Chers lecteurs et lectrices de Biscottes Littéraires! Nous recevons pour vous aujourd’hui encore Ayi Hillah, qui nous parle de son nouveau livre Sapientia. bonne lecture.
BL : Monsieur Ayi Hillah, vous recevoir à nouveau sur Biscottes littéraires est un plaisir pour nous. Aujourd’hui, nous vous recevons en tant que poète, nouvelliste, romancier, auteur de récits, aphoriste, épistolaires et de Sapientia, votre nouvelle œuvre qui donne votre vision du monde à travers des aphorismes et des citations. Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de cette œuvre ?
AH : Merci pour l’invitation. Croyez-moi, c’est aussi un plaisir d’être de retour sur votre plateforme. J’ai écrit Sapientia parce que je me suis rendu compte que j’ai d’idées que je ne peux écrire de romans. Alors, le moyen le plus simple de les partager avec mon lectorat c’est de les rassembler dans un recueil. Peut-être qu’avec un peu de chance, elles (mes idées) me survivront.
BL : Vous n’êtes plus à présenter sur la scène littéraire togolaise car vous avez la plume féconde. Comment arrivez-vous à créer dans ces genres littéraires lyriques et élitistes sans vous en lasser ?
AH : Se lasser de soi-même c’est mourir. Je pense que j’ai l’art de raconter des histoires dans le sang. Quant à ma manière de les raconter, je laisse le soin au public d’en parler. Et puis, quand on est comme moi, rêveur, et trouvant à chaque étape du chemin de la vie une aventure, un prétexte, un sujet, enfin, de quoi raconter l’existence, je pense que l’on ne peut jamais se lasser d’obéir à l’appel de l’inspiration.
BL : Pourquoi avoir choisi d’écrire des aphorismes pour dispenser votre inspiration à travers le monde ? Est-ce un défi à relever ? Une expérience à faire ou une inspiration particulière qui vous a conduit à cela ?
AH : Sans le faire exprès, j’avais répondu à cette question un peu plus haut. Mais, quand on me relance, je ne me dérobe jamais. Voici donc ! Ecrire Sapientia n’était pas un défi à relever, ni une nouvelle expérience à faire. Voyons, ce livre contient plus de six-cents citations et idées qu’il m’est impossible d’insérer dans un roman ou un récit. Vous conviendrez avec moi que l’idéal c’est de les regrouper dans un recueil.
BL : Sapientia aborde la philosophie de la vie, de l’amour, de l’être humain en général. Est-ce qu’il vous a fallu de profonds moments de recueillement, d’analyse du monde et d’observation pour en arriver à cette parution ?
AH : Quand on a mon âge, et qu’on a fait de la vie un voyage, c’est-à-dire un long chemin à parcourir, quand on est observateur attentif de sa propre trajectoire et de celle des autres, cela va de soi que l’on fasse du quotidien un lot d’expériences à analyser. Et quand l’on s’y applique pour de vrai, cela devient facile d’aborder les sujets comme ceux dont traite Sapientia.
BL : La question de la vacuité de la vie mais aussi de la légèreté de l’amour, de son importance pour l’élévation du monde vous préoccupe dans cet ouvrage. Est-ce qu’il y a une histoire particulière derrière ces thématiques liées les unes aux autres ?
AH : On parle toujours de soi quand on écrit un livre, avouons-le. Pour revenir à votre question, la vacuité de la vie, dites-vous ? Je dirai plutôt sa fragilité. Oui, pour moi la vie est bien fragile. Je la compare souvent à un mirage, à quelque chose d’évanescent. Pour moi, elle est un long chemin comparable à un deuil, une condamnation à mort ; une course de laquelle nous ne sortiront pas vivants. Voilà l’idée que j’ai de la vie. Quant à l’amour, je pense qu’il est le remède dont on doit se servir pour anesthésier les peines et les douleurs du quotidien. Mais attention ! Quand je dis amour, je ne parle pas forcément de l’affrontement entre deux épidermes, je ne parle pas non plus du lait blanc et de la sueur rouge dont sont témoins les alcôves silencieuses où les amants s’unissent pour se perdre. Quand je parle d’amour, je pense souvent aux grands sentiments que sont la générosité, l’empathie, la tolérance, et j’en passe.
