Mamadou Socrate Diop: « Je suis un rêveur. »

Mamadou Socrate Diop: « Je suis un rêveur. »

« Je suis un rêveur. J’ai rêvé une nuit de pleine lune. Les Étoiles scintillaient. Elles avaient plusieurs couleurs. »  Ainsi se définit, chers amis de Biscottes Littéraires, celui que nous recevons pour vous aujourd’hui:  Mamadou Socrate Diop. Il nous vient du Sénégal et  passionné d’Écriture et de Cinéma.

BL : Bonjour Mamadou Socrate Diop. Merci pour avoir accepté nous accorder cette interview. Veuillez-vous présenter s’il vous plaît ! Que peut-on savoir de Mamadou Socrate Diop ?

MSD :  Bonjour. Je m’appelle Mamadou Diop à l’état civil. Mamadou Socrate est mon nom d’artiste. Socrate est un jeune artiste Sénégalais résidant en France dans le puy-dôme à Clermont-Ferrand. Je suis titulaire d’un Master II en droit Privé Recherches option Sciences Criminelles à l’Université Cheikh Anta Diop. Je finis un Master en Culture Juridique cette année à l’Université Clermont-Auvergne. Je suis passionné d’Écriture et de Cinéma. En 2018, j’ai fait mon 1er film WUUTU et en 2019 j’ai fait publier en France mon premier ouvrage intitulé « Les Étoiles de la Destinée » aux Éditions Publiwiz.

BL : Vous venez de publier « Les étoiles de ma destinée ». Un livre osé qui désacralise la figure de la mère. Car c’est un tabou de parler « dehors » de ses heurts avec sa mère. Mais vous, vous en parlez dans un livre destiné à un public plus large. C’est quoi le projet ? (Rires)

MSD :  Je n’utiliserai pas le terme « désacraliser » car je considère la figure de la mère comme sacrée. J’ai un profond respect envers ma mère pour les valeurs qu’elle m’a inculquées. Aujourd’hui, si je m’attache à certains principes, c’est grâce à elle. Elle a élevé seule ses enfants dans la dignité et le respect. Donc, ce texte intitulé « A la génitrice » est à réinscrire dans son contexte. J’étais adolescent rebelle. Je venais de découvrir les dures réalités de la rue. C’était l’époque des premières fréquentations, des premières clopes, des premières amours…Évidemment, les rapports avec la daronne ne pouvaient être des plus envieuses. J’avais un souci de vérité et de sincérité. Fallait que je sois sincère avec le public. Mais,j’ai toujours eu beaucoup d’admiration envers cette déesse des temps modernes. Elle a toujours été digne qu’importe les circonstances. Aujourd’hui avec le recul et la maturité, j’ai compris que ma mère est à ma force, ma reine.

BL : Vous n’y cachez pas non plus votre malaise intérieur d’enfant qui n’a pas bénéficié de la tendresse de son père. Et cela a aussi son justifié …

MSD :  Evidemment. On ne guérit pas de son enfance dit-on. Le texte « Le spleen du père » est à l’image de l’enfant que j’ai été qui n’a toujours pas grandi. Il est resté d’un peu de Mamadou. J’ai toujours été chagriné par l’absence du père. Je ne suis pas encore sorti du complexe d’œdipe. C’est pour ça que je sublime dans une mélancolie spleenétique le manque d’amour paternel. Sans le vouloir d’ailleurs, on me fait toujours la remarque de l’absence du père dans ma création artistique.

BL : Qu’est-ce qu’on ressent quand on se met « nu » comme vous le faites dans votre livre autobiographique ?

MSD :  A la fois une douleur atroce à vous arracher les tripes mais aussi une liberté des plus excitantes. On perd un peu de nous mais on se soigne en retour.

BL : Que vous inspirent ces lignes écrites par quelqu’un qui a lu votre livre et dit ce qu’il pense de vous : « Du petit garçon turbulent et désobéissant, perverti par la rue, au jeune homme éclairé, profond et sage, Mamadou illustre « la médaille et le revers de la médaille », les deux êtres qui cohabitent en lui » https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/premier-ouvrage-pour-un-etudiant-en-master-culture-juridique_13135533/

MSD :  Ces paroles si je ne m’abuse sont celles d’un grand philosophe sénégalais qui enseigne à Paris, le professeur « Boubacar Cissokho ». Il a parfaitement résumé le paradoxe qui réside en moi et chez tout le monde d’ailleurs. Il y a deux êtres antagonistes qui habitent en nous qu’on traduit souvent de manière laconique en « bien » et en « mal ». Pour moi, ça va au-delà de ce postulat simultané. Chez moi, il y a Mamadou « le citoyen » « l’enfant-normal », « l’étudiant » qui se réveille le matin prend sa douche, se bouscule dans les transports comme tout le monde. Et dans l’autre versant, il y a Socrate, « l’Aventurier », le « petit fou », « l’Artiste » à la mémoire bordélique. Il regarde Mamadou faire, le questionne, lui joue parfois de sales tours pour faire de sa vie une œuvre d’Art. Au final, voyez-vous, ces deux êtres ne sont pas en conflit. Il y a une douce cohabitation qui appelle parfois de petites querelles. Mais, ces deux êtres s’admirent, sans forcément s’aimer, se ravissent la vedette selon les circonstances, se complètent sans le vouloir.

