« Aucune raison ne saurait justifier la criminalité » Aryl Raphaël FELIHO
« A l’image de la Chine de Mao Zedong, l’Etat doit mettre en place un mécanisme d’accompagnement des jeunes porteurs de projets leur permettant de s’installer à leur propre compte », Aryl Raphaël FELIHO BL : Merci d’avoir accepté nous accorder cette interview. Veuillez bien vous présenter à nos chers lecteurs. Qui est Aryl Raphaël FELIHO ? AF : C’est un plaisir pour moi de vous accorder cette interview. Avant d’aborder votre question, j’adresse mes sincères remerciements à la maison d’édition « Savanes du continent » et toutes les personnes qui ont concouru à la parution de l’ouvrage. Aryl Raphaël FELIHO est natif d’Abomey où il fit une bonne partie de son cursus scolaire. Après l’obtention de mon baccalauréat littéraire, je me suis orienté vers une licence en Administration générale et territoriale à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature du Bénin. Les trois années passées dans cette école m’ont forgé et permis de mieux comprendre le fonctionnement de…
« Je partirai… » Serigne FILOR 4/4
Le vieillard aveugle qui entre est le dernier client, il reste une seule place, celle qui se trouve à côté de mon siège. Tout prêt de moi, je tiens sa main pour le guider. – Jeureujeuf ! (Merci, en wolof). Me dit-il. – Je vous en prie mon père. Lui réponds-je. -Je suis incapable de voir mais à t’entendre, je dirais que tu es un jeune assez fort pour dompter la vie. Ajoute-t-il avec un rire moqueur. Ah oui, disons que votre âge dépasse celui de mon père. Réponds-je. C’est comment votre nom ? Me demande-t-il. – C’est Ndiaye, je m’appelle Massamba Ndiaye. – Ah moi c’est Ndéné Diouf. Sinon Massamba, profitez-vous rationnellement de la vie, comme moi ? A cette question, je ne peux m’empêcher de réfléchir objectivement et honnêtement. Jusque-là, ma vision du monde est influencée par mon handicap et mon statut social inférieur. Le vieux m’a obligé à voir…
« Allah n’est pas obligé » Ahmadou Kourouma
Introduction La guerre est l’un des phénomènes les plus marquants et les plus réguliers de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui encore, elle ne manque de faire rage sous certains cieux, de plusieurs manières différentes au vu des causes qui peuvent la faire naître et qui, sont parfois traitées de justes. Cependant, la guerre peut-elle se dire légitime même nourrie par des causes « justes » ? Ahmadou Kourouma, un des plus grands écrivains que l’Afrique ait connu, raconte dans Allah n’est pas obligé, à travers le personnage de Birahima, la guerre et ses réalités sanglantes dans un ton assez comique, tout en s’inspirant de faits réels. Allons à la découverte de ce livre. Bref résumé du livre Birahima est un garçon d’une dizaine ou d’une douzaine d’années, « incorrect comme barbe d’un bouc ». Ayant abandonné les classes en deuxième année du cours élémentaire, il devient un « enfant de la rue ». A la mort de sa…
« Je partirai… » Serigne FILOR 3/4
Réponds-je avec un sourire forcé. – Oh désolé de t’avoir traité de mendiant. Le premier bus part dans moins d’une heure. Attendez un moment. Ajoute-t-il sans me rendre le salut en expulsant sa bouffée d’air. – Ce n’est pas grave. Merci beaucoup ! Il sait qu’il m’a vexé et a tout l’air désolé. Mais je lui tourne le dos sans montrer un signe de tristesse ou de mécontentement. Quoique je sois habitué à être traité de quémandeur, au plus profond de moi, cela m’attriste. Toute ma vie, c’est comme cela que ça s’est passé. Je suis victime d’une stigmatisation, depuis mon enfance. Une stigmatisation qui ne se fonde sur aucune raison concrètement valable. Elle a été créée et entretenue par des gens qui, ayant jugé leur vie plus utile que la mienne, se permettent injustement d’établir des barrages à mon bonheur, à ma joie de vivre. Les riches qui s’enrichissent en…
« Je partirai… » Serigne FILOR 2/4
* * * * … Vers quatre heures, je me suis réveillé et levé brusquement. J’ai fait un cauchemar, comme toujours. Inutile d’essayer de me rendormir, aujourd’hui je dois discrètement partir, comme prévu, pour la quête d’une vie meilleure, sans que mon père le sache. Je dois donc déserter ce lieu le plus tôt possible, sans plus attendre que le soleil se lève, je ne veux pas que l’on me voit. Je sais que mon père sera inquiet si, à son réveil, il ne me voit pas. Mais je suis sûr qu’il se remettra de mon absence, comme il s’est remis du décès de ma mère,… enfin je crois. Je me suis donc lavé et j’ai fait mes ablutions pour anticiper la prière de l’aube. Après celle-ci, j’ai emporté un modeste sac à l’intérieur duquel j’ai mis quelques affaires nécessaires pour le voyage et pour le séjour dans la Cité…
« Je partirai… » Serigne FILOR 1/4
Je n’arrive ni à manger, ni à dormir, ni à empêcher mes mains de trembler. Dès que le soleil se lèvera, je quitterai cet endroit. Je quitterai ce lieu qui a vu ma vie carrément assujettie à la peine et à la souffrance. D’ailleurs ma vie, est-ce une vie ? Une vie où le bonheur ne se définit que par une brève euphorie « mondaine », qui m’aiderait tout simplement à oublier, quelquefois, ma condition d’homme souffrant et malheureux, en est-elle une ? Existe-t-il encore, dans ce monde de quelque part, une vie digne pour un pauvre handicapé ou, dirais-je, pour un handicapé pauvre ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est que ma vie ici est compliquée. L’envie d’y mettre fin traverse ma tête intermittemment. Mais je me console de temps à autre avec l’idée telle que les morts désirent encore revivre, même ceux qui ont vécu des millénaires. Les consolations ne suffisent point.…
FRANGILO GONÇALVES (FG) : « Le poète n’est pas pressé «
La littérature béninoise fait peau neuve avec l’entrée en scène de jeunes auteurs dont Frangilo GONÇALVES que nous recevons pour vous cette semaine. Dans la présente interview, il nous parlera de lui-même, de son parcours et aussi de ses rêves: » Le poète n’est pas pressé car le plus important pour lui est de donner le plus de pouvoir à ses mots. « BL : Bonjour monsieur Frangilo. Nous sommes heureux de vous recevoir sur notre blog. Veuillez vous présenter, s’il vous plaît. FG : Bonjour à tous les lecteurs du blog biscottes littéraires. Je voudrais tout d’abord vous remercier pour l’honneur que vous me faites en m’invitant sur ce prestigieux blog. Je réponds à l’état civil au nom de Frangilo Justino GONÇALVES. BL : Vous n’avez que 22 ans et vous êtes non seulement doctorant en médecine mais aussi auteur d’un recueil de poèmes. Quelle lecture faites-vous vous-même de votre parcours? FG :…
Black Bazar d’Alain Mabanckou : « quand la flamme des origines reste vive malgré la neige et l’hiver! »
« C’était l’époque où il fallait aider les Angolais qui luttaient contre leur rebelle Jonas Savimbi et ses hommes tapis dans le maquis. Notre gouvernement envoyait alors en masse les jeunes gens à Luanda […] Si nous autres de la plèbe on s’empressait d’aller en Angola c’était juste dans l’espoir de nous barrer en Europe depuis ce pays voisin, véritable niche de passeurs qui travaillaient main dans la main avec leurs complices des compagnies aériennes […] Je suis d’abord arrivé au Portugal avant d’échouer en Belgique, puis en France avec les papiers d’un compatriote mort depuis longtemps et dont les frères avaient vendu la carte de résident aux passeurs angolais. Je porte le nom et prénom de ce disparu,et on comprend que je n’aie pas dévoilé jusqu’à présent mon vrai nom, encore moins à quelle rue précise se situe mon petit studio du XVIIIe. » (pp. 193-194) Alain Mabanckou, « Black Bazar » (Seuil,…