BL : Peut-on dire qu’il faut une certaine expérience de vie pour décrire certaines réalités humaines comme l’atteinte du bonheur ? L’humanité tel que décrite dans votre ouvrage est empreinte de générosité et d’espoir. Est-ce une utopie du monde actuel ?
AH : Inévitablement, il faut une certaine expérience de vie pour aborder des sujets aussi importants. C’est vrai que de nos jours tout le monde est devenu éducateur, mais, croyez-moi, je ne ferai pas du dernier des idiots mon précepteur. Pour la suite de la question, je ne sais pas si je suis utopiste. Pour moi, La générosité et l’espoir sont les remèdes que je propose pour traiter le mal dont nous souffrons. J’espère avoir vu juste.
BL : L’un des aphorismes de votre ouvrage est ceci : « Le bonheur n’est jamais là où nous sommes, raison pour laquelle les humains rêvent du paradis quand les anges ont nostalgie de la vie terrestre ». Cette pensée à un sujet de baccalauréat peut faire polémique. Est-ce que vous avez déjà discuté avec un ange une fois ? Sinon, comment avez-vous eu cette inspiration ?
AH : C’est connu, la métaphore, par le biais de l’analogie sert à transférer les choses dans le domaine de l’intelligible. Cela étant, il ne s’agit pas d’ange ; être spirituel, intermédiaire entre Dieu et l’homme, messager des volontés divines…. Face à un tel sujet au baccalauréat, il faut que l’élève reformule la citation autour des thèmes que sont l’illusion et l’insatisfaction. Cela pourrait facilement donner ceci : « l’herbe est toujours plus verte ailleurs ». Une fois cette étape passée, son baccalauréat est sauvé (rire). Pour le reste, j’ai de très bons rapports avec certains anges, mais nous en reparlerons une prochaine fois. (Rire)
BL : Si l’on vous demandait votre idée sur le bien et le mal, que répondriez-vous ?
AH : Le bien et le mal sont deux réalités sans lesquelles le monde n’existerait pas. On ne peut pas parler de jour si la nuit n’existait pas. Tout part de l’origine. Je pense, s’il faut philosopher, que le visage le plus connu de Dieu c’est le bien, et que son revers c’est le mal. Si vous me demandez lequel de ces deux visages choisir, je vous conseillerai le bien, parce que je le trouve utile.
BL : Sapientia, désormais fait son bonhomme de chemin dans la littérature actuelle du monde. Qu’attendez-vous des lecteurs qui découvrent cette forme de littérature qui se fait de plus en plus rare ?
AH : Ce n’est pas nouveau, et je l’ai déjà dit plus d’une fois. L’importance d’un écrivain tient au consentement de ses lecteurs. De ce fait, tout ce que j’attends c’est que le livre soit lu et qu’il serve de référence au moins une fois dans la vie de qui l’a lu quand ce dernier viendra à philosopher sur l’existence et son lot d’énigmes.
BL : Vous avez pour projet futur, la parution d’un livre épistolaire intitulé Pluie d’été à Carbon-Blanc Parlez-nous brièvement de cette œuvre.
AH : Tout comme Sapientia, Pluie d’été à Carbon-Blanc est un livre à part dans ma bibliographie. C’est l’histoire d’un amour, d’une rencontre, d’une beauté rare. Avec elle, j’ai vécu l’équivalent d’un siècle en quatre ans… Neuf mois après avoir plongé mon regard dans le sien, j’ai accouché de ce livre dans lequel tout est merveilleux comme une pluie d’été à Carbon-Blanc.
BL : Quel est votre mot de fin pour cet entretien ?
AH: Il n’y a pas un mot plus grand et plus noble que le mot merci. Je le dis donc à l’endroit de tous ceux qui me soutiennent dans mon travail d’écrivain ; à mes lecteurs et lectrices, aux collègues écrivains qui supportent mes élans et mes scrupules, aux organisateurs d’évènements ici et là, et à vous pour cette interview.