BL : Vous portez le prénom de Socrate. Il doit avoir certainement une place dans votre vie, votre destinée….

MSD :  Absolument. C’est un nom que mes camarades m’ont donné au lycée. J’avais un bon niveau en philo. Depuis lors ce nom ne m’a jamais quitté. S’il n’y avait pas Socrate peut-être je serai encore en conflit avec moi-même. Socrate m’a permis de tracer ma voie, de me réveiller le matin pour faire ce que j’aime. Il est ma destinée parce qu’il réalise le rêve de Mamadou. Quand Mamadou est tenaillé par la peur, il passe le relai à Socrate qui continue le rêve.

BL : La deuxième partie de votre livre s’intitule « l’autre âme » et là vous faites découvrir le métaphysicien qui sommeille en vous. Comment la vie et la métaphysique pour un jeune africain dont l’urgence devrait être la quête du pain quotidien ?

MSD :  Je me suis très tôt intéressé à la philo, aux questions métaphysiques. La deuxième partie de l’ouvrage est assez hermétique dans l’approche artistique. C’est aussi une autre version de moi que je fais découvrir au public. Au-delà de l’Artistique, il y a ce côté « intellectuel » même si j’aime pas l’expression (L’Art est aussi intellect »). Par ailleurs, il ne faudrait pas aussi qu’on tombe dans le vulgaire cliché du « Nègre-émotif » qu’on prête souvent à tort à un certain poète-président. La philosophie n’est pas que l’apanage de la société occidentale. Il y a cette « dimension ontologique » pour reprendre l’expression d’un jeune poète sénégalais « OusseynouThiombiano ». La recherche du pain  quotidien est par contre le souci de tout le monde que l’on soit blanc, noir ou jaune. Le livre II de mon ouvrage est une modeste contribution philosophique sur des sujets qui me passionnent qui parfois portent sur la quête du pain quotidien (Rires)

BL : L’altérité, comment la vivez-vous dans un monde hypocrite, complexe et complexé qui se dit globalisé mais où les replis identitaires, le mépris et la peur de l’autre ont aussi pion sur rue ?

MSD :  C’est vrai qu’aujourd’hui le monde part en vrille. Les médias, les politiques ont développé une culture assez prononcée de la Haine, de l’Indifférence sous le voile de l’identité raciale. En tant qu’Africain vivant en France, c’est normal que l’on soit concerné surtout consterné par certaines dérives individuelles qu’on a tendance malheureusement à généraliser sur toute une communauté. De l’autre côté, comme disait le rappeur Youssoupha « Quand on met les gens de côté, forcément, ils s’éloignent« . Le communautarisme devient parfois, sans parti pris, le seul joker en pareille situation. Justement, l’Art permet de dépasser les différences pour créer un lien commun entre les humains. L’Art n’a pas d’appartenance ethnique, géographique, religieuse ou raciale.

BL : Toujours dans cette deuxième partie, on vous voir vous intéresser à la spiritualité. Vous venez d’un monde qui croit à la fin du monde, pour employer les mots du géant Cheick Hamidou Kane, et vous vivez dans un monde où Dieu n’est plus vraiment le cœur ni au cœur des préoccupations existentielles des hommes et des femmes qui vous côtoient. Comment vivez-vous ce contraste ?

MSD :  Je m’intéresse beaucoup à la spiritualité ou à certaines questions spiritualistes. Quand je parle de spiritualité, c’est son sens originel qui m’intéresse. C’est pourquoi on retrouve dans la deuxième partie de l’ouvrage diverses conceptions relatives au rapport que l’homme l’entretien avec lui-même, avec son prochain et avec son créateur. On y retrouve un peu de tout (du Ghazali, du Platon, du soufisme, de la conception spirituelle en Egypte Antique, A mandé….). En dehors de mes lectures, j’ai grandi dans un village où la spiritualité est au cœur des préoccupations. C’est vrai qu’aujourd’hui, les gens confondent spiritualité et religion. La spiritualité est au-delà du religieux. Elle peut, à travers l’humanisme apaiser les tensions. Pour en revenir à la question, en vrai, je vis ma spiritualité sans me soucier du regard des autres. Je crois encore en l’Humain. Il en faut d’ailleurs pour sauver ce qui peut encore l’être. C’est la seule chose qui peut nous sauver (être humain) dans un monde qui se dirige vers le chaos.  Une amie (Maeva Durand) va être contente de lire ça (Rires).

