« UNE RENTRÉE SCOLAIRE » (1/3), Ascension BOGNIAHO
J’ai commencé l’école cette année. Il parait que je suis déjà assez grande pour fréquenter. Mes parents en avaient conçu le projet entre eux. Il y a du reste des écoles à proximité de notre maison, je n’aurai pas à marcher longtemps pour me rendre dans l’une d’elles. Et sans m’avoir informée, ma mère m’a inscrite dans l’un de ces établissements pour suivre le cours maternel deuxième année. Elle en annonça la nouvelle à son mari, un midi que nous étions tous à table, sachant que je l’apprendrais par la même occasion. Il est vrai, j’enviais discrètement des gamins de mon âge, et même des plus âgés, que j’apercevais du balcon de notre maison, leur sac dans le dos, battant le trottoir de leurs chaussures en différents états, vers un lieu que je ne parvenais pas à me représenter. Ils passaient matin et soir, accompagnés de quelqu’un ou seuls, selon…
« Condamnés » (5/5), Kodjo AGBÉMÉLÉ
Chapitre V. Et sur le papier de l’homme écho ou l’homme miroir, le médecin put lire : la femme de ménage. L’univers de KODJO semblait s’illuminer. Et cette fois-ci encore, les soleils étaient présents. Trente-six soleils. La femme de ménage ? répéta l’homme à la chemise grise. Donc c’est elle qui est à lorigine du décès des patients du lit 4 et de la salle 2 ? « Oui, acquiesça le vieil homme ». Et au Dr KODJO de poursuivre : « est-elle une sorcière et était-elle en complicité avec la HAST ? ». L’homme au vélo bleu soupira : Tu découvriras le reste, toi-même. Oui, tu verras de tes propres yeux. Appelle-moi inspecteur Alain COLOMBO. Je suis parent du deuxième patient décédé dans ce lit. – Euuh, c’est le patiennnnnt Euh DAHONOU Marcel ? – Tout à fait. Je suis son oncle. – Je suis désolé, monsieur. Nous avions fait de notre mieux. Et le vieil enquêteur des séries policières…
« Condamnés » (4/5) Kodjo AGBEMELE
Chapitre IV Hôpital régional de Lomé/Togo. Service de réanimation et des soins intensifs. 17 h 30. Le vent du noroît soufflait tiède. La boule lumineuse disparaissait quasiment. Quelques rayons jaloux des hommes les épiaient du côté de la présidence de la République. En face, là où la nuit sortait de la terre, se dévoilait tel un nid d’oiseau, le stade de Kégué. Stade rénové. Stadium remaked by chineses. Vive la coopération ! KODJO se leva de son fauteuil et épia la baie vitrée. Que cherchait-il ? Il marqua les pas comme à son habitude. Comme encore aujourd’hui avant l’arrivée de l’assistante très particulière. Il remit ses lunettes et plaça sa main droite en visière en sondant le lointain. Un pas après l’autre. A sa gauche, le climatiseur Xnon, Made in China, et à sa droite, la grande arène des éperviers où planait royalement l’esprit d’un certain Emmanuel Adébayor Shéyi, s’étalait également. Le…
« Condamnés » (3/5) Kodjo AGBEMELE
Chapitre III Le maître de céans s’étira longuement devant la baie et continua par marcher. Un pas après l’autre. Parfois son bureau lui paraissait si grand. Toujours un pas après l’autre dans le silence des lieux. Il méditait tout ce qui arrivait leur arrivait, son personnel et lui. Il réfléchissait au mystère du lit 4 et de la salle 2. Fussions-nous dans un film, aisément cela pourrait se comprendre. Il repassa les pistes déjà explorées : la permutation de lits qui ne donna aucun résultat. La brillante sortie des sorciers qui se solda elle aussi par un échec. La piste de la malédiction avait permis de voir défiler dans nos locaux de grandes et immenses autorités religieuses. Le résultat fut aussi un insuccès. Ce qui me restait à explorer est donc une erreur humaine. Comment aborder cet aspect de la chose ? Qu’est-ce que l’équipe avait-elle manqué de faire depuis le début ?…
« Condamnés » (2/5) Kodjo AGBEMELE
Chapitre II Dr KODJO prit alors place afin de repenser son approche sur ce mystère qui le rongeait lui et son personnel. Il alluma le poste radio qui trônait là sur son bureau. La fin du journal sur RFI. Juan Gomez annonçait la rediffusion de l’Appel sur l’actualité. Il tourna le bouton et sur Zéphir Fm, une chaîne locale, passait « Le locataire » de ALOGNON Dégbévi. « Un locataire ne s’énerve pas. Dans ce cas, où ira-t-il ? » questionna l’artiste. Plus de temps à la philosophie. Le médecin formé à Kara changea encore de chaîne et sur Taxi Fm, Alain MOUAKA annonçait l’énigme du jour : Un œuf d’autruche permet de faire une omelette correspondant à 24 œufs de poules. Avec 6 œufs de poule, on fait une omelette pour 5 personnes. Combien faut-il d’œufs d’autruche pour que 60 personnes mangent de l’omelette ? (On n’utilise que des œufs d’autruche). La ligne sera ouverte…
« Condamnés », (1/5) Kodjo AGBEMELE
