»Pour l’amour d’une Camerounaise » (2/5)

 »Pour l’amour d’une Camerounaise » (2/5)

Quand elle referma la lettre, j’ouvris les yeux. Pour une fois, j’avais réussi à dominer mes sentiments. Je ne versai pas une seule goutte de larme. M’man attendait une réponse. Et pour toute réponse, je soupirai et me levai. Elle avait compris qu’il ne fallait pas insister. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’elle essayait d’aborder l’ »Affaire Camerounaise » avec moi. Entre le goût et la couleur, il ne faut jamais mettre sa bouche. Que voulait-elle savoir de ma « Camerounaise » ? Peut-être qu’elle m’en voudrait moins si elle l’avait vue et contemplée, ma Camerounaise, dans toute la splendeur de sa beauté. Si elle l’avait vue, la connaissant, je suis persuadée qu’elle succomberait tout comme je n’ai pu lui résister. Mais hélas ! M’man n’a jamais vu ma Camerounaise. Elle ne la verra sûrement jamais. Mais moi, en dépit de ce que deviendra le monde, j’irai l’honorer, ma Camerounaise. Elle m’est trop chère, pour que je l’abandonne. Ma mère sortit de ma chambre, les pas lourds d’échec et de déception. Elle ne la saura jamais, l’histoire de ma Camerounaise. J’avais oublié de lui demander où était le crime de s’enticher d’une Camerounaise.

J’aime cette Camerounaise. Je ne peux le nier. Et c’est d’ailleurs cet amour qui a tout causé. Dire que tout cela est arrivé, pour l’amour d’une Camerounaise… Oh mon Dieu! De toute façon, tout ce que je peux dire pour le moment, c’est qu’elle est bien vieille mon histoire d’amour avec la Camerounaise. Elle est unique, cette histoire que je ne me suis jamais senti capable de raconter. Elle est simplement pittoresque. Sinon comment comprendre que… ouf. D’ailleurs, je n’aime pas la raconter. Elle est trop précieuse pour être sue des autres ; surtout de ma mère qui ne comprendrait jamais comment je pouvais m’enticher d’une camerounaise au point de… Non, je n’en reviens pas moi-même.

Il faut dire que cette idylle a commencé dès mon arrivée au lycée-internat des jeunes filles. Ici, mes camarades ont chacune leur amour. Au dortoir, chacune d’elles racontait ses aventures avec passion et enflure. A un moment donné, j’étais jalouse d’elles. Un soir, lors d’une promenade fortuite de l’autre côté de la clôture, je fis une découverte fortuite. Coup de foudre. Attraction naturelle. Sentiments réciproques. Affections magnétiques. Elle m’a séduite, je l’ai séduite. Nous n’avons pu résister l’une à l’autre. C’était plus fort que moi. Je me suis laissée à elle sans me poser de question, ni penser à ce que mes camarades ou autres personnes auraient pu en penser ni imaginer. Je voulais vivre ma vie, je voulais faire une expérience inédite. Je me souviendrai toujours de cette rencontre qui bouleversa ma vie. C’était un après-midi. On était samedi. C’était notre jour de sortie. Toute la ville s’alignait le long des trottoirs, aux abords des chemins, sous les arbres pour nous voir passer. C’était un rituel qui allait aux plus aguicheuses d’entre nous. La chance ne tardait d’ailleurs pas leur sourire puisqu’il y en avait qui décrochait le gros lot, c’est-à-dire, réussissaient à séduire marabouts et hauts fonctionnaires qui se prosternèrent devant l’autel de leur beauté dont l’éclat était rehaussée pour la circonstance par des produits artificiels qui leur conféraient à vrai dire des airs de fée. Ce jour-là, la chance m’avait souri, aussi. Je rencontrai une belle Camerounaise. Ma camerounaise à moi. De l’autre côté de son regard, je pouvais lire des signes d’exultation dans le soleil qui ce soir-là rangeait ses affaires pour aller se coucher. C’était comme s’il nous attendait avant de rejoindre l’horizon. Dès que je l’ai vue, j’ai poussé un profond ouf de soulagement. Je luis souris, elle me rendit. Je me suis m’intéressée à elle. Et contre toute attente, elle ne m’a pas rejetée ; bien au contraire… J’avais enfin découvert l’amour de ma vie, et je me sentais enfin vivre et forger mon histoire, ma propre histoire, non notre histoire, la mienne qui ne faisait désormais qu’une avec ma Camerounaise aux  yeux limpides. J’étais alors moins jalouse et complexée quand, les soirs au dortoir, mes amies racontaient leurs histoires d’amour. Depuis lors, je me suis mise à la visiter régulièrement. J’aimais passer mon temps avec elle, surtout à l’heure de la sieste. Tout en elle m’invitait à l’aimer davantage: son calme, sa candeur, son sourire, son charme, la sérénité qui se dégageait de son regard qui n’était que tendresse, douceur et vie. Au début, nous n’avions que des rendez-vous diurnes. Pendant le déjeuner, je languissais de ne l’avoir pas devant moi. Alors, tout mon esprit était porté vers elle. Plusieurs questions me labouraient les méninges : « que fais-tu actuellement, ma belle Camerounaise ? Que deviens-tu ? As-tu beaucoup de soupirantes ? J’espère que tu ne m’as pas oubliée. » Je finissais toujours le repas, triste et mélancolique de n’avoir pu avoir, près de moi ma Camerounaise.