BL : « Les étoiles de la destinée », tel est le titre de votre livre. Comment la destinée peut-elle avoir des étoiles ? Quelles en sont les couleurs, au cas où elles en auraient ?

MSD :  Le titre est une métaphore. Il y a du redondant stylistique dans le titre. Je crois en cette idée de « destinée ». Je suis un rêveur. J’ai rêvé une nuit de pleine lune. Les Étoiles scintillaient. Elles avaient plusieurs couleurs. Elles étaient parfois sombres, mélancoliques, tristes, déchirées…Un peu de tout, elles étaient. Des couleurs à replacer dans le contexte d’écriture de l’ouvrage. Le texte une autobiographie-souvenir. Sur la page de couverture, il y a cet adolescent qui regarde une bougie. Derrière lui, des Étoiles sur un fond de drap traditionnel (symbole de la naissance). L’arrière-plan est sombre. Il y a donc l’idée de ce personnage qui se dédouble en Mamadou-Socrate enchainé  par ses délires, ses fantasmes, ses peurs et ses craintes. Les Étoiles qui gravitent autour de lui sont celles du petit garçon terrifié que j’ai été, récupéré et perverti par la rue avant que le rêve ne le sauvât.

BL : En considérant votre vie jusqu’à présent, comment définissez-vous la destinée ?

MSD :  Je dirai que la destinée ne se réalise pas sur un coup de baguette magique. Il faut rêver pour faire ce qu’on veut de sa destinée. Il faut savoir provoquer ce que les humains, par lassitude à force de ne pas trouver de réponses, appellent « Hasard ». La destinée pour reprendre Djibril Diop Mamebety, c’est aller vers la rencontre « de nos possibles » pas forcément « nos amis. Et quand on rencontre nos possibles, on fait de petites merveilles ». Merci à mes possibles. Merci au « Hasard » qui vous a mis sur mon chemin.

BL : Après avoir écrit ce livre, est-ce que vous vous êtes senti réconcilié avec votre passé d’une part et avec vous-même d’autre part ?

MSD :  Absolument. Il fallait que ça se fasse. J’y ai laissé une grosse partie d’amertume, de déception, de tristesse, de mélancolie…Oui, Socrate a fait la paix avec Mamadou. Je pense que j’en ai fini avec un ouvrage dans ce style. Ce serait une répétition. Donc j’ai fait la paix avec mon passé, ce laid passé que j’admire dans toute sa splendeur car il a fait de moi l’Homme que je suis et l’Artiste que je suis « Un surréaliste du XXIe Siècle ».

BL : Comment le lectorat a-t-il accueilli votre ouvrage ? En êtes-vous satisfait?

MSD :  Favorablement. Je vous dis. Contrairement à beaucoup d’Artistes ou d’écrivains, j’ai eu la chance de grandir avec « mon » lectorat. Les lecteurs qui me suivent sont à peu près les mêmes depuis les premiers textes sur Facebook, les premières chroniques, les premiers articles…Ce lectorat, je lui dois tout. Ces lecteurs se reconnaissent à travers mes textes. Je leur parle, ils sentent la sincérité des viatiques que je leur adresse. Il y a d’autres auteurs qui ont la même démarche. C’est tout bénef pour la littérature. Faut savoir démystifier le mythe de l’écrivain.  Pour ce 1er coup d’essai, je suis satisfait. L’objectif, c’était de partager des émotions et des ressentis. L’argent ne compte pas. Le respect avant toute chose. La preuve, quand je me suis lassé des éditeurs sénégalais parce qu’ils trouvaient mon ouvrage « très artistique » et « peu commercial », je me suis réveillé un matin et j’ai décidé de mettre gratuitement en téléchargement libre sur les réseaux. C’est ce lectorat qui m’en a dissuadé. Un éditeur parisien a cru à mon talent. Finalement, on a sorti le projet en 2019. L’ouvrage fait son bonhomme de chemin. Je participe à des salons, des forums. Je fais des tournées, et ça vend bien.

BL : Pourquoi préférez étudier le droit et pas la scénarisation alors que vous nourrissez une grande passion pour le Cinéma ?

MSD :  Mamadou a fait des études de droit. Socrate fait des études de Cinéma depuis 2013 (Rires). Il s’est formé à Cinébanlieue, puis à Obelus. Deux écoles de formation et d’initiation aux métiers du Cinéma nichées à l’Unité 24 des Parcelles Assainies à Dakar.

BL : Vous avez sorti récemment un film titré « Wuutu ». Que pouvez-vous nous en dire ?

