Category Archives: Nouvelles par épisode

Le monde change mais on ne vit toujours pas avec son temps. Il y a encore en ce monde des conservateurs et je peux te dire que cela existe encore dans ma famille. On raconte chez moi qu’une de mes tantes avait perdu la vie par la faute de son mari de l’ethnie Adja qui la battait, l’affamait et l’enfermait. C’est au cours d’une bastonnade, qu’elle perdit connaissance et mourut. Depuis lors, ma famille se méfiait des Adja et nous interdisait de mener des relations avec eux. Ma cousine avait trouvé en Codjo l’amour de sa vie et pour rien au monde, elle ne voulait se séparer de son Roméo. Ils se voyaient en cachette. Mon oncle l’ayant appris, après remontrances, menaces et même bastonnades, dut la renier. Il lui coupa les vivres et refusa de solder sa scolarité du semestre 5-6. Se sentant désormais étrangère chez son père qui…

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– Lily, Lily, Lily, lève-tôt, il est 6 h du matin, tu dois te rendre au cours. Oh non, papa ! Qu’as- tu fait ? Je suis assez grande pour me réveiller seule. Je te l’ai dit plusieurs fois. Tu viens de gâcher mon rêve encore une fois ! – Tu m’excuses mais je dois me rendre tôt au service et je ne pourrai pas y aller sans t’avoir conduite à l’école. Tu sautes vite de ton lit pour prendre la douche. Tu retourneras dans ton lit et dans ton rêve, le soir pour continuer le reste. -Papa, tu sais que c’est impossible ! Je n’ai pas dormi de la nuit, j’arrive à rêver et voilà, tu me réveilles ! -Tant pis alors. Lily une fois au collège, passa son temps à penser à sa cousine et tout ce qu’elle a subi. Contrairement à Perside, Lily avait trois ex et…

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En guise d’échauffement et d’entrée triomphale dans le débat qui s’annonçait houleux, je tins à rappeler à la suite du doyen que démocratie, ça venait effectivement de demos-kratein ou pour être plus juste de demokratia, gouvernement par le peuple et qu’il s’agit d’un régime politique où le peuple est entièrement souverain. Cette brève clarification étymologique me valut une tape amicale du doyen et les regards étonnés et impressionnés de Botokoin et consorts. Tanti Akloui, bluffée par ma science me gratifia d’un sourire princier concrétisé par un bol supplémentaire de Akloui en signe d’encouragement de l’excellence. – Demos-kratein, sauf que le peuple ici chez nous n’a jamais rien gouverné, argua le doyen. En lieu et place du peuple souverain, ce sont cinq casiers de vingt-quatre plantons qui se disent nos représentants et qui décident de tout et qui disent voter des lois dont ils disent qu’elles nous arrangent mais qui en…

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12h45. C’était l’heure de notre immanquable rendez-vous chez Tanti Akloui. Elle, c’est comme une deuxième mère pour nous. Il n’y a pas mieux que son « Akloui Zozo » cinq étoiles pour rafraîchir et revigorer après une épuisante matinée de travail. Les vendeuses de « Akloui » comme elle courent pourtant les rues de Silétépé. Mais le Akloui de Tanti Akloui, c’est ce qui se fait de mieux par ici. Sa bouillie avait une telle saveur, un tel parfum ! Je salive rien qu’en y pensant. Qui pouvait rester longtemps à son générique publicitaire ? « Akloui Zogbon-a le oké ! Akloui Zozo ! Akloui super ! Mi va do zo lan mè » Botokoin, Schopenhauer, Socrate et moi-même, Vincenzo, le politologue aux yeux gras, tous les quatre, ça fait des années qu’on boit du Akloui de Tanti  Akloui et on ne s’en lasse pas. Les mauvaises langues colportent des bobards selon lesquels notre Tanti Akloui userait d’une recette mystique pour…

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-La philo I n’a aucune chance de s’en sortir si le nerveux est élu premier responsable. Lui avait-on dit. -Les professeurs se plaignent de lui. Il se prend la grosse tête et ne respecte pas ses camarades. Un lavage de cerveau. Vous savez ce que c’est. Franchement pour moi ce n’était pas gagné d’avance. Les sondages ont révélé que tous mes camarades voteraient pour Ankara si elle se présentait contre moi au poste de premier responsable. C’était la politique du moindre mal. La gentille à la place du nerveux. Où est la loyauté dans cette foutue philo I ? Bof ! J’ai dû me présenter après négociations au poste de second responsable pour avoir une chance d’être élu. La trahison était trop flagrante pour que je passe l’éponge. Je me sentais humilier par mes camarades et par Ankara. Neurone 3/ Philo I, la vengeance est un plat qui ne se…

