Une journée dans la vie de Afokou (2/4) Claude K. OBOE
Je me retrouvai la nuque au sol. Je ne compris pas tout de suite ce qui m’arrivait. Dans mon étourdissement, j’entendais comme dans un rêve : «Je t’avais dit de ne pas tirer fort. Tu as brisé le visage du pauvre. Et s’il mourrait maintenant. Et pourtant, on s’était dit : « balle aux pieds quand les gens passent ». Tu sais que nous n’avons pas le droit de jouer dans la rue. A cause de toi, on risque d’arrêter le jeu. » Quand je me suis réveillé, il y a avait un attroupement autour de moi. Et dans ce tohubohu, le plus baraqué des joueurs, bousculé par la foule, s’écrasa sur moi. Je ne pus me débattre. Je passai un bon moment sans pouvoir bouger. Quand j’ouvris correctement les yeux une seconde fois, je me retrouvai seul. Une dame passait. Elle avait quelque chose sur la tête. Un bagage constitué d’une grande bassine dans laquelle trônait une…
Une journée dans la vie de Afokou (1/4) Claude K. OBOE
Laminé par la faim cet après-midi-là, je sortis de la maison sans savoir où j’allais en réalité. Mais tout ce dont j’étais sûr, c’est qu’il fallait coûte que coûte que je trouve quelque chose à manger. Ma femme, en partant au marché, ne m’avait rien laissé comme repas. Je ne sais même pas pourquoi, car ce n’est pas son habitude d’agir ainsi. J’avais toujours quelque chose à manger à mon réveil. Je ne savais pas si c’est parce que j’ai mis du temps à me lever contrairement à mes habitudes que j’ai eu autant faim. Une fois à la cuisine, du moins, ce qui nous servait de cuisine, j’avais fouillé un peu partout, dans les moindres recoins sans rien trouver. Même, le repas qu’on a préparé hier était fini. Aucune trace. On avait érigé la cuisine derrière la maison, en palissade. Il fut un moment, chaque fois qu’il il pleuvait,…
«L’amour m’a tuée»(4/4) BACHOLA Amoni
Et si tu penses que ta vie serait mieux avec une autre qui t’offrirait un meilleur jour que mon amour, je m’en voudrais de ne pas m’éclipser. En lisant cette lettre, sache que tu me lis pour la dernière fois donc. Surtout ne pleure pas mon départ. D’ailleurs je me demande bien si mon départ t’écœurerait. De toute façon… Que je continue à respirer ou pas, ma vie n’a plus de sens et sans toi à mes côtés pour me soutenir, je ne vois pas pourquoi j’ai le devoir de lutter pour rester. Profite de ta vie ! Et si tu as au moins du cœur et un souvenir d’un beau moment qu’on a passé ensemble, demande aux miens de venir me chercher dans la brousse située au nord du carrefour Ifè (‘amour’). Je m’y serai déjà pendue. Mon amour m’a tuée. Bonne vie Vigblégblé… Je t’ai aimé. >> Adieu. »…
«L’amour m’a tuée»(3/4) BACHOLA Amoni
Rose avait quoi de plus que moi ? je me sais plus belle qu’elle ; et si tu penses le contraire c’est sûrement à cause de ses maquillages, de ces peintures qu’elle passe à la bouche, de ses laits de soins qu’elle est capable de se procurer grâce à l’argent de son père, ce riche politicien qui ne cesse de mentir au peuple lors des campagnes électorales et ne cesse de gruger, dévaliser et de détourner l’argent du pays. C’est ce que tu préfères ? Un beau-père riche mais gros menteur et voleur ? Et Rose, cette fille aux mœurs légères, dans des tenues très peu décentes et aux tresses très encombrantes ? C’est elle que tu choisis ? J’aurais dû faire attention à tes regards toujours posés vers le bas. Ce sont ses cuisses laissées à découvert que tu contemples avec tant d’admiration et de satisfaction. Cela explique encore mieux tes jets de sourire…
«L’amour m’a tuée»(2/4) BACHOLA Amoni
‘’Bonjour Vigblégblé, Trop tenir à une personne comme la tache d’huile rouge sur un linge blanc, peut conduire à la fatalité dit-on. Et c’est vrai ! Cher chéri Vigblégblé, Quand tu liras ceci, sache que je ne vis plus. J’ose te pardonner pour tout le mal enduré et tous les coups encaissés. Quand je me rappelle tous ces moments passés ensemble, j’en viens à me demander si un seul instant cela avait valu la peine. C’est vrai que je ne suis pas de la caste de ces filles qui subjuguent les hommes par leur forme, qui les rendent esclaves par le coup de grâce au lit. En rien, je ne puis me vanter d’avoir été meilleure que d’autres. J’ai cru que l’amour tendre qui me liait à toi suffirait pour nous coudre le modèle de couple parfait au monde. J’ai eu tort de penser cela. Je m’en excuse… J’ai cru…
« L’amour m’a tuée » (1/4) BACHOLA Amoni