MSD :  WUUTU (hériter de…)  est mon 1er film produit par Obelus Films & Animations Studio. C’est un film d’auteur sauf que le petit garçon David (le protagoniste du film) est passionné de Photographie. Son père Photographe voulant qu’il poursuive ses études. Le conflit éclate au sein de la cellule familiale. Finalement, encore sur un coup du destin, le père fait un accident. Le gosse était obligé de poursuivre son œuvre. Je remercie au passage celui qui a encadré et produit ce film,Amath Ndiaye.

BL : Cinéma, littérature et droit. Quel lien tissez-vous entre ces trois pôles qui se disputent finalement l’univers de votre existence ?

MSD :  Des rapports parfois conflictuels mais ces trois sciences apportent leur matière pour façonner ma personnalité. Je le dis dans le dernier texte de l’ouvrage « Pourquoi suis-je passionné de littérature?Pourquoi j’aime tant le cinéma? Pourquoi j’ai choisi les sciences juridiques? » J’ai vécu tout en essayant d’apporter des réponses à ces lancinantes questions. Je n’ai jamais pu savoir. Alors je me suis tu et je fais avec. Disons, j’ai trouvé de l’équilibre pour jongler entre les trois. Le droit apporte une certaine rigueur dans l’analyse artistique. L’Art me donne une certaine liberté (Ceux qui me rencontrent dans les artères de la fac en savent quelque chose( rires)). Le droit est plus simple quand on le prend moins au sérieux. D’ailleurs, mes amis de l’Université sont les premiers à soutenir ce que je fais.

BL : Thiénaba est le berceau qui vous a vu naître. Que ressentez-vous quand vous y pensez. Vous manque-t-il ? Qu’avez-vous à lui dire comme un message ou une déclaration d’amour ?

MSD :  Je respire, je vis du souffle de Thienza (Diminutif de Thiénaba). Il me manque énormément. Ses petites ruelles, les amis…tout me manque. Une déclaration d’Amour? Non je ferai mieux « Même sur le tapis rouge de Cannes ou sur les planchers d’Hollywood, je sentirai sous mes pieds les caresses du sable fin et moelleux de Thienza ». Et quand le génie s’arrêtera et que sonnera la dernière heure, j’irai dormir à Thiénaba.

BL : Mamadou Socrate Diop, un cœur à prendre ?

MSD :  Haha…Non.

BL : Quels sont vos projets ?

MSD :  A moyen terme, j’ai un Roman en gestation et un scénario. Il y a 4 projets sur lesquels je travaille dans la direction artistique avec des poètes et romanciers sénégalais (OusseynouThiombiano, ZachariaSall, Moussa Seck, Pathé Dieye) qui vont sûrement sortir en 2020. Attendez-vous à du lourd !

Je travaille aussi avec le collectif de la meute (un groupe d’Artiste thiessois au Sénégal) comme directeur artistique pour un grand projet qui sortira en fin d’Année.

Il y a aussi un projet de maison d’Édition en gestation pour permettre à la jeune plume talentueuse qui n’a pas souvent accès aux grandes maisons de se faire éditer.

BL : Votre portrait chinois à présent. Si vous étiez,

Une rivière

  • Le Fleuve Casamance

Un instrument de musique

  • Le Violon

Un artiste plasticien

  • KalidouKassé

Une saison

  • Automne

Une couleur

  • Bleue

Une femme

  • Ma mère

BL : Comment se procurer votre livre et votre film ? Les contacts…

MSD :  L’ouvrage est disponible sur toutes les plateformes de vente (Amazon, Decitre, FNAC…). Au Sénégal, il y a un réseau de distribution. L’ouvrage sera disponible de nouveau bientôt au Sénégal.

BL : Nous sommes à la fin de cette interview. Nous vous remercions de nous l’avoir accordée. Votre mot de fin, à présent.

MSD :  Je remercie toute l’équipe de Biscottes Littéraires pour cette belle tribune que vous m’avez offerte. Vous abattez un excellent travail dans la promotion du livre et des auteurs. Je vous souhaite plus de visibilité.

Je remercie mes amis Artistes qui ont travaillé avec moi sur ce projet notamment Assane Dieng qui a managé ce projet. Je remercie tous amis auteurs et poètes sénégalais.

« Entre l’Artiste et le fou, il n’y a qu’un pas. Heureux, l’Artiste qui le franchit » M. Sokrat Joob.

Les liens pour commander l’ouvrage :

https://www.publiwiz.com/index.php/catalogue/litterature/autres-univers-litterature/les-etoiles-de-la-destinee

https://www.amazon.fr/%C3%A9toiles-destin%C3%A9e-Mamadou-Socrate-Diop/dp/2378240244

https://livre.fnac.com/a13324100/Mamadou-Socrate-Diop-Les-etoiles-de-la-destinee

Les commandes au Sénégal :

Massaer Diop : diopmeuss94@gmail.com/+221771521084

Dieynaba Dia : dieynabadia2601@gmail.com

 

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