« J’ai donc fondé, avec des amis, les Éditions Essaim Plumes pour promouvoir la jeune plume (…) » Florent AÏKPE

« J’ai donc fondé, avec des amis, les Éditions Essaim Plumes pour promouvoir la jeune plume (…) » Florent AÏKPE

BL : Bonjour Monsieur Florent AÏKPE. Nous sommes ravis de vous recevoir sur Biscottes Littéraires. Alors, à nos lecteurs qui désirent mieux vous connaître, que répondez-vous ?

FA : Bonjour chaleureux lecteurs et lectrices, je m’appelle Florent AÏKPE, Écrivain, Éditeur et Enseignant de français dans les lycées et collèges du Bénin. Heureux d’être avec vous.

BL : Toute chose a un début. Parlez-nous un peu de votre entrée triomphale sur la scène littéraire. Quel a été le déclic ?

FA : Il arrive souvent que ce commencement se fait juste justifier chez certains par la simple volonté qui les anime ou qui les définit. Ce n’était pas un choix puisé dans le vide pour dire que la mienne, mon entrée littéraire, s’est vue courtisée par les études littéraires depuis le secondaire jusqu’à l’université où je n’ai pas manifesté en moi le désintéressement. Ce fut dès lors une détermination et une mission à accomplir à coup sûr.

BL : Vous avez déjà plusieurs œuvres d’esprit à votre actif. Le dernier en date étant Ébullition. Quelles sont vos sources d’inspiration et de quoi parlent généralement vos ouvrages ?

FA : Je suis un Agent social comme vous, comme les autres en passage. Ce sont les faits sociaux qui activent chez un auteur comme moi l’admiration, la joie, la guerre ou la révolte des mots. Vous voyez un peu ? C’est tout simplement ce qui me passionne. En ce moment, la liberté d’accoucher facilement une histoire devient manipulable. Celle-ci, cette histoire, rime avec la société elle-même dans laquelle nous vivons où la fleur de nos âges se développe, se fane.

BL : Toute chose a un début. Parlez-nous un peu de votre entrée triomphale sur la scène littéraire. Quel a été le déclic ?

FA : Il arrive souvent que ce commencement se fait juste justifier chez certains par la simple volonté qui les anime ou qui les définit. Ce n’était pas un choix uisé dans le vide pour dire que la mienne, mon entrée littéraire, s’est vue courtisée par les études littéraires depuis le secondaire jusqu’à l’université où je n’ai pas manifesté en moi le désintéressement. Ce fut dès lors une détermination et une mission à accomplir à coup sûr.

BL : Vous avez déjà plusieurs œuvres d’esprit à votre actif. Le dernier en date étant « Ébullition ». Quelles sont vos sources d’inspiration et de quoi parlent généralement vos ouvrages ?

FA : Je suis un Agent social comme vous, comme les autres en passage. Ce sont les faits sociaux qui activent chez un auteur comme moi l’admiration, la joie, la guerre ou la révolte des mots. Vous voyez un peu ? C’est tout simplement ce qui me passionne. En ce moment, la liberté d’accoucher facilement une histoire devient manipulable. Celle-ci, cette histoire, rime avec la société elle-même dans laquelle nous vivons où la fleur de nos âges se développe, se fane.

BL : Parlant de « Ébullition », il vous a permis de remporter le prestigieux Prix Innov Guinée 2022. Qu’est-ce qui selon vous, a été l’élément déterminant dans votre sacre historique ?

FA : En restant dans le même ordre d’idée tel j’ai abordé précédemment, je peux dire que c’est le fait social qui a été le gagne-point* dans cette aventure. J’en suis conscient. Le côté esthétique ou innovation est propre à chaque auteur et il est moins joli d’en faire une valorisation ou une extravagante célébration soi-même.

BL : Qu’est-ce que ça fait quand à cet âge, on réalise déjà des étincelles qui crèvent l’écran dans le domaine de la littérature tant au niveau national qu’international ?

FA : Cela ne fait que confirmer qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années. Il suffit juste de déterminer à temps son talent et de le faire fleurir. Loin de montrer mes belles dents, je crois bien que c’est ce qui définit le succès de celui qui s’adonne profondément à ce qu’il fait, ont toujours chanté les sages j’ai entendu.

BL : Dans votre roman Ébullition, vous avez dit : «La politique en Afrique n’aura point de beaux jours, elle ne fera que fleurir les paroles vainestant qu’elle n’est pas propre à l’Afrique». Est-ce une prophétie ? Êtes-vous vraiment pessimiste quant à l’avenir de la politique en Afrique ?

