caresser le suprême désir du siège présidentiel. Elle sacrifia le bien et épousa le mal. Elle devint Reine Mère. Elle fit jouir le président. Fécondation. Son visage fut fécondé d’un abcès qui accouchera de ce que vous découvrirez dans les derniers chapitres de ce roman de Gaston ZOSSOU qui s’impose encore en défenseur de la culture : l’on n’enfreint pas aux préceptes de la culture aussi bien dans la recherche du pouvoir que dans celle de la gloire. Culture, Pouvoir, Gloire, voilà bien quelques-uns des thèmes abordés dans l’œuvre de 27chapitres.

Aussi linéaires que soient ces 27 chapitres, ils nous ont l’un à la suite de l’autre, fait creuser le trou par le bout tranchant, raffiné ainsi que soyeux de la pelle stylistique de l’auteur qui a le mérite de conduire son lecteur jusqu’au dernier mot du roman. Si l’usage répété du mode subjonctif n’a fait qu’enrichir notre niveau de langue, la présence de certains paragraphes qui laissaient transparaître l’expression d’un certain érotisme délicat n’a fait que confirmer la finesse de la plume dont nous recommandons ici la découverte. Allez découvrir cette œuvre et vous affirmerez comme moi que La femme au portefeuille est absolument à lire !

 

Fabroni Bill YOCLOUNON

 

3 comments

Très fière de ta plume, Bill Fabroni. J’en redemande. Chaque jour est une rencontre et j’apprécie vraiment cette rencontre que tu nous offres à travers cette analyse.

Bill se veut ZOSSOU, beaux os sous la chair de son style envoûtant

Belle présentation, Bill. Donne-nous ton secret. Mais pardon, pas celle de la célébrité de Ramath. Je veux préserver mon visage

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