Note de l’auteur: Interdit aux extraterrestres et à ceux qui n’ont pas de cœur. Mon village est Mézoussada, un bourg pas comme les autres. Il est très animé et reconnu comme le plus riche de la région. Tous les week-ends, le long des ruelles est bondé de monde. Par-ci, ce sont les adolescents qui jouent au baby-foot, par-là, des marchands de la ville qui viennent nous éblouir avec les nouveautés : les nouveaux styles, les nouveaux singles, les nouveaux téléphones à la mode. Les pas de danses s’enchaînent à certains lieux où se trouvent les tendrons et pour les jeunes garçons de mon village, nous avions l’habitude de nous rassembler sur un terrain de football gazonné par endroit: un don des politiciens qui nous l’avaient promis depuis bien quatre ans et qui, pour pouvoir quémander nos suffrages l’an prochain, ont dû s’acquitter de leurs dettes. La tradition est très importante…
250 (5/5) Fabroni Bill YOCLOUNON
Bonjour Monsieur le directeur. Je m’excuse pour le léger retard. Un souci d’embouteillage dans les rues cotonoises. Aujourd’hui nous avons à libérer 50 bouteilles de petits cailloux au supermarché “Ifèlayo“, 30 bouteilles de coco râpé à MadameEl Hadja puis 20 bouteilles d’acajou à la boutique de votre belle-sœur. Je voudrais aussi vous rappeler que votre rencontre avec l’équipe de préparation du Atchonmonest prévue pour tout à l’heure à 10heures. A 10heures vous dites ? Hein Mr Akɔwé ? 10heures du matin ou du soir ? Du matin Mr le directeur, lâcha prestement Akɔwé qui faisait déjà semblant d’opérer une vérification avec la souris sur l’ordinateur bureau, véritable moulin rescapé de la Deuxième Guerre Mondiale. La machine s’éteignit sans crier avertissement. Désemparé, il reprit en jetant un regard benoît à son patron : 10heures du matin Mr le Directeur. 10heures du matin et vous, en tant que secrétaire, vous vous permettez d’accuser d’un retard…
250 (4/5) Fabroni Bill YOCLOUNON
Ces indignations rejoignirent le cœur du jeune homme qui se souvint aussi qu’il devait voir le véhicule de son patron arriver et non le voir garé. Sinon son mince salaire serait ébréché comme un pain décoré par le museau d’une souris. Il plongea son regard dans la circulation entre-temps arrêtée pour ne plus y penser. Les véhicules évoluaient à tâtons. L’atmosphère devenait ambiante. Les fumées disparaissaient dans les narines des passagers. Les bruits des moteurs s’imposaient aux tympans. Les aisselles dessinaient un cercle sudoripare sur les chemises et camisoles. Des parfums virils et de moindre gabarit s’en exhalaient. Les nez étaient pincés et des quintes de toux libérées. Le front d’Akɔwé éjectait des gouttelettes. Une chaleur s’empara de tout le bus. Le chauffeur descendit le col de sa chemise laissant nettement voir son cou et ses épaules. Tout le monde s’éventait. Les mains s’agitaient : tout pour avoir un filet d’air.…
250 (3/5) Fabroni Bill YOCLOUNON
L’apprenti cherchait à insister pour qu’elle lui augmente quelques centimes. Eh belle-mère ! Toi aussi ! S’il te plaît, ton gendre ne doit-il pas manger ? Cessons palabres là et augmente 50 francs. Il n’attendit pas la réplique, s’étant déjà précipité de grimper avec singerie le bus. Il se retrouva en haut et demanda à la dame de lui porter vers son bagage. Celle-ci éleva le panier et le lui remit : Je crois avoir été assez claire avec toi hein. Je débourse 100 francs et pas plus pour ce panier qui ne pèse même pas. Alors qu’ils concluaient leur deal, les autres passagers s’indignaient depuis de la lenteur du racoleur. Son patron en profitait pour faire la cour à d’autres potentiels clients de l’autre côté de la voie. Belle-mère, tu es vraiment dure et tu serres beaucoup ta main ! Entre quand même. Après tout, j’aurai ta fille en mariage, lui servit-il d’une hilarité…
250 (2/5) Fabroni Bill YOCLOUNON
Akɔwé était bien habitué de ce refrain qui ne le gêna guère et ne fit qu’accroître sa joie. Ayant entendu le refrain, il se mit à balancer son bras droit vers la direction du bus qui n’était qu’à mille décimètres de lui. Ce geste stoppeur ou alerteur n’échappa guère au racoleur qui ne cessait de chanter à son patron chauffeur : Arrêt, arrêt… Sans se soucier de mettre le clignotant, ce patron chauffeur ralentit sèchement dans un crissement des ferrailles rouillées et serra le côté droit sur l’indignation des conducteurs de moto qui, étant derrière le bus et étant surpris par ce brusque ralentissement lâchaient le guidon droit de leur moto, et assénaient des coups à la carrosserie en honorant le chauffeur des injures inspirées : « Le cul de ta maman » « Le rectum de ton papa » « Espèce de chauffard, où as-tu appris à rouler ? » « Qui t’a donné ton permis ? Je devrais te…