Bonjour les amis. Nous recevons pour vous aujourd’hui, un écrivain ivoirien: » Beaucoup d’Africains veulent rentrer clandestinement en Europe pour fuir la misère grandissante en Afrique, la pauvreté est beaucoup présente en Afrique. Même les travailleurs s’en sortent difficilement avec leur salaire précaire dans nos pays africains ».
BL : Bonjour monsieur Seydou Koné. Nous sommes heureux de vous recevoir sur notre blog. Veuillez-vous présenter à nos lecteurs.
SK : Bonjour Biscottes Littéraires, je suis également ravi de vous accorder une interview. Je me nomme Seydou Koné, je suis un jeune écrivain ivoirien, j’ai publié une myriade de livres notamment Le péché, La déchirure, Le fils maudit, Guerre silencieuse, The sin, El pecado, O pecado et Silentwar.
BL : Nous constatons des liens de parenté avec le célèbre écrivain Amadou koné (Les frasques d’Ebinto). Qui est-il pour vous ? Et qu’est-ce qui vous différencie de lui ?
SK : J’ai effectivement des liens de parenté avec le célèbre écrivain Amadou Koné. Mieux, Amadou Koné est mon oncle maternel, le petit frère à ma mère. Mon oncle est un écrivain didactique c’est-à-dire que c’est un auteur qui donne des conseils au peuple à travers ses livres. Contrairement à mon oncle, je suis un écrivain misérabiliste c’est-à-dire un auteur qui dépeint avec insistance les aspects misérables de la vie en société ; j’ai choisi de dénoncer la trop grande misère dans le monde.
BL : Qu’est-ce qui fut le déclic de l’écriture chez vous ?
SK : J’ai toujours été un élève brillant en français, le déclic de l’écriture est né en classe de première au lycée. Sans hésiter, c’est mon oncle Amadou Koné qui m’a incité à écrire des livres.
BL : Vous avez publié votre premier roman « Le Péché », à l’âge de 21 ans. Mettez-nous dans la genèse de ce roman.
SK : J’ai plutôt écrit mon premier manuscrit Le Péché à l’âge de 21 ans. Après avoir entendu parler de plusieurs couples qui souffraient de stérilité, j’ai décidé d’écrire ce roman pour aider des personnes.
BL : Ce roman « Le Péché » fut la sixième vente dans les librairies en Côte d’Ivoire après sa sortie. Qu’est-ce que cela fait quand, à l’âge de 21 ans, on a ce succès ?
SK : En toute sincérité, je n’avais jamais imaginé que mon roman Le Péché allait bien se vendre dans les librairies en Côte d’Ivoire. Je n’ai jamais imaginé que ce livre allait être traduit en anglais, en espagnol et en portugais. En toute sincérité, je me suis dit que c’est mon livre La Déchirure qui allait mieux se vendre et être traduit dans plusieurs langues. C’est la volonté de Dieu, c’est ma destinée. Aujourd’hui, Le Péché est réédité par Editions Muse en République de Moldavie.
Pour moi, c’est Dieu qui donne le succès, j’espère qu’Allah permettra que tous mes livres soient best-sellers inch Allah.
BL : Qu’est-ce que cela fait d’être écrivain dans le pays d’Ahmadou Kourouma ?
SK : C’est un honneur d’être un écrivain dans le pays d’Ahmadou Kourouma, celui qui a transcrit la langue Malinké en français. Peut-être vous ne le savez pas, Ahmadou Kourouma a beaucoup influencé mon oncle Amadou Koné pendant sa jeunesse. Pour moi, Ahmadou kourouma est une légende, il a remporté le Prix Goncourt et le Prix Renaudot en France.
BL : Vous êtes un jeune auteur traduit en anglais, en espagnol et en portugais. Expliquez-nous les raisons des traductions de vos ouvrages.
SK : Je dirais que c’est Dieu qui a permis les traductions de mes livres en anglais, en espagnol et en portugais. C’est Dieu qui m’a offert le talent pour écrire des livres avec des histoires passionnantes, des intrigues solides, des personnages complexes.
BL : On vous voit côtoyer beaucoup de genres. Est-ce un choix ou parce que vous avez du mal à vous spécialiser dans un genre ?
SK : Pour moi, c’est un choix de côtoyer beaucoup de genres. Je me sens à l’aise lorsque j’écris des romans, des nouvelles ou des recueils de théâtre. L’écrivain doit être complet. Autrement dit, il doit pouvoir produire des ouvrages dans les différents genres littéraires notamment le roman, le théâtre et la poésie.
BL : Votre dernier livre « Guerre silencieuse », évoque un sujet d’actualité notamment l’immigration clandestine. Donnez les raisons de l’écriture de ce livre.
SK : Je vous remercie pour cette question. Chaque année, l’immigration clandestine provoque la mort de milliers de personnes dans la méditerranée, les mers, les océans, dans les déserts.
Il était utile pour moi d’interpeller les Etats, les organisations internationales… à se pencher sérieusement sur ce fléau qui endeuille de nombreuses familles en Afrique, aux Amériques.
