« La vieille mère », Eurydice Houssou

« La vieille mère », Eurydice Houssou

Mon conte marche, court, vole, plane et tombe dans une forêt quelque part dans ce monde. C’était au temps où les animaux et les hommes partageaient le même langage, et n’avaient pour dieux que les éléments terrestres ou naturels. Un temps où la haine et la violence n’avaient pas encore de nom.

Au plus profond de cette forêt, vivait dans une grotte une vielle mère. En effet, celle-ci, toute petite, avait été retrouvée par une grappe d’hyènes au bord d’une rivière un beau matin. Personne ne sut comment elle s’était retrouvée là. Les animaux, sans se poser de questions outre mesure, l’accueillirent et lui apportaient au quotidien la pitance et les autres soins. Avec des feuilles enchevêtrées, ils lui firent tant bien que mal des habits tellement ils aimaient la petite qu’elle était. En grandissant, elle s’occupait de leurs petits en pansant les blessures aux blessés. Ils vivaient dans l’harmonie, le partage et la paix. Elle devint une des leurs et eux les siens.

Le temps passait, la jeune femme prenait de l’âge et devenait vieille. Un jour, elle devint très faible, si faible qu’elle ne pouvait plus faire ces tâches. Les animaux se réunirent autour de la pauvre, et essayèrent de réfléchir à comment faire pour que la vieille mère recouvre un peu de force et vive encore longtemps car ils ne voulaient pas la perdre. Au terme de leur réflexion, ils décidèrent de l’entraîner hors de la grotte sur une natte pour la présenter au soleil. Ainsi chaque jour, ils la présentaient au soleil chaque fois que celui-ci apparaissait au ciel. Car se disaient-ils : il peut la guérir car il voit tout .

Comme si le soleil avait exaucé leur vœu, la vielle mère vécut encore un bon moment.

Et c’est depuis ce temps qu’en Afrique, chaque fois qu’une personne âgée n’a plus de force, on l’expose au soleil, afin que celle-ci recouvre un peu de vigueur et vive encore plus.

Eurydice Houssou

Étudiante en Espagnol 3 à l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo.

 

1 comment

Merci pour ce conte qui nous rappelle tous les bienfaits du soleil, mais aussi de l’intelligence des animaux dans leurs relations avec les humains.

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