« La traversée à trois » de Josiane Deffand GOVOEI.

« La traversée à trois » de Josiane Deffand GOVOEI.

On peut se compromettre pour toujours en faisant des mauvais choix. Mais quand le destin agit pour vous imposer ses choix à lui, plu.s rien n’empêche que la rivière suive son cours.

La beauté de l’univers se découvre véritablement dans le regard de l’autre. Cette citation qu’on lit ou qu’on entend souvent sous différentes formes prend un sens plus réel, plus vivant quand on démarre la lecture du roman « La traversée à trois ». Préfacé par l’abbé Abékan Éric Norbert, cet ouvrage romanesque se laisse découvrir grâce au narrateur Alexis Coffi, un homme qui revit ses joies et peines, ses bonheurs et déceptions car lire une vie est un miroir de soi-même. « La traversée à trois » est un roman de 119 pages écrit par Josiane Deffand Govoei, édité par les éditions Fous Sans Frontières en Juin 2024 à Cotonou. C’est toute une philosophie que cette œuvre distille quant à la diplomatie et les pourparlers qu’il faut à un chef de famille pour maintenir son foyer à flot. Nous avons à faire à un homme digne, respectueux parfois déboussolé car n’étant pas préparé aux épreuves qui lui arrivent. La poésie entraînante en page 19 dénote aisément de l’idylle qu’a vécu Alexis avec Lisette : « Son teint d’ébène, éclairé par la lueur tamisée de la bibliothèque, exhalait une douceur irréelle, soulignant la délicatesse exquise de ses traits. Sous ses paupières, ses yeux marrons pétillaient d’une intelligence vive et d’une insatiable curiosité comme autant de portes ouvertes sur l’infini des connaissances. » Une poésie forte en émotions empreinte de réalisme qui donne tout le charme qu’on connait à ce roman.

L’ émouvant parcours de Marc et Sèdo abandonnés par leur mère à un père désemparé a fini d’émouvoir tout lecteur qui au fil des pages désire découvrir le fin mot de cette séparation. Josiane Deffand Govoei sait allier suspense et linéarité dans son récit. La description poignante des remous intérieurs liés aux relations humaines est un atout intéressant pour cet ouvrage. Sur la couverture de « La traversée à trois » se trouve une photo de trois personnes : deux femmes et un homme. Le fait que l’homme et l’une des femmes soient face à nous et la seconde femme nous donnant dos est l’expression des actes majeures du roman. En étude de narration du récit, l’auteure sans s’éloigner des aspects imagination et créativité de l’art met sous nos yeux, la situation initiale, l’élément modificateur source de chagrin et de désarroi, les rebondissements qui donnent du fil à retordre à Alexis, personnage principal du roman puis la situation finale.

On peut se compromettre pour toujours en faisant des mauvais choix. Mais quand le destin agit pour vous imposer ses choix à lui, plus rien n’empêche que la rivière suive son cours. À la page 82, l’inéluctable suspense apparaît en ces termes : « Je te supplie de me reprendre, Alexis ! Pense à nos enfants, s’il te plaît. (…) J’ai cherché refuge chez une amie, reprit-elle, loin de tout, dans l’espoir de retrouver un semblant de paix intérieure. Mais je n’ai jamais cessé de penser à vous, à nos enfants. Chers parents, mon chéri, je sais que j’ai commis une erreur grave en partant sans vous prévenir, mais je vous, donnez-moi une chance de me racheter.(…) ». Ce mea culpa déchirant donne un virage important au roman et l’on se demande si la polygamie devra s’immiscer dans le quotidien d’un foyer reconstruit. Dans une série ivoirienne très connue, la question qu’Alexis poserait est : « À ma place, qu’auriez-vous fait ? » La littérature a cette faculté d’offrir de la culture, de l’évasion et permet d’analyser des faits relatés dans une histoire. La description avec moult détails de la dot à l’africaine amène le lecteur dans un univers traditionnel où charmes, agapes et fêtes s’entremêlent pour donner vie à un mariage retentissant. L’ importance de la tradition et des familles dans une union est relatée lors de la réunion familiale décisive de l’avenir des conjoints. C’est un clin d’œil au continent africain qui ne perd pas ses us et coutumes malgré la mondialisation. La plume alerte de Josiane Deffand Govoei a corsé l’attente des lecteurs avant la fin du voyage biographique dans lequel, elle nous plonge. Votre bibliothèque peut s’enorgueillir de détenir « La traversée à trois » car elle sait que vous lirez ce roman d’un trait.

Myrtille Akofa HAHO

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