FA : Ce n’est ni du pessimisme ni de la prophétie malveillante. C’est un peu comme quand vous vous bourrez le ventre de trop de sucre et qu’un médecin vous prévient du risque que vous courez quant au diabète. C’est comme une projection dans le futur de l’analyse que je fais de faits sociopolitiques passés et présents. Du fait, j’y fais sans ambiguïté, un appel à l’unisson pour que bâtie soit la politique propre à nous, une politique qui nous définit que d’avoir toujours le regard sur l’extérieur et laisser s’effondre le mur de notre émergence politique.

BL : À vous lire, on a l’impression que l’Avenir de l’Afrique vous tient vraiment à cœur. La main noire au sommet du fleuve votre coécrit poétique avec Xavier ZATO en dit long. Alors, que proposez-vous concrètement pour une Afrique prospère ?

FA : Je résume cette chose-là en ces trois mots qui suivent : l’unité , le travail, la créativité. À travers l’unité, nous avons le vivre-ensemble, la culture de la paix, la force ; à travers le travail, nous avons l’endurance, la détermination, la rigueur, le soin ; et à travers la créativité, nous avons le nouveau, la beauté, le rayonnement. Ainsi se définit ma volonté pour notre continent, l’Afrique .

BL : Vous êtes aussi Éditeur. Comment cette vocation est-elle née ?

FA : L’idée de fonder une maison d’édition m’est parvenue après avoir essuyé plusieurs déceptions auprès de maisons d’édition classiques du continent qui n’ont d’yeux que pour les auteurs confirmés et qui estiment peu les jeunes auteurs pour raison d’expérience et de renommée, puisque ces derniers ne se sont pas encore faits un nom. Il y avait également le coût de l’édition qui n’était du tout pas favorable pour de jeunes auteurs. J’ai donc fondé, avec des amis, les Éditions Essaim Plumes pour promouvoir la jeune plume, lui donner la chance de faire connaître son talent et de faire un nom dans l’univers littéraire.

BL : Quelle est la vocation fondamentale que vous assignez aux Editions Essaim Plumes ?

FA : Comme je l’expliquais un peu plus haut,  aux Editions Essaim Plumes, nous travaillons essentiellement pour la promotion et la valorisation de jeunes auteurs d’ici et d’ailleurs. C’est pourquoi nous l’avons définie, la structure éditoriale, sur les bases de « LECTURE, CORRECTION, IMPRESSION, PUBLICATION et DIFFUSION (Littérature, Sciences humaines, sociales et autres), PRIX LITTÉRAIRES » ainsi pour accomplir cette noble mission que nous nous sommes imposée puisque nous avons à notre disposition les outils nécessaires pour y arriver.

BL : Quel est le bilan à mi-parcours que vous pourriez faire après ces quelques années dans le monde de l’édition ?

FA : Le bilan est plutôt satisfaisant après trois années pleines de travail au service du livre. Nous avons déjà fait paraître près d’une centaine d’œuvres et consacré plus d’une cinquantaine d’auteurs pétris de talent de plusieurs pays du monde dont le Bénin, le Togo, le Congo-Brazzaville, le Niger, le Gabon, la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry, le Mali, le Sénégal, le Maroc, le Tchad, la France, les États-Unis… (pour ne citer que ceux-là). Cela donne évidemment l’espoir de lendemains fructueux en termes de création littéraire que de la floraison d’une nouvelle génération d’auteurs qui recréent le monde à coup de plume.

BL : La culture de la lecture disparaît peu à peu avec pour corolaires la baisse drastique du niveau en français. Que faire pour que cette habitude en voie de disparition telle une espèce rare puisse faire son comeback, et, en tant qu’un féru des Belles-lettres, que faites-vous déjà sur le terrain pour que le tir soit un tant soit peu corrigé ?

FA : La culture de la lecture est en effet confrontée à un désintérêt presque total, ce qui se lit d’ailleurs à travers cette baisse du niveau du français. Il existe cependant plusieurs mesures que nous pouvons prendre pour encourager le retour de cette habitude et améliorer le niveau en français :

– Promouvoir la lecture dès le plus jeune âge : Il est essentiel d’inculquer l’amour de la lecture dès l’enfance. Les parents, les enseignants et les bibliothécaires peuvent jouer un rôle important en proposant des livres adaptés et en encourageant les enfants à lire régulièrement ;

– Sensibiliser à l’importance de la lecture : Il est crucial de faire comprendre les bénéfices de la lecture, tant sur le plan linguistique que sur le développement personnel. Des campagnes de sensibilisation peuvent être menées dans les écoles, les médias et les communautés pour rappeler l’importance de la lecture dans notre vie quotidienne ;

– Encourager la diversité des genres littéraires : En proposant une grande variété de livres, de genres et d’auteurs, nous pouvons susciter l’intérêt d’un public plus large. Il est important de faire connaître les auteurs contemporains, mais aussi de préserver et de promouvoir le patrimoine littéraire classique ;