BL : Dans « Guerre silencieuse », on constate que Kadia, exerçant dans une entreprise en Côte d’Ivoire, désire se rendre en Europe pour mieux gagner sa vie. Pour y arriver, il emprunte de l’argent à sa banque. Pourquoi beaucoup d’Africains veulent toujours partir de façon clandestine en Europe ? Avec cet argent, ne peuvent-ils pas se réaliser à domicile ?
SK : Beaucoup d’Africains veulent rentrer clandestinement en Europe pour fuir la misère grandissante en Afrique, la pauvreté est beaucoup présente en Afrique. Même les travailleurs s’en sortent difficilement avec leur salaire précaire dans nos pays africains. Avec l’argent dont disposait Kadia, je pense qu’il pouvait entreprendre en créant par exemple une ferme de poulets ou de moutons.
BL : Vos huit (8) livres ont été publiés en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Pourquoi ne publiez-vous pas vos ouvrages en Afrique ?
SK : Par le passé, j’ai publié des livres en Afrique. Sincèrement, j’ai gardé de mauvais souvenirs de la publication de mes livres dans mon pays.
BL : Selon vous, quelles sont les difficultés rencontrées par la littérature africaine ? Existe-t-il des solutions ?
SK : La littérature africaine rencontre de nombreuses difficultés. On peut citer le manque de promotion des livres, le désintérêt des Africains pour la lecture…Des solutions existent pour promouvoir les écrivains africains. Il faut de la volonté venant de nos autorités politiques. Mieux, construire des bibliothèques dans nos villes et villages, équiper les bibliothèques de nombreux livres, faire la promotion de nos auteurs africains sur les chaînes de télévision, les radios, les journaux…
BL : D’où tirez-vous votre source d’inspiration pour écrire ?
SK : L’inspiration pour écrire provient de la vie quotidienne, des histoires racontées par les vieilles personnes. Je tire aussi mon inspiration de la télévision, de la radio, des journaux… Pour écrire de belles histoires, l’écrivain doit s’ouvrir au monde.
BL : Vous êtes romancier, dramaturge et nouvelliste. Lequel de ces trois genres littéraires est-il facile à aborder ?
SK : Je dirais qu’aucun genre littéraire n’est facile à aborder. Le roman, la nouvelle et le théâtre ont chacun leur particularité ; je dirais qu’il faut être inspiré, avoir des idées pour aborder chaque genre littéraire.
BL : Quels sont vos auteurs préférés et quels derniers livres aviez-vous lus ?
SK : Pour mes auteurs préférés, on peut citer Ahmadou Kourouma, Amadou Koné, OlymeBhêlyQuenum, Eza Boto, Charles Baudelaire, Nazi Boni, Abdoulaye Sadji, Aminata SowFall, Beaumarchais…Ces derniers jours, j’ai lu Les fleurs du mal de Charles Baudelaire, Ville Cruelle d’Eza Boto et Liens d’Amadou Koné.
BL : Ecrivez-vous par passion ou pour en vivre ?
SK : J’écris d’abord par passion car j’aime la littérature, j’aime partager le savoir, la connaissance avec les autres. Ensuite, être écrivain est un métier. Lorsque votre manuscrit est accepté par une maison d’édition, vous remplissez un contrat d’édition vous indiquant le pourcentage que vous gagnez sur la vente en librairie et sur internet de chaque livre ; plus vous vendez des milliers ou des millions de livres dans le monde, plus vous gagnez beaucoup d’argent. J’écris aussi pour gagner assez d’argent licite avec les ventes de mes livres inch Allah. La romancière Danielle Steel a vendu plus de 800 millions d’exemplaires de ses livres dans le monde. Aux Etats-Unis d’Amérique, James Patterson empoche chaque année plus de 500 millions de dollars américains avec les ventes de ses livres. Je ne connais aucun auteur africain qui refuserait de telles sommes.
En Afrique, les écrivains en général vont toujours continuer à exercer d’autres boulots tant qu’ils n’enlèveront pas de leur esprit qu’on ne peut pas vivre du livre. L’écrivain nigérian Chinua Achebé a vendu, dans le monde, plus de 30 millions d’exemplaires de son roman Le monde s’effondre. C’est dire qu’on peut-être Africain et vivre de ses écrits. Tout est possible avec Dieu !
BL : Quels sont vos projets ?
SK : Lorsqu’on est ambitieux, on a nécessairement des projets. J’ai de nombreux projets dans le monde ; souffrez que je n’en parle pas pour l’instant.
SK : Je voudrais d’abord remercier Allah, Dieu qui guide ma carrière d’écrivain.Je voudrais également remercier sincèrement le magazine Biscottes Littéraires, vous contribuez à la promotion de la culture africaine. Mieux, vous valorisez les écrivains africains.
Je voudrais saluer ma mère qui prie beaucoup pour ma jeune carrière d’écrivain, saluer tous ceux qui m’aident de près et de loin. Les Africains doivent valoriser leurs écrivains en achetant leurs ouvrages. Je vous remercie.