« Pour être heureux, il suffit d’ouvrir un livre » Kim Chi Pho.

« Pour être heureux, il suffit d’ouvrir un livre » Kim Chi Pho.

Quelquefois la vie est si compliquée que seule l’Autodérision permet une sortie pas trop abimée.

Bonjour les amis. Aujourd’hui lundi, c’est le jour de l’interview sur votre blog. Nous recevons à cet effet Kim Chi Pho: « Il me semble qu’un des rôles de la littérature est un devoir de mémoire« 

BL : Bonjour Madame. Merci de nous accorder cette interview. Nous sommes heureux de vous recevoir sur notre blog. Nos lecteurs sont impatients de vous connaitre. Vous voudrez bien vous présenter, s’il vous plait ?

KCP : Née au Vietnam, d’un père chinois et d’une mère vietnamienne, j’ai grandi entre la Belgique et l’Australie. Parisienne depuis 2005. Je suis le onzième enfant d’une fratrie de douze.

BL : Vous êtes une férue des lettres. Comment est-elle née, votre passion pour la littérature, en particulier celle française ? Surtout quand on sait que le français n’est qu’une langue d’adoption pour vous ?

KCP : Je suis polyglotte et ma langue maternelle est le vietnamien. Je souffre d’une dépendance à la lecture. Je lis dès que j’ai cinq minutes à tuer. Dans ma vie passée, j’étais sans doute une miteme nourrissant les pages des livres.

BL : Vous avez occupé durant plusieurs années le poste de Directrice financière au sein d’une grande entreprise. Une main qui sait manier donc aussi bien les chiffres que les lettres. Qu’est-ce qui vous a conduit à l’écriture ? Votre simple passion pour les lettres ? Votre envie de partager votre vision du monde ? Vous voudrez bien nous dire ce qui fut le déclic ?

KCP : Quand j’ai appris que les jours de mon père étaient comptés, j’ai quitté Paris, mon travail, pour me rendre à Melbourne. Lors d’une nuit blanche, comme toutes celles qui précédèrent les funérailles de papa, je m’étais mise à écrire pour ne pas sombrer dans la folie, tellement la souffrance était intenable. Depuis ce jour-là, je n’ai jamais cessé d’écrire.

BL : Vous faites votre entrée dans l’arène littéraire avec votre roman Mademoiselle numéro 11. Vous voudrez bien nous dire le postulat d’écriture de ce livre ?

KCP : Mademoiselle Numéro 11 est mon premier livre. C’est un roman autobiographique. Au commencement, c’était un carnet d’intime de trois cents pages que j’ai partagé avec quelques proches. Je n’attendais pas qu’il soit devenu un succès. Après, j’ai dû changer de noms et romancer quelques chapitres.

BL : Dans cette œuvre, à travers l’héroïne Linh, on voit le lyrisme et l’élégie qui s’embrassent. Le souffle épique se fait sentir via les traits portés sur la vie au Vietnam, en Belgique etc. C’est comme l’image du phénix qui, même aux bords escarpés du précipice, croit en un regain de lumière, de force, de vie, par l’espérance. Doit-on penser que Linh est, en réalité, l’âme de l’auteure du livre restée extradiégétique ? Autrement dit, que répondriez-vous au lecteur qui prend ce chef-d’œuvre pour un roman autobiographique ?

KCP : Je cite le dernier avis de lecture reçu : Mademoiselle Numéro 11 est mon coup de cœur du mois ! Un roman lu d’un seul trait qui ne vous laissera pas indifférent : une invitation au voyage, un hymne à la famille et une ode à la confiance en soi. Foncez le découvrir. (Laure Allard-d’Adesky auteure)

BL : Le clos des diablotins est votre second roman. C’est le quartier situé dans la banlieue de Bruxelles où Linh Chao a passé ses jeunes années. Dans ce livre, vous tissez au bout de votre plume comme un fuseau avec un fil deux intrigues passionnantes. Même si la première qui est le terrorisme (avec l’intention de Kamel Abdoul visant un acte kamikaze) ne se trouve pas au centre de l’idéal développé dans cette œuvre. Toutefois, vous voudrez bien nous dire le regard que vous portez sur ces parties du monde touchées au quotidien par des actes terroristes ? Pensez-vous qu’on assistera un jour à une humanité sans guerre, remplie de paix, comme le souhaitent plusieurs organisations internationales notamment l’ONU ?

KCP : Certains pourraient me juger trop optimiste, mais je crois à la bonté humaine, que les hommes sont animés par la bienveillance et la solidarité. Chaque fois que j’étais dans une galère, il y avait toujours des amis qui m’ont tendue la main.

BL : La mort est un thème que vous abordez dans cette œuvre à l’allure thriller. Rosa l’illustre bien. Croyez-vous en la Réincarnation ? A la Métempsychose ? Quelle perception faites-vous de la faucheuse et des âmes fauchées ?

KCP : Depuis l’enfance, j’ai de petits bonshommes blancs qui dansent dans ma tête. Je vois des âmes errantes et parle avec elles. Je suis très spirituelle et souvent les gens se moquent de moi en me traitant de folle. Cela m’est égal car nous n’avons pas tous le même rapport à la vie. Je crois profondément à l’incarnation, au Karma. Qui sème le vent récole la tempête.