– Utiliser la technologie à bon escient : Bien que la technologie puisse être considérée comme une menace pour la lecture, elle peut également être utilisée comme un outil pour encourager la lecture. Les applications de lecture, les livres électroniques et les plateformes en ligne peuvent rendre la lecture plus accessible et interactive ;

En ce qui me concerne, en tant qu’acteur de la chaîne du livre et surtout enseignant de lettres, j’essaie de semer le goût de la lecture dans les cœurs de mes apprenants à travers l’étude d’œuvres littéraires et l’analyse de leur contenu. J’organise de temps à autre des concours de lecture sur mes ouvrages par exemple en 2019 sur mon recueil Les perles de sa hanche et récemment en 2023 sur mon roman Ébullition. Avec les Editions Essaim Plumes, nous avons également organiser la première édition, qui a été une véritable réussite, d’un Prix littéraire international qui a rassemblé plusieurs nationalités. Nous recevons d’ailleurs actuellement, les candidatures pour sa deuxième édition. Il s’agit du Prix Littéraire International Codjo Rodrigue Abel ASSAVEDO (PLICRAA).

Il est important de noter que le retour de la culture de la lecture nécessite un effort collectif, impliquant les éducateurs, les familles, les gouvernements et la société dans son ensemble. En travaillant ensemble, nous pouvons préserver et renforcer l’importance de la lecture dans nos vies et dans la société.

BL : Qu’est-ce qui selon vous manque à l’actuelle génération d’écrivains d’être autant percutante que celle des Paul Hazoumé, Jean Pliya, Olympe Bhêli-Quenum ?

FA : Je vais m’abstenir de me lancer dans une comparaison de générations ou me mettre à affirmer ou non l’ingéniosité d’une par rapport à l’autre. Je peux cependant discuter de certains facteurs qui pourraient influencer la production littéraire actuelle et justifier ce que vous sous-entendez.

– Héritage et influence : Les écrivains comme Paul Hazoumé, Jean Pliya et Olympe Bhêli-Quenum sont souvent considérés comme des figures emblématiques de la littérature béninoise. Leurs œuvres ont laissé une empreinte significative et sont étudiées et admirées depuis plusieurs décennies. Il est donc tout à fait logique que les écrivains contemporains ressentent la pression de cet héritage littéraire et cherchent à trouver leur propre voix et à se démarquer.

– Évolution des thèmes et des contextes : Les époques évoluent, les sociétés changent et les préoccupations des écrivains contemporains peuvent différer de celles de leurs prédécesseurs. Les défis sociaux, politiques et culturels auxquels cette génération d’écrivains est confrontée sont différents, ce qui se reflète dans leurs œuvres. La diversité des sujets abordés peut influencer la perception de la pertinence des écrivains actuels par rapport à ceux du passé.

– Accès aux ressources et à la visibilité : Les écrivains béninois contemporains sont essentiellement confrontés à des défis tels que l’accès limité aux ressources éditoriales, aux réseaux de distribution et à la visibilité internationale. Ces facteurs ont sans aucun doute, un impact sur leur reconnaissance et leur diffusion au-delà des frontières nationales.

Il convient de souligner que chaque écrivain est unique et qu’il est injuste de généraliser sur l’ensemble de la génération actuelle. Il existe certainement, que dis-je, il y en existe des écrivains béninois contemporains talentueux et percutants qui apportent leur contribution à la rénovation de notre littérature. Il est important de soutenir et de promouvoir la diversité des voix et des perspectives afin de permettre à la littérature béninoise de prospérer et de continuer à évoluer.

BL : L’une des remarques les plus récurrentes que l’on fait de nos jours aux livres édités sous nos cieux, c’est malheureusement l’aspect des livres que certaines maisons d’édition mettent sur le marché. Vous convenez avec nous qu’il existe sur le marché beaucoup de livres sont mal présentés, aussi bien dans la forme que dans le fond. Voici d’ailleurs ce qu’en dit Daté-Barnabé Akayi : « Quand ils ont la bonne volonté de prendre en charge entièrement le livre, lorsqu’ils (les éditeurs) l’envoient à  l’imprimerie, le livre ne revient pas toujours en de bonne qualité : c’est comme si nos imprimeurs (ou leurs machines) ont une dent pourrie contre l’esthétique du produit physique qu’est le livre. Eh bien, le livre  n’est pas, sur le marché, attirant ! » Que pensez-vous, en tant qu’éditeur, de cette remarque ?

FA : La qualité de la production et de l’esthétique d’un livre est un aspect important, car il contribue à l’attrait visuel et à l’expérience globale de lecture. Surtout que le livre est déjà confrontéà un problème de désintérêt et est de moins en moins lu, il est d’autant plus important de proposer un produit qui donne envie d’être consommé.