Condamnés Chapitre I Hôpital régional de Lomé/Togo. Service de réanimation et des soins intensifs. Le directeur, le Dr KODJO, relit pour la énième fois le rapport que venait de lui soumettre son assistant. Il cherchait dans sa tête de médecin ce qui, du domaine scientifique et du raisonnable, expliquerait la situation qui se présentait dans son centre de santé. Il n’avait pas commencé à Lomé. Durant sa formation à Kara et sa spécialisation à Bordeaux, à New-York et à Moscou, il n’avait jamais rencontré ce problème. Le médecin surqualifié et spécialiste de la Covid-19 au Togo se leva et nettoya les lunules de ses lunettes à la Harry Potter. Marqua quelques pas et se plaça devant ce qui semblait un bow-window. Le centre était calme et l’interdiction de visite en ce moment de la journée dévoilait son caractère exquis. Le soleil était haut dans le ciel. Un léger vent…
« Demain n’est pas un nouveau jour 2 », Léa de SOUZA OVIDIO
… C’est ainsi qu’il me demanda de l’aider à investir si je l’aimais vraiment comme je le prétendais. Il me suffisait de l’accompagner chez son oncle radin pour lui soutirer de l’argent pour des documents en fac. Il n’hésitera pas s’il nous voyait ensemble et pour lui prouver mon amour et mon courage, comme mission, j’entrerais dans la turne de la femme de son oncle et m’emparer de tous ces bijoux de valeur. 2è partie: Ce que je fis sur le coup sans remord mais avec amour. Ne sois pas étonné de constater des principes de bases malgré l’éducation reçue de nos parents, brisés par ta chère soeur par amour. L’amour m’a donné des ailes et j’ai volé sans complaisance. Les semaines qui ont suivi, mon tendre amant n’avait plus de temps pour moi, il devrait se consacrer à son nouveau job à longueur de journée et cela avec mon…
« Demain n’est pas un nouveau jour « , Léa de SOUZA OVIDIO
– Allô – Allô. Bonjour. Comment vas-tu ? – Je me porte bien. Et toi ? – Bien également. J’ai à te dire et je pourrai attendre jusqu’à nos retrouvailles. Mais il y a un moment que je patiente. La patience, tu sais, n’est pas mon fort. J’ai donc entamé de t’écrire une lettre mais elle risquait d’être plus longue que celle de Mariama Bâ, que tu n’as jamais pu terminer. J’ai ensuite pensé t’écrire en vers sur les feuilles vertes, ces feuilles de papier avec lesquelles nous nous amusons souvent à décorer nos chambres, celles qui nous servent de feuille de brouillon en composition sur lesquelles les lettres d’amour pour toi non plus de secret. Pourtant je n’ai pas pu aller loin dans mes vers car je n’écris qu’en prose. J’ai décidé alors de t’écrire un article, là encore je n’arrivais pas aux bouts de mes idées. J’ai donc…
« En plein midi ! » (2/2) Kpossi Codjo Paterne HOUNKPE
La vielle cloche résonne à nouveau dans Gbagouley : dernier Angélus marquant la fin de la journée. Nanví, toute haletante et en sueur, venait de se rendre compte au beau milieu du marché qu’elle venait d’en faire plus de dix fois le tour. A qui n’avait-elle pas demandé d’après son enfant ? Où ne l’avait-elle pas cherché ? Combien de fois ne s’est-elle pas précipitée à la maison ? Sous quel étalage n’avait-elle pas soupçonné qu’il se serait endormi ? et qui n’avait-elle pas supplié de s’associer à sa recherche ? le marché déjà en désert se métamorphosait. Les commerçants venus de loin rentraient chez eux, qui par la gare routière déjà presque vide de taxis, qui par taxi-moto. Tous ceux que Nanví connaissait dans ce marché, tous ceux qu’elle avait abordés lui avaient dit quand et où ils avaient vu le petit Koudjí. Tous ? Sauf le gérant des farces et attrapes, un jeune étranger venu…
« En plein midi ! » (1/2), Kpossi Codjo Paterne HOUNKPE
Il sonnait midi. La vielle cloche de l’église Catholique du village venait d’être tintée pour l’Angélus par le vieux carillonneur, un bout d’homme septuagénaire aux cheveux grisonnant, rompu à sa tâche quotidienne. Dans la rue, on pouvait remarquer les chrétiens se signer au tintamarre du métal poli. Pour d’autres, c’était la simple sonnerie, mieux le repère temporel, qui d’habitude rappelait l’heure aux habitants de Gbagouley : l’aube, le midi et la brune. Cependant, ceci était loin de les empêcher de se signer machinalement pour accompagner les chrétiens, qu’ils fussent non catholiques ou animistes. Au loin, l’on pouvait ouïr le bourdonnement que produisait le brouhaha du marché, orchestré par marchands et marchandeurs. Alors que les vendeurs itinérants faisaient la ronde, proposant à la criée leurs produits, d’autres inamovibles derrières leurs étalages s’époumonaient à héler les clients passant dans les allées qui sillonnaient et sectionnaient ce lieu public en des hangars disproportionnés aussi…