Tard dans la nuit, de gros nuages se formèrent dans le firmament, au grand étonnement de tous, car on était en pleine saison sèche. Jusqu’au petit matin, grands vents. Violents coups de colère. Les chambres de Xubi-lanmabi et de Kongolo furent secouées, la toiture ébréchée. Aux premiers chants du coq, le tonnerre gronda pendant plus de quinze minutes, sans interruptions. Débandade dans le rang des animaux. Les chiens, la queue entre les jambes coururent trouver asile dans les étables, en compagnie des chats et des moutons. Soudain, une accalmie. Kongolo, sortit dans la cour. Voulait-il uriner? Aussitôt, deux éclairs zébrèrent le ciel. Un coup violent venu du firmament le frappa à la poitrine. Il fut catapulté et violemment jeté contre le mur.

Alertée par le bruit, sa femme se précipita dehors sans avoir eu le temps de bien se couvrir. Elle fut foudroyée en plein visage. Les deux écumaient. Entre deux hoquets, ils vomirent le repas de la veille d’où se détachèrent de gros morceaux de viande de canard mal mâchée. Parmi les briques posées sur les feuilles de tôle pour empêcher le vent de les emporter, deux d’entre furent soulevées par une force invisibles et atteignirent les deux corps, l’un au flanc, l’autre à la poitrine. Xubi-lanmabi fit un pas dehors. Il voulait voir ce qui se passait. Le spectacle lui était insoutenable. Il cria « houklouhouooo ». Sa femme sortit le rejoindre. Ses enfants ainsi que ceux de Kongolo étaient aussi dans la cours. Le ciel renfrogna une fois encore la mine. Le tonnerre se remit à gronder. Le ciel déversait sur la terre des torrents de feu. Un grand coup de tonnerre se fit entendre. Détalèrent tous ceux que les cris de Xubi-lanmabi avaient alertés. Dans sa fuite, sa femme fut foudroyée dans le dos. Le sang gicla et elle vomit exactement comme Kongolo et sa femme. Tous les enfants des deux couples s’étaient retrouvés subitement à terre, écumant et dégurgitant les mêmes choses que les autres.

Xubi-lanmabi courut vers sa femme. Elle était blême, les yeux glauques. Elle ne respirait plus. – C’est l’œuvre de Xèbiesso, disaient les gens. Ceux qui ont de la mémoire doivent se rappeler que Xubi-lanmabi a la mémoire trop courte. Dans ce village, il a été gracié alors qu’il était pris en fragrant délit. Aujourd’hui, il livre le sort des humains au dieu-tonnerre, pour un canard disparu. Voilà le résulta. Dépassé par les événements, Xubi-lanmabi courut se jeter dans le puits. Celui-ci était fermé, heureusement. Les plus courageux revinrent sur leurs pas, s’occuper de lui et des enfants. Il s’échappa de leurs mains et entra dans sa chambre. Il empoigna un flacon de raticide.

 

 

Destin Mahulolo