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Mais il fallait que j’arrache ma liberté. Que je me prouve à moi même de quoi j’étais capable tout seul dans cette haute école de pseudo politiques. Je me suis d’abord vu proposer le poste de premier responsable provisoire de filière. J’avoue que c’était tentant. J’ai accepté avec la conviction de pouvoir mettre mon savoir-faire au service de mes camarades. Je devais partager cette lourde responsabilité avec une amie. La meilleure que j’avais dans le temps. Une amie ! Mais vraiment une amie. Elle était brillante, gracieuse, dynamique et par dessus tout très compétitive. Je savais tout cela d’elle depuis la classe de terminale. C’était pour moi une parfaite allée dans ce combat pour la connaissance qui nous attendait. Cependant, elle et moi n’avions pas les mêmes fréquentations. Nous n’avions pas les mêmes convictions politiques je dirais. Ou tout simplement nous n’avions pas les mêmes aînés. Ses aînés à elle…

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Mes collègues pourraient me lancer la première contradiction s’ils en jugent autrement. Anicette ADOUNKPE ? Altesse MENSANH ? Elsie KOCOU ? Léa De SOUZA ? Ou Junior VINOU ? Tous d’éminents normaliens en quête d’un parchemin qu’ils sont censés avoir au bout de cinq années de formations. D’excellents apprentis philosophes que XY s’efforce de rendre plus vigilants dans ce vaste champ de maïs dont il est l’un des maîtres. Ils sont venus dans cette école chacun pour diverses raisons. Les uns parce qu’ils ont la certitude d’exercer après la formation, dans un pays où le chômage existe belle et bien, les autres harponnés par la bourse. Une bourse qui couvrirait la totalité des cinq années de formation. Surprise, le CAPES demeure une formation de cinq années mais devient un luxe. Les ambitions ne s’égalent pas en ce bas monde et la fin peut parfois justifier le moyen. Je l’ai compris à coup d’expériences. Et je m’en…

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-Gbètô do guélémin gbô dou gbadé, disait XY. Malgré la présence humaine dans le champ de maïs, le mouton réussit à y faire son festin. Quel type d’humain pourrait laisser faire pareille chose ? Cela relève de l’absurdité. Un épouvantail aurait une allure plus dissuasive. Cette expression imagée était la préférée de XY. L’entendement humain ne saurait prêter flanc à pareil dérèglement, fustigeait-il. Encore moins des étudiants-penseurs, amis de la sagesse. Nous sommes à l’école normale supérieure de Porto-Novo. La haute école d’excellence. C’est ici que les futurs enseignants des temps à venir se font former disent-ils, les excellents professeurs d’université du Pays. La plupart viennent de l’autre côté du pont de Porto-Novo. Ce sont les vacataires. Pour ceux qui ne sont jamais venus à Porto-Novo, c’est une ville comme les autres. Rien de céleste. Elle est mise en valeur par le tristement célèbre chantier de l’Assemblée Nationale, une annexe de…

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Dix années plus tard, tu appris, Tovalou, le mariage de Cica avec un homme d’affaires haut perché du pays, pendant que tu t’ennuyais avec celle que les tiens t’ont poussée dans les pattes. Elle était de ton ethnie, de ta race, de ton aire géographique, de ton ère socioculturelle. L’air qui doit souffler dans ta chambre, c’était bien elle, au dire des tiens. Quinze ans plus tard, la pauvre avait toujours les seins aussi sec que les puits du Sahel. Tu avais alors la nostalgie des pleurs de Zoé. Tu dus un matin quitter le toit conjugal pour une destination inconnue. C’était l’exorde de l’exode. Te voilà désormais en quête de ton équilibre intérieur sur les routes de l’incertitude et de la probabilité. Cica non plus ne s’épanouit guère avec son homme d’affaires trop englué dans des histoires de concubines et de scandales moraux. Un soir, alors que son mari…

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– Ton père et ta mère, Tovalou, sont d’ici. Les tiens sont des Terres Voisines, Cica. Entre le Sud et le Nord, les relations, depuis l’avant-veille de la création du monde, se sont tissées avec le fil du mépris et du rejet réciproques. Les deux parties se défient mutuellement. Mais vous vous étiez rencontrés sur les chemins de la vie, sur les chemins du monde, là-bas, au pays où sont convoyés notre bois, notre or, notre ivoire, notre coton, notre cuivre, notre uranium, notre pétrole, notre terre, notre sol, notre tout… notre nous. C’est l’histoire qui est ainsi faite, et le serviteur de la parole se doit de restituer les faits tels qu’ils sont pour que l’âge à venir le sache. Donc dans ce pays où vous étiez envoyés pour approfondir les connaissances qui devaient nous élever, élever notre niveau de vie, la vie de nos campagnes et villes, dans…

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