Rodrigue NDONG est un écrivain assez prolifique aussi bien sur la diversité des thèmes abordés que sur l’aspect esthétique. Ceci peut se vérifier à travers l’odyssée de Louis-Marie Ozanam d’Akok, un roman qui tient sur 244 pages, édité par Edilivre en 2020, des pages inexorablement riches en péripétie. Le récit de ce livre se lit facilement et l’intrigue est accrocheuse au fil de la lecture. Mais qui est Louis-Marie Ozanam d’Akok ?
Cette perpétuelle question qui parsème le roman, est désormais l’affaire de celui qui se lance à la recherche de ce parfait individu.
Charles Abi Mvè est un jeune diplômé à la quête d’un travail susceptible de le sortir du gouffre amer. Lui qui est issu d’une modeste famille dont mère et sœur sont des résidus de la société atterrit à la CNFG dans l’espoir d’avoir du boulot. Malheureusement son diplôme ne semblera pas être d’une grande utilité car cette dernière rechercherait un chauffeur de grumier. Ainsi pour ses connaissances en botanique, il sera recommandé par le responsable de ladite société à condition qu’il vienne à retrouver un certain Louis-Marie Ozanam d’Akok. Le blanc lui promettra un contrat de travail dans l’entreprise et lui remit une somme de 100.000 F CFA pour cette mission. Au sortie de là, Abi Mvè se lança dans une véritable course à la montre afin de retrouver cet inconnu dont il ne connaissait que le village et le nom sans jamais l’avoir rencontré.
Ce roman aux multiples rebondissements nous embarque dans le journal intime du fils d’Akok. En passant par Sotega à Gangui et à Akok, le narrateur central exhume la vie de celui qui semble détenir son destin entre ses mains. L’enfance de Louis-Marie Ozanam d’Akok est mise à nue y compris sa personnalité. Ce passager mystérieux qu’Abi Mvè avait décidé d’embarquer dans son train de vie demeure une véritable énigme, une équation à plusieurs inconnues ; donc une vraie obsession pour lui. Car un mystère tant dans sa personnalité que ses fréquentations. Il y découvre un personnage assez effacé, taciturne, rien qu’ à l’évocation de son nom, on y prend peur.
On s’embarque avec Abi Mvè dans cette quête sans hésiter. On veut aussi connaitre et rencontrer Louis-Marie mais avant il va falloir faire un grand détour quand bien même nous ne sommes pas certains d’obtenir l’objet tant convoité. Cette enquête mène le narrateur comme le lecteur à la découverte de certains secrets que détient Ozanam et connaitre son cercle familial.
Ce roman est en quelque sorte un voyage vers l’inconnu avec un personnage intriguant et attrayant. Le mystère semble se dissiper au fur et à mesure mais un nouvel obstacle se présente. On y découvre un personnage passionné d’art à qui la vie n’a pas fait des cadeaux car pour ses nobles combats il en a payé le prix fort. Sans voyeurisme ni complaisance, ce livre dresse un portrait vivant du trafic illicite des sociétés de bois mais aussi les conséquences inévitables de ce travail clandestin. On découvre, le quotidien de ce monde où « Le bois est dangereux ».
Louis-Marie Ozanam d’Akok est une histoire qui ne laissera pas le lecteur indifférent. On est vite plongée dans l’énigme de ce personnage fort, indépendant et libre de ses choix. L’enquête nous tient en haleine tout au long et les histoires qui s’y mêlent sont tellement bien présentées et bien narrées. De l’aventure et la découverte tel est le programme du séjour que vous réserve Rodrigue NDONG dans ce roman. Dans une écriture, je dirai incantatoire et mémorielle, l’auteur donne la parole à ses différents personnages qui ont de loin ou de prêt côtoyé Louis-Marie Ozanam d’Akok. La vie intime de ce personnage est un témoignage qui bouscule nos idées préconçues de quelque manière que ce soit et nous incite à nous interroger, à regarder le monde différemment.
Une énième lecture de ce roman possible car c’est un coup de cœur pour cette histoire et coup de cœur aussi pour le livre en lui-même. La couverture est sublime. Elle m’a hantée sans l’avoir touchée et quand j’ai eu ce roman en main, c’était une aubaine pour moi !
L’orchidée Moulengui
L’orchidée
Félicitation grand dame