Deux semaines plus tard, Sènablo se réveilla un matin en forme. Il n’en croyait pas ses yeux. Il venait de recouvrir sa jeunesse printanière. De nouveau, le lion a commencé à rugir en lui. Tout est normal. Le forgeron peut encore forger. Il courut chez El Hadjh. Une odeur pestilentielle l’accueillit au portail. Il vit alité le marabout assis, envahi per une horde de mouches. Il avait au mollet une plaie large comme une paume de main. Il avait aussi perdu son acuité visuelle.

– C’est le prix que j’ai dû payer pour vous délivrer, cher Sènablo. L’offense était impardonnable. Cette fille retrouvée morte dans la mer, c’était la petite-fille du grand sorcier. Vous êtes allé trop loin.

– Je suis désolé, El Hadj. Je suis prêt à honorer la facture.

– Non, c’est gratuit, j’ai payé pour vous.

Sènablo était redevenu la coqueluche de la ville. Toutes les femmes qui avaient appris son infirmité et s’en étaient moquées étaient revenues à l’assaut. Mais elles étaient rentrées désillusionnées. Sènablo se savait redevable à El Hadj. Chaque jour, il lui rendait visite. Il était devenu comme un ami pour lui.

Six mois plus tard, Nanfi MasƆgblé, la femme de El Hadj tomba enceinte. Cela coïncidait avec le temps que dura la maladie du marabout. Cette grossesse avait un auteur, un homme qui n’était pas comme les autres: Sènablo. Quand El Hadj apprit la vérité, sa tension monta tout d’un coup. Ses yeux devinrent rouges. Il faillit s’évanouir. Pris d’un grand vertige, il s’assit, et se mit à réfléchir à quelle décision prendre…

 

Fin

Destin Mahulolo

 

  1. Pauvre El Hadj ! Ce texte n’a pas grand lien avec Xala de Sembène mais il me le rappelle.

    • vraiment .je serai encore plus heureuse .il ne méritait même pas ce que le El hadj lui a fait…

  2. Vraiment ! L’homme est mauvais. On te fait du bien et c’est par le revers de la main que tu remercies ton donnateur. Pauvre El Hadj. Il a vraiment une décision à prendre….