« INSOMNIE BELLE » DE CHEIKH DIOP : UNE POÉSIE DE L’IDENTITÉ ET DU RÉEL …
Introduction Souvent, c’est dans le cœur de la nuit, à l’heure de la plénitude de la quiétude que Morphée quitte brutalement l’âme de cet homme, le laissant faire face au réel, à sa réalité et à tout ce qui le plonge pleinement dans les forêts de souvenirs, les fleuves de gratitude, l’univers des rêves et le monde de la sédition. Ah ! cet homme, un poète dans l’obscurité avec comme seule richesse, une plume et rien qu’une plume. Mais une plume,c’est tout ce dont un poète a besoin la nuit, dans la brume, dans la solitudepour rêverdu retour de Morphée. Cheikh Diop l’a très bien compris. Ainsi, dans « Insomnie Rebelle » ,debout et les yeux grandement ouverts, le poète rêve de tout absolument à la brune, à la fraiche, à travers des poèmes. Cependant, chaque poème porte l’âme et l’espoir et la vie d’un humain et chaque humain, chaque vie est comme…
« Leurres et lueurs » de Birago DIOP : Le point calme d’une Négritude exclamatoire.
Trempée dans l’encre de la beauté du souffle traditionnel nègre et de l’essence des règles de la versification et des formes poétiques françaises, la plume de Birago Diop dans son seul et unique recueil de poèmes se démarque hautement de celle de tous ceux qui taquinaient la muse à son époque. Très en avance sur les poètes nègres en général et sur ceux de la Négritude en particulier, parlant bien sûr d’engagement ou de dimension esthétique, son recueil « Leurres et Lueurs », édité par Présence africaine, demeure incontestablement, en dépit des critiques de Césaire, Damas et Senghor, un recueil hybride dont la philosophie du métissage culturel chère au poète président, lui sert de tremplin. D’ailleurs, Jean Paul Sartre dira de l’auteur qu’il définit comme « le centre calme du maelstrom » dans la préface de l’anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache » que « sa plume épouse le merveilleux et caresse de façon…
« Léopolis » de Sylvain Bemba : l’épitaphe de Lumumba
« Cinquante ans de musique au Congo-Zaïre ». C’est par ce livre que le nom de Sylvain Bemba s’est incrusté dans mon esprit. Le volume de couleur sombre, sur lequel apparaissait le visage de Tabu Ley, trônait à un endroit de la bibliothèque dont je me souviens comme si c’était hier. Je l’aurais lu à coup sûr si l’ouragan des passions n’était passé par là. Ma fièvre pour la rumba congolaise, que je nomme musique du fleuve, m’y aurait enjoint. Le nom par lequel cet homme pudique dissimulé par une armée de pseudonymes s’était déjà imposé en Afrique et ailleurs au temps des bizarreries d’un gamin qui contemplait les livres. Il jouissait encore d’une renommée considérable en cette heureuse après-midi où je fus frappé par son arrivée chez nous. C’était, je l’ignorais, mon unique rencontre avec l’immense artiste. J’avais quatorze ans. Le nimbe de son prestige, sa moustache patricienne, sa calvitie consulaire,…
« Nuit d’errance », Alex La Guma
Alex La Guma, Nuit d’errance : un modèle de conciliation de l’art pour l’art et de l’art engagé. Dépositaires de nos gouts et aversions, les souvenirs sont l’appui de l’esprit quand l’enveloppe une nuit épaisse. Les phares de l’avenir éteints, pour un temps on se replie dans la remembrance des plaisirs évanouis. Nombreux doivent leur survie à l’horreur à la mémorisation de vers ou de récits. Je ne possède malheureusement pas cette faculté, je suis plutôt hommes d’images. Celles-là se gravent sur mon esprit comme de la cire sur du papier. Mon adolescence expirait lorsque l’ouragan de la guerre emporta tout ce qui du point de vue l’esprit m’avait tenu compagnie : les livres, les disques, les tableaux. L’après-guerre me trouva loin de chez moi, privé de la chaleur d’un foyer, des êtres et objets qui me rassuraient et enhardissaient mon pas dans la ville où je vis le jour. Bien…
« La rue » de Ann Petry : le combat acharné d’une mère célibataire de Harlem.
