AMOUR GLACÉ, Bill Fabroni YOCLOUNON (1/5)
Chérie, c’est bientôt la Saint-Valentin. Et tu sais que quand Saint-Valentin approche, mon cœur bat comme le moulin à maïs. Je sais que tu n’ignores pas que mon amour pour toi est toujours chaud. Rassurant. Je viens récapituler ici ce que le Verbe a fait, ou n’a pas pu faire, malgré le grand secours de notre grand ami Internet. Je t’envoie ce courriel qui, sans aile, court vers toi comme mon amour vers ton cœur que tu as du mal à ouvrir pour sentir comment mon cœur bat pour toi. Tu y verras nos mails, messages via les autres médias. 1- Email Chérie, je t’aime mais tu ne le sais du tout pas. L’amour que j’ai pour toi t’a rendue aveugle au lieu de me rendre moi aveugle. Je ne sais pas comment c’est arrivé mais tu ne vois plus mon amour pour toi. C’est bien…
S’y pique qui s’y frotte (5/5)
Après ses cours et après mes analyses, personne ne venait la chercher à l’école. Le dernier vendredi soir semblait l’idéale occasion pour attaquer. Je la pris par les bras simulant que j’étais un parent. Je la mis en confiance avec des bonbons. Elle ne riposta pas. Ceux qui me virent avec elle n’émirent aucun soupçon : pour eux, nos sommes de la même famille. Comme une enfant docile, elle me suivit jusqu’au lieu où j’avais préparé l’autel. Dans une petite brousse loin des regards. Et kotoko savoura le sang de l’innocente par mes mains. Les parents de l’enfant ne l’ayant pas vu à la maison allèrent à la police faire une déclaration d’absence de leur fille. Très tôt le lendemain, les recherches furent engagées. De la sentinelle de l’école aux passants, témoins de ma présence dans les parages, des caméras de surveillance, au lieu de crime ou j’abandonnai le cimeterre,…
S’y pique qui s’y frotte (4/5)
Un beau jour, alors que tout allait bien, ma mère piqua une crise cardiaque sans antécédent. À l’hôpital, le docteur qui l’avait ausculté annonça que l’organisme ne souffrait d’aucune anomalie mais que son état était critique. Elle respirait mal, en effet, à peine. Il fallait me voir dans tous mes états. Comment quelqu’un qui allait bien peut subitement tomber malade et sans raison ? – Docteur, faites tout pour qu’elle aille bien. J’ai l’argent. Je suis riche. Je vous paierai le double de mon dû pour consultation, lançai-je au docteur hébété. – L’argent, oui ! Sans l’argent, nous ne la soignerons certainement pas, vous savez. Si vous avez ce qu’il faut, nous la transférerons rapidement en salle d’opération pour mieux analyser la situation. Vous pouvez comptez sur moi, finit le docteur. J’avais dépensé beaucoup d’argent pour les opérations et autres soins de ma mère mais jusque-là, aucune bonne nouvelle. Tout…
S’y pique qui s’y frotte (3/5)
Chez le gourou, on se croirait au paradis. Grande et belle maison. L’extérieur de sa villa était tel qu’on n’oserait jamais imaginer que le mal pouvait gésir dans un tel bien. Le gourou était vêtu de rouge et de noir. Il nous accueillit avec des incantations puis nous salua : – Vous êtes donc ces jeunes gens qui veulent prendre part à la richesse immense de kotoko, le fétiche de la richesse…. Soyez les bienvenus. – Merci, grand maître. Mes amis ont des problèmes financiers. Ils m’ont vu. Et comme vous me l’avez recommandé, j’ai voulu leur apprendre à pêcher au lieu de leur donner tout le temps du poisson, introduisit Junior. Le gourou se mit à rire sans soin et finit en lui disant: Tu as bien fait. Se retournant vers nous autres assis à sa droite à l’opposé de junior, il enchaîna – La richesse, la richesse, la…
S’y pique qui s’y frotte (2/5)
Il faudrait que je m’émancipe financièrement coûte que coûte. Non, il faut plutôt. N’est ce pas le défaut d’argent qui entraîna mon père vers le tréfonds de la terre ? Où était Dieu dans tout ça ? Sûrement sur son trône. Isabelle, ma cousine, qui venait tous les jours à la messe, pourquoi devait-elle brouter les pissenlits par la racine si jeune pour cause de fistules obstétricales? Dieu ne la voyait-il pas à la messe ? Ce prêtre me dira sûrement que c’est le destin, que l’argent n’achète pas la santé, ni la vie. Mais sait-il qu’avec l’argent, on se soigne pour être en bonne santé? N’est ce pas acheter sa santé ça ? Sait-il qu’avec l’argent, une mère délivre plus aisément le bébé ? Car les docteurs s’occupent mieux d’elle. Avec l’argent, on soignerait plus d’un de ces personnes qui croupissent dans les hôpitaux sans sous et meurent de…
S’y pique qui s’y frotte (1/5)