On était en Avril. Les pluies avaient commencé. Nous entamions la dernière ligne droite de l’année. Les cours se faisaient intenses, et les devoirs, réguliers. Aucun répit. Mes performances scolaires étaient au ralenti. Mes camarades ne comprenaient pas ce qui m’arrivait. Moi non plus.

Mes professeurs ne me reconnaissaient plus. Surtout le Surveillant Général qui prenait plaisir à m’humilier publiquement et à me punir pour un oui ou un non depuis que… Non, j’ai pas envie d’y penser. C’est de la merde, ce pu… de Professeur. Mais au plus haut point, cela m’intriguait viscéralement qu’ils voulussent tant fouiner dans ma vie privée. Maïmouna, ma voisine de table, me rapportait les propos de Salifou qui se disait amoureux de moi. Il avouait même m’aimer d’un amour-cratère ou volcan, je ne sais plus trop quoi. C’est vrai qu’il était passablement beau, un peu intelligent et très attachant. Mais de là à en conclure que je l’aimais, c’était comme interdire à un verre de se briser en tombant de la table. La chèvre et le bouc ont beau avoir des poils ne sont pas de la même famille. Qu’il me colle la paix, ce fou de Salifou. Toujours-là à vous embrouiller. Etais-je tenue de l’aimer ?

 

A suivre….

Destin Mahulolo

16 comments

vraiment!
nous sommes dans l’attente.
rien qu’à lire la combinaison des pensées on se rassure que, mon Père loin de la Table Sainte vs êtes…………..
que de mots pour vs exprimer notre satisfaction. j’ai du plaisir à vous lire.
non seulement l’histoire à un caractère spécial, les mots utilisés pour l’exprimer rend stupéfaits

Il parait, cher Claude, qu’il est toujours fou, celui-là, s’il n’est pas aveugle

Suave, agréable, raffiné et profond! Ça me donne l’envie de lire le tout!

Salut, Hervé K. EZIN. Merci pour la compagnie. La suite viendra. Demain est un autre jour

Le lesbianisme, un phénomène nouveau sous nos cieux. Nouvelle intéressante à lire et qui nous amène à réfléchir sur le sujet. Vivement la suite.

OK. Je me demande bien comment deux êtres du même sexe peuvent s’aimer d’un amour charnel

Oh, cher Barachiel BADA, tout est possible dans le monde de ce temps

Etes vous sûrs qu’il s’agit de deux êtres du même sexe? Ne vendez pas la peau du diable avant de l’avoir tué. La suite…

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