Quelle gageure que la postérité! Des considérations imprécises y assurent les places, parfois étrangères au génie. Aléas de l’histoire, injustice du public, modification des goûts, on ne sait trop. Des peintres parmi les plus importants de l’âge d’or de la peinture italienne ou hollandaise, par exemple, n’ont été exhumés que par la passion de critiques audacieux. Ainsi le Caravage. Au retentissement de son œuvre au début du XVIIe siècle succéda une longue période d’oubli. La pleine reconnaissance de son génie dut attendre le début du XXe siècle. Des phénomènes analogues sont légion en littérature. Passé leur mort physique, l’œuvre d’écrivains révérés en leur temps a été ensevelie. Les plus chanceux,maintenus par une poignée de connaisseurs ou de séides, se sont arrêtés à ce que l’on nomme le purgatoire. Ann Petry l’auteure de La rue s’extirpe peu à peu d’un tel effacement. Contemporaine de celle de Richard Wright, Chester Himes, Ralph…
« Un dieu et des mœurs » ou l’insurrection d’un humaniste indigné
On ne présente plus Elgas, son récit Un Dieu et des mœurs non plus. Publié en 2015 chez Présence Africaine, l’inconnu de naguère fit une entrée remarquable dans les lettres africaines francophones. Brossé d’un trait rapide, il se figure sous la charpente longiligne du sahélien, le visage éclairé par une ironie souriante matinée de gravité seigneuriale. Traits hérités tout d’abord de son patrimoine génétique, puis burinés par les environnements qui ont modelé sa glaise. Il nous vient du Sénégal, de la verte Casamance, de Ziguinchor… Résidant en France depuis une quinzaine d’années, le journaliste et sociologue a le nez en permanence dans les bouquins, les sens picotés par le chant des mots. Son désir de sens et de beauté s’étanche dans la panoplie complète de l’écrit. Poétique, argumentatif et narratif sont bus au goulot. Présentation sommaire diront les sainte-beuviens, enclins aux analyses biographiques des œuvres, mais, outre la maigreur de…
Châtiments névrotiques de Dominik Fopoussi : écrire comme on vit et décrire comme on rêve!
Châtiments névrotiques de Dominik Fopoussi : écrire comme on vit et décrire comme on rêve! Les mots sont agencés de telle façon que jamais l’écriture ne verse dans le pompeux ou un éventuel pédantisme. C’est le récit de la lourde fatalité-sa condamnation à mort et son exécution publique-qui s’attache au personnage central: Dégé. Ladite fatalité dicte son comportement, ses gestes, mais elle ne parvient à diluer ni sa grandeur ni son charisme. Et partant, sa toute – puissance: de la race des intouchables dans son pays, il ne sera jamais exécuté. Ce roman tient fortement du roman psychologique et sociologique à la fois, moins du roman d’intrigues et du roman de moeurs auxquels il pourrait être confondu. Et ce, parce que l’intrigue, telle que menée par l’agent écrivant Fopoussi, c’est – à – dire comme une chronique dense (légèrement proche de ce que fit Prosper Merimé dans sa nouvelle Tamango, et…
Azo Dieng : « Semailles » ou la parabole des mots
D’un cœur généreux, Assane Dieng m’a permis d’être parmi les premiers lecteurs de son deuxième recueil de poèmes baptisé Semailles alors qu’il n’était, à l’époque, qu’un tapuscrit cherchant à être édité. Je me le rappelle encore, lorsque je reçu son mail, je me précipitai pour le lire. Tout l’après-midi d’un automne présageant le grand froid de l’hiver me donna une raison de lire, lire Azo Dieng, moi qui n’avais pas eu la grâce de savourer les Premières pluies. Semailles, du point de vue du titre est une suite logique du premier recueil. Que le lecteur ne soit point dupe, les deux œuvres peuvent se lire de manière séparée. Il y a, me semble-t-il, chez Azo, une volonté de rester fidèle au langage et de mettre sa poésie sur les sentiers de la métaphore : métaphore qui emprunte les différentes étapes que connait l’agriculteur : les pluies, les semailles enfin la…
NOIRE N’EST PAS MON MÉTIER ! »
NOIRE N’EST PAS MON METIER La célèbre Aïssa Maïga se joint à quinze autres actrices pour dénoncer à travers des témoignages les déboires qu’elles ont vécu en exerçant dans le 7e art. Des frasques aussi bouleversantes les unes que les autres. En effet, ces différents échanges qui plongent le lecteur dans un profond ressenti anti-raciste, n’est rien d’autre qu’un partage de souvenirs qui aboutiront à l’élaboration de solutions probantes. Solutions qui sortiront les femmes actrices de peau noire de la discrimination professionnelle dont elles sont victimes au quotidien. Chaque anecdote racontée est unique. Cependant, le message demeure le même : NOIRE N’EST PAS MON MÉTIER Chacune de ces femmes, dans sa diversité, raconte son parcours de « femme- actrice noire ». Les expériences vécues ne se ressemblent pas. Mais traduisent une réalité choquante : le racisme est bien présent dans le milieu du cinéma. –En France, le cinéma et la société font…
« Ah! Les femmes… » Isaïe Biton Koulibaly
Introduction Que serait ce monde sans la femme ? Les hommes par ici pensent que les femmes sont ci, et les femmes, que les hommes sont ça. Loin d’accuser tel ou tel camp, Isaïe Biton Koulibaly, à travers ce recueil de 14 nouvelles nous plonge dans le monde des femmes et les différentes facettes qu’elles peuvent avoir… De l’auteur Isaïe Biton Koulibaly est un auteur ivoirien adulé par le grand public, notamment féminin. Auteur de nombreux ouvrages à succès, il est le directeur général de Koralivre, Correspondant du magazine féminin international « Amina Magazine», il a une chronique hebdomadaire dans Go Magazine intitulée « Savoir aimer ». Il est marié et père de trois enfants. Des nouvelles du livre 1- Le divorce selon le coran Etude des thèmes Ingratitude : Il s’agit de la femme du docteur Maïga qui n’a pas su se montrer reconnaissante en restant fidèle à son mari, qui l’a secourue dans ses…