BL : Dans votre roman Sista, l’histoire, la philosophie, l’humanisme et surtout la résilience constituent le soubassement de votre idéal littéraire. Vous abordez le génocide rwandais de 1994 où les Hutu et les Tutsi se sont défiés fatalement. C’est une grande page de l’une des histoires de la géopolitique et de la géostratégie de l’Afrique. Quelle relation votre littérature entretient-elle avec l’histoire ?

KCP : Il me semble qu’un des rôles de la littérature est un devoir de mémoire. En tout cas, dans mes romans, j’aime citer les événements historiques. Dans Mademoiselle Numéro 11, je fais référence à la guerre du Vietnam et les Boat People ; dans Le Clos des Diablotins je parle des attentats terroristes ; dans SISTA, c’est le génocide rwandais, et A Jamais à Nous, le lecteur découvre l’histoire de Paris sous Napoléon jusqu’à nos jours.

BL : Le génocide rwandais atteint le comble du drame, de l’inhumanisme. Ghislaine met son enfant au monde sous la pluie, dans un bois. Il ne vivra malheureusement pas. Elle décide donc de quitter l’Afrique pour la Belgique. C’est un livre de violence, de deuil, de pardon et d’amour. Ce qui frappe l’esprit reste la construction superbe et impressionnante des personnages féminins : Ghislaine, Douce, Tania. Ce sont des âmes battantes qui ne se laissent dompter par aucun obstacle, aucune douleur. Quel message voulez-vous véhiculer à travers ces personnages ?

KCP : Encore une fois, j’aimerais citer un retour de lecture d’une lectrice : « le livre est violent et cru. Il parle des secrets et de la part d’ombre que nous pouvons tous avoir en nous mais aussi d’amour et surtout de sororité (@il_fee_beau) »

BL : Dans A jamais nous, vous sollicitez le lecteur à la contemplation de la romance. Ici, le fantastique et le paranormal s’endimanchent. Une histoire d’amour par-delà la mort. Aurore et Henri rouvrent les portes des sentiments tumultueux du passé. Beaucoup martèlent aujourd’hui que le vrai amour n’existe pas ou plus. Que seul l’intérêt compte. Certes, la littérature emprunte à la fiction quelques traits. Mais elle reflète quelque part la réalité. A l’instar de l’amour édifié dans votre opus, pensez-vous qu’il existe un de pareil, de si fort, de si vrai dans le réel ?

KCP : Ma comptine favorite parmi de très nombreuses que me racontait ma mère, c’est celle-ci : dans une vie antérieure, elle et moi étions jumelles. La mort nous avait séparées, nos âmes erraient de siècle en siècle avant notre réincarnation en mère-fille. De cette histoire d’enfance est née A Jamais à Nous.

BL : La plupart de vos œuvres sont ponctués d’un humour décapant, même au cœur de la narration d’une tragédie. Doit-on prendre l’intention ou le style dans le sens qu’un livre, malgré son idéal mi-fictionnel et mi-rationnel, reste un objet de distraction, d’amusement ?

KCP : Quelquefois la vie est si compliquée que seule l’Autodérision permet une sortie pas trop abimée.

BL : Beaucoup pensent que la question du Genre ne donne pas encore satisfaction aux femmes et qu’il faille que ces dernières s’attèlent à leur féminisme pour arracher leurs droits et leur autonomie sous toutes ses formes. Et vous, comment percevez-vous le concept féminisme ?

KCP : Je suis une maman célibataire de deux jeunes filles, il m’est très important qu’elles grandissent dans une société où les femmes ont les mêmes droits (et devoirs) que les hommes. Tout n’est pas dû ni acquis, un long chemin rempli de misogynes, de racistes, d’extrémistes les attend. Cependant, mes enfants sont des battantes, je ne doute point qu’elles vont contribuer à leur échelle à bâtir un monde meilleur.

BL : Vos œuvres sont écrites en français, bien que vous soyez au fond sino-vietnamienne. C’est un sacré travail qui mérite admiration. Néanmoins, vous est-il arrivé de penser à écrire en vietnamien pour rendre peut-être hommage à votre vraie origine ?

KCP : Effectivement, j’aimerais beaucoup que mes romans soient traduits en vietnamien.

BL : Vous avez certainement d’autres projets littéraires en instance. A quoi le lectorat doit-il s’attendre prochainement ?

KCP : un thriller !

BL : Comment peut-on se procurer vos œuvres ?

KCP :  Disponible sur Amazon et sur le site de mon éditeur www.editionslemart.com

BL : Quelques conseils à l’endroit des jeunes qui désirent s’essayer à l’écriture ?

KCP : Connaissez-vous  Lettres à un jeune poète  ? Ce sont les échanges entre le poète et romancier autrichien Rainer Maria Rilke et un jeune homme dénommé Franz Xaver Kappus qui souhaitait devenir auteur. Rilke lui avait écrit ceci : « Entrez-en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s’il pousse ses racines au plus profond de votre cœur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit : Suis-je vraiment contraint d’écrire ? »

BL : Votre mot de la fin

KCP : Pour être heureux, il suffit d’ouvrir un livre.

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