Mon conte, vole, vole et tombe dans un village lointain appelé Tchintchinga. Dans ce village, vivait un pauvre chasseur, Nougonmin. Il n’avait jamais réussi, malgré les nombreux concours auxquels il a participé, à devenir le chasseur du roi. Pire, sa femme, qui aurait dû épouser Adôminvouin, le roi du village, avait plutôt préféré accepter les avances de Nougonmin au point de devenir sa femme. Avec toutes ces choses, c’était normal aux yeux de la population que le roi n’aimât point le chasseur. D’ailleurs, personne ne l’aimait à cause ces deux choses que tous savaient et ressassaient à longueur de journée et à largeur de nuit : la première, Nougonmin était un mauvais chasseur qui ne réussit pas souvent à rentrer de la chasse avec du gibier. La seconde, juste parce qu’il avait épousé une femme désirée par le roi.
Son champ était souvent vandalisé et même incendié. Ses nombreuses enquêtes furent stériles. Il s’était alors plaint auprès du roi Adôminvouin; ce dernier ne l’écouta que d’une oreille distraite. Mais Nougonmin continuait d’entourer son champ de soin et d’attention à chaque saison. Ses efforts payaient toujours. Mais comme d’habitude, rien ne revenait dans son grenier. On dirait que même la nature lui en voulait d’avoir de bonnes récoltes dans son champ au même moment où rien ne poussait dans les champs environnants. Les tubercules d’ignames et de maniocs disparaissaient comme la rosée à l’apparition du soleil. Et pour faire honneur à son titre de mauvais chasseur, il ne prit rien pendant des mois et des mois.
Mais un jour, il vit dans un piège qu’il avait posé dans son champ, une prise étonnante. Il avait en effet creusé un grand trou qu’il avait recouvert de feuilles mortes et autres arbustes. Toute personne qui passerait là sans faire attention y tomberait. En effet, dans ce trou, il y avait un homme, Lèguèdè était son nom, un rat (Adjaka) et un serpent (Djakpata). Les trois le prièrent pour les faire sortir. Nougonmin pouvait refuser et aller montrer que cette fois-ci, il avait pris du gibier. Malgré cela, il les fit sortir sans rien attendre. Les trois promirent le récompenser un de ces jours. Le soir venu, Adjaka vint dire au chasseur : « Pour te remercier de ton geste de ce matin, et vu que le roi ne t’aime pas, j’irai voler pour toi une partie du trésor du roi. Tu le mérites largement à cause de son dédain pour toi malgré tout ce que tu as fait et ce que tu es. »
Malgré les protestations du chasseur, le rat sortit comme un éclair et disparut dans la nuit. Il alla creuser depuis la chambre forte du roi, un grand trou jusque dans le salon de Nougonmin et y laissa quelques pièces d’or et autres objets de valeur. Tôt le matin, l’homme vint chez le chasseur pour le voler et découvrit que dans son salon, il y avait les richesses du roi. Il alla informer le roi en lui disant que le chasseur l’avait volé et qu’il avait la preuve. Le roi contrôla son trésor et constata réellement le forfait. Il dépêcha ses gardes qui s’introduisirent manu militari chez le chasseur, guidés par l’homme que Nougonmin avait sauvé. Le chasseur ne s’était même pas encore réveillé, et fut capturé devant sa femme et ses enfants. On l’emprisonna sans procès. A l’homme, le roi donna une petite pièce d’argent pour le remercier de son patriotisme. Le roi jubila parce qu’il a réussi enfin à se défaire, mieux à se venger du chasseur. Le soir du même jour, Djakpata alla mordre la seule fille du roi. Elle tomba malade et pendant huit jours, personne ne réussit à la guérir. Malheureusement, le neuvième jour, tôt le matin, elle succomba à cette morsure du serpent. On annonça dans tout le village, le décès de la princesse. Le roi fut tellement attristé qu’il faillit piquer une crise de nerf. Le serpent alla voir le chasseur et lui raconta toute l’histoire et lui montra l’herbe qui pourrait servir à ressusciter la fille. Il demanda audience auprès du roi et démontra qu’il était en mesure de sauver la morte. Adôminvouin, sceptique, mais ravi, lui donna la liberté d’agir à sa guise. On lui colla six gardes de peur qu’il ne s’échappe. Il partit dans la forêt, chercha l’herbe et quelques ingrédients, puis dit au roi, qu’il avait besoin de la tête d’un mouchard médisant. On fit venir rapidement l’homme et sans crier gare, on le décapita et offrit la tête au chasseur pour son rituel. Il réussit à ressusciter la princesse. Grande liesse à Tchitchinga qui se promit d’élire Nougonmin roi dès que Adôminvouin irait à Allada (mourrait). La maison de Lèguèdè était détruite, incendiée. Sa femme et ses enfants, momifiés de honte, quittèrent nuitamment Tchitchinga vers une destination inconnu. Le reste du corps de Lèguèdè était jeté en pâture aux charognards et hyènes qui en firent leur méchouis.
Le roi, pour remercier, lui donna le tiers de sa fortune. Mais Nougonmin refusa, se rappelant la parole de son feu père: « Quel que soit le mal subi, ne manque jamais de faire le bien. »
Morale : « Ne coupe pas la main qui t’a nourri, car comme le dit l’adage, tu ne connais pas demain; et tu ignores là où les deux pieds conduisent la tête. »
Kouassi Claude OBOE
Conte charnu de morale! Belle inspiration
C’est affaire de chair? riiires
Merci Claude pour ce nouveau conte comme tu sais en pondre…. Vivement de nouvelles vocations de conteurs sur le blog.
Merci et vive le conte
hahahaha! ça semble bizarre hein! flippant!!!
Mr moi jean j’apprécie beaucoup votre inspiration
Action de grâces. Dieu nous inspire davantage. Amen
félicitation et courage, ce qu’on sème on récolte, le bienfait n’est jamais perdu. Merci
Belle conclusion, Schimaine ABALLO OBOE.