La réalisation d’un livre de qualité nécessite une collaboration étroite entre toutes les parties impliquées, y compris l’auteur, l’éditeur et/ou l’imprimeur si l’Editeur n’a pas ses propres machines à lui. Il est important que les éditeurs s’engagent à travailler à superviser la production pour garantir une qualité optimale. Les maisons d’édition et/ou les imprimeries doivent surtout veiller à disposer de personnels qualifiés et d’équipements modernes et performants pour assurer la qualité de l’impression et de la reliure des livres. Les avancées technologiques peuvent contribuer à améliorer l’esthétique et la durabilité des ouvrages imprimés. En parallèle à l’édition imprimée, les éditeurs peuvent également explorer l’édition numérique pour offrir aux lecteurs une alternative attrayante. Les livres numériques peuvent être conçus avec une attention particulière à l’esthétique, et les avantages du format numérique offrent des possibilités supplémentaires en termes de mise en page et de design.

Il est important de souligner que l’amélioration de la qualité de présentation des livres sur le marché est un processus continu qui nécessite la collaboration de toutes les parties prenantes. Les maisons d’édition ont un rôle cléà jouer en veillant à ce que les livres qu’elles publient soient esthétiquement attrayants, bien conçus et de haute qualité.

BL : Toute la faute revient-elle vraiment à l’imprimeur ? Ce dernier est-il aussi comptable des montages affreux, des couvertures où l’on lit difficilement le titre du livre ou le nom de l’auteur et des tonnes de fautes que l’on rencontre dans certains livres ?

FA : Non, toute la faute ne peut pas être attribuée uniquement à l’imprimeur. La responsabilité de la qualité globale d’un livre incombe à toutes les parties impliquées dans son processus de création, y compris l’auteur, l’éditeur et l’imprimeur.

L’auteur joue un rôle essentiel dans la qualité du livre en fournissant un contenu bien rédigé et révisé. Il est important que l’auteur consacre du temps à la révision et à la correction des épreuves pour minimiser les erreurs et les fautes. L’éditeur est quant à lui, responsable de la supervision et de la coordination du processus de publication. Cela inclut le choix de l’imprimeur, la définition des spécifications de production et la vérification de la qualité avant la mise sur le marché. L’éditeur doit veiller à ce que les livres soient correctement formatés, relus et corrigés avant l’impression. Il est important que ce dernier travaille ses machines ou en étroite collaboration avec son imprimeur, en fournissant des spécifications claires et en effectuant des vérifications régulières pour s’assurer que le produit final est conforme aux attentes. Les maisons d’édition doivent donc établir des normes de qualité élevées et mettre en place des processus de contrôle de qualité rigoureux pour s’assurer que les livres publiés répondent à ces normes. Cela comprend la vérification de la mise en page, de la typographie, des couvertures et de la correction des fautes avant l’impression. En fin de compte, il est essentiel que toutes les parties impliquées travaillent ensemble pour garantir la meilleure qualité possible lors de la publication d’un livre.

BL : Où et comment se procurer vos œuvres ?

FA : Nos livres sont vendus à la Librairie Savoirs d’Afrique à Akpakpa Carrefour la Roche, à la Librairie Delphina à l’Etoile rouge, à Porto-Novo au niveau de notre annexe sise à Yèvié, à Parakou, à Bembèrèkè, nous faisons la distribution sur le plan national et international. Il suffit également de nous contacter au +229 95 80 20 07 par appel téléphonique ou WhatsApp ou aller sur notre site internet editionsessaimplumes.org pour faire un choix chaque jour.

BL : Y-a-t-il un écrivain dont le parcours vous inspire dans votre carrière d’écrivain ?

FA : Je suis toujours de cœur avec tous les auteurs qu’ils soient Béninois ou pas. Je suis celui-là, dans ce domaine, qui cherche à tout goûter que le génie soit bon ou pas. Si je misais sur tel écrivain ou tel, je serais loin d’être mieux cultivé.Et sans faire dormir la vérité, j’ai beaucoup lu les pères de la littérature béninoise.

BL : Nous sommes à la fin de notre interview. Merci d’avoir répondu à nos différentes questions en dépit de votre calendrier on ne peut plus charger. Votre mot de fin ?

FA : Le plaisir est partagé. Je vous remercie pour m’avoir accordé ce temps. Les mots resteront grâce à vous, seront relayés grâce à nos amis qui nous ont lu jusqu’ici, je formule à tous, mes profonds remerciements et que vive la littérature béninoise, nègre.

(Interview réalisée par Jésuton Michet Hounnou, pour Biscottes Littéraires)

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