Tout a commencé un mercredi soir. Nous étions en avril. Le crépuscule venait de s’asseoir et la nuit signalait son arrivée sous peu. Les oiseaux effectuaient leurs derniers vols de la journée et les hommes dépités par le travail journalier se convainquirent à rentrer voir les leurs et se reposer. Mais dans l’un des cybercafés de la ville, réunis en groupuscules d’adolescents, nous semblions plus occupés que des hommes d’affaires. Certains jouaient au jeu le plus grave du moment : » la Play station » qui avait son slogan de pari propre à lui « qui perd paie« . D’autres, câblés sur les postes ordinateurs, avaient l’air inquiet de la fermeture du Cyber. Il fallait juste voir Junior suer de toutes les parties du corps pour déduire de la démence qu’inflige internet. – La fermeture sera effective dans 5 minutes. Commencez par sortir, finit malheureusement par marteler de façon tonitruante le secrétaire du Cyber.…
Pour l’amour d’une Camerounaise (5/5)
J’étais ahurie de voir mes professeurs au Conseil prononcer un jugement sans savoir qui était en réalité cette Camerounaise, ni étudier dans quelle mesure l’auditionner pour savoir ce qu’il en était réellement. J’aurais dû aussi comprendre que Monsieur le Surveillant Général ne m’avait jamais pardonné mon refus de « sortir avec lui ». De toute façon je ne regrette pas de l’avoir éconduit en le menaçant de tout raconter à la Proviseure. Peut-être aurais-je dû informer plus tôt la Proviseure du harcèlement sexuellement dont j’ai été victime de la part de cet homme et aussi du Censeur, deux phénomènes rares à qui nombre de mes camarades doivent leur réussite scolaire. Mon sort était scellé. Il était trop jaloux et fier pour ravaler l’humiliation de mon refus d’être « sa poupée des instants sublimes« , comme il me le chantait. Pour avoir été mis au courant de mon idylle avec ma Camerounaise, il laissa déborder…
Pour l’amour d’une Camerounaise (4/5)
Crédit : pixabay.com Je fis un tour rapide dans ma douche. J’y abandonnai mes chaussures et changeai mes vêtements que je jetai à la poubelle après m’être rincé le corps à la sauvette. Je rasai les murs. Les hiboux continuaient de chanter. Je voyais le vigile zébrer l’espace de la lumière de sa torche. La proviseure, épuisée, devait être chez elle, à ruminer sa rage. Je continuai d’avancer, en rasant les murs. Soudain un cri strident s’éleva en-dessous de moi ; je venais de piétiner une musaraigne. Je bondis et atterris sur un morceau de fer qui ouvrit mes blessures. Je ne pouvais crier. Mon cœur faillit s’immobiliser dans ma poitrine, tant vive était ma douleur. J’avais les jambes tétanisées. Je me relevai tout de même, non sans peine. Arrivée près de la porte de notre dortoir, je tendis le cou. Je ne vis aucune présence suspecte. Les chiens n’aboyaient…
Pour l’amour d’une Camerounaise (3/5)
En ces jours critiques d’efforts intellectuels intenses, la Camerounaise se faisait davantage désirer. Une nuit, pendant que tout l’internat dormait, je tournais et retournais dans mon lit, toute tendue vers ma Camerounaise. Plus je pensais à elle, plus vite battait mon cœur, et plus fort d’envie ronronnaient mes tripes. J’enfilai rapidement un collant et un maillot de corps. Je descendis délicatement de mon lit sans défaire ma moustiquaire. Je pris ma lampe torche dans une main, et dans l’autre, j’avais mes tennis. Je sortis en marchant sur la pointe des pieds. J’ouvris directement la porte sans tourner la clef ; étant donné que c’était moi la responsable du dortoir, j’avais pour rôle de veiller à fermer la porte. Cette nuit-là, comme si je savais que je devais aller voir la Camerounaise, j’avais juste rabattu les deux battants. Dès que je tournai la poignée, la porte émit un gémissement qui se perdit…
»Pour l’amour d’une Camerounaise » (2/5)
Quand elle referma la lettre, j’ouvris les yeux. Pour une fois, j’avais réussi à dominer mes sentiments. Je ne versai pas une seule goutte de larme. M’man attendait une réponse. Et pour toute réponse, je soupirai et me levai. Elle avait compris qu’il ne fallait pas insister. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’elle essayait d’aborder l’ »Affaire Camerounaise » avec moi. Entre le goût et la couleur, il ne faut jamais mettre sa bouche. Que voulait-elle savoir de ma « Camerounaise » ? Peut-être qu’elle m’en voudrait moins si elle l’avait vue et contemplée, ma Camerounaise, dans toute la splendeur de sa beauté. Si elle l’avait vue, la connaissant, je suis persuadée qu’elle succomberait tout comme je n’ai pu lui résister. Mais hélas ! M’man n’a jamais vu ma Camerounaise. Elle ne la verra sûrement jamais. Mais moi, en dépit de ce que deviendra le monde, j’irai l’honorer, ma Camerounaise. Elle